Ton courtois et policé, comme à son habitude, mais très ferme sur le fond. Stéphane Reboud, directeur général de la division PME/PMI France du géant informatique Dell (située à Montpellier), indique à Objectif Languedoc-Roussillon que son groupe pourrait suspendre sa participation au processus de création d'un cluster numérique régional au cas où les divisions qui l'agitent perdureraient. Réagissant aux informations selon lesquelles certains administrateurs de la filière numérique Novae LR, notamment, s'opposeraient au rythme de ce processus et à la communication engagée depuis quelques semaines, il insiste sur les objectifs qui motivent Dell pour accompagner la démarche,.

"Je me suis engagé avec l'objectif d'apporter une vision et des compétences permettant de positionner ce cluster et de le marketer dans et hors région, ainsi qu'à l'international, souligne Stéphane Reboud. Je comprends le grief selon lequel ce process va vite, et que tout le monde ait du mal à s'y retrouver. Mais l'industrie numérique dans son ensemble va vite, dans un territoire qui lui-même évolue rapidement. On ne peut pas se contenter de dire, dans la perspective de la future région, "Toulouse va nous digérer" et ne pas se donner les moyens d'agir. Il y a un timing qui s'impose à nous. Attention au reality check ! Nous devons, en moins de douze mois, mettre en place les instruments qui nous permettront de générer cette reconnaissance nationale et internationale. C'est un objectif qu'il ne faut pas perdre de vue."

Le dialogue Région/Métropole en question

Appelant les acteurs impliqués dans la création de FrenchSouth.digital à travailler dans "plus de sérénité", Stéphane Reboud dit rejeter toute lecture politique qui serait faite de ce projet. Selon des propos récemment rapportés par La Lettre M, des élus de Montpellier Méditerranée Métropole (3M) accuseraient le Conseil régional, financeur des trois filières rapprochées au sein du cluster, de vouloir allumer un contre-feu médiatique à la French Tech, label métropolitain, voire de le parasiter.

"La French Tech est un mouvement formidable de visibilité, de reconnaissance, et de force sociétale, estime-t-il. L'inconvénient est que ce n'est qu'un label, sans aucune structure pour le faire vivre. Et cela doit rester ainsi. L'intérêt de la French Tech, ce n'est pas d'être encartée ou cloisonnée. Il nous fallait donc un outil en plus, pour passer en mode opérationnel. Il nous fallait une structure pour recueillir les fonds régionaux. Le cluster est fait pour ça."

Et de prévenir :

"Ne soyons pas stupides, nous professionnels du numérique, au point de tomber dans un jeu de marigot politique. C'est une problématique où Dell ne veut pas tremper. Vous m'imaginez en train de justifier auprès d'Austin (siège mondial du groupe Dell, au Texas - NDLR) les luttes politiques entre la Région et la Métropole ? Le cluster a déjà ouvert un dialogue avec Montpellier 3M. Un vrai travail a été fait. J'attends qu'il se poursuive. Dans le cas contraire, Dell pourrait se mettre en marge de ce processus en attendant que ça passe et qu'on trouve les moyens d'en sortir par le haut."

Le cluster sur sa lancée

Dans un communiqué publié le 2 mars et co-signé par Stéphane Reboud avec onze autres acteurs et entrepreneurs membres du Conseil d'administration provisoire, FrenchSouth.digital rappelle sa ligne officielle :

"Convaincus qu'ils seront plus forts collectivement, les membres des bureaux des trois associations historiques de l'économie numérique (PixLR, Novae LR, MCC) se sont rassemblés pour co-construire FrenchSouth.digital. Ce processus, toujours en cours, est en train de se finaliser par l'élargissement du regroupement à d'autres acteurs publics et privés autour de valeurs communes (...) En concertation avec les collectivités locales responsables du développement économique sur le territoire régional, FrenchSouth.digital va concrétiser ses objectifs sur le terrain, avec toutes les entreprises et tous les entrepreneurs qui souhaiteront rejoindre notre dynamique."