SigFox versus LoRa : si le débat n'est pas le bon, selon Yann Guiomar, le CEO de Sensing Labs parle tout de même de la "guerre acharnée" que se livre les deux réseaux sur le marché de l'IoT, pour devenir le standard incontournable.

Mais les deux technologies visent surtout les usages et ceux-ci sont en constante évolution. Alors que la Métropole de Montpellier a choisi LoRa pour opérer son réseau IoT, et que la société ITK annonce aussi préférer LoRa pour son réseau de capteurs santé pour les bovins, Christophe Fourtet (CTO) défend la stratégie de SigFox, récemment sacrée dans la catégorie Innovation du premier Gala des Ambassadeurs d'Occitanie.

SigFox a pour ambition de déployer un réseau mondial. Combien de pays avez-vous en portefeuille pour le moment ?

Christophe Fourtet : Nous sommes à 36 pays et nous espérons 60 à la fin de l'année. Notre démarche n'a de sens que si nous avons une couverture globale, avec la quasi-totalité des territoires. C'est notre ambition. D'ailleurs, nous réfléchissons aussi à des couvertures "offshores", sur les océans par exemple, mais ce sera pour plus tard. 2 000 antennes sont déployées en France, ce n'est pas beaucoup comparé au 20 000 antennes des opérateurs téléphoniques. Ce sont d'ailleurs des micro-stations, affichant un footprint réduit.

Combien d'objets connectés opérez-vous actuellement sur le réseau ?

C. F. : Une dizaine de millions, mais SigFox a pour ambition de travailler avec des milliards d'objets connectés. Le réseau est taillé pour plusieurs dizaines de milliards. Le marché arrive dans sa phase de mise en maturité.

Qui sont vos clients ?

C. F. : Des entreprises, plutôt selon un modèle BtoB ou BtoBtoC. Mais les modèles peuvent évoluer vite. Par exemple, une sonnette wireless (sans fil, NDLR), achetée pour un coût réduit et expédiée de Chine, peut devenir un objet SigFox. Elle peut être récupérée par le réseau.

Quelle est la nature de votre concurrence avec LoRa ?

C. F. : La presse nous présente comme concurrents, mais il faut analyser les réalités. Il y aura différents types d'internet des objets ; les réseaux cellulaires classiques vont s'y mettre (LTM), mais aussi la technologie 3GPP. LoRa est conçue pour faire des réseaux symétriques, c'est une belle technologie pour la liaison de deux objets simples sur de longues distances. SigFox, ce sont des objets extrêmement simples. Leur nombre élevé et leurs défauts sont pris en charge par le réseau intelligent. SigFox est dissymétrique, c'est à dire qu'il y a beaucoup d'intelligence dans le réseau pour compenser la simplicité de l'objet. Donc les réseaux n'ont pas les mêmes propriétés et donc pas les mêmes usages. Nous pouvons opérer des objets "abandonnés", un bouton sonnette peut être reçu et pris en compte sur le cloud. Il n'a pas besoin de wifi ou de 3G, il émet une information radioélectrique, qui est récupérée et interprétée par le réseau SigFox.

Des propriétés utiles pour couvrir des territoires lointains ?

C. F. : Oui, du fait de cette propriété, des territoires isolés, comme les pôles Arctique ou Antarctique, peuvent être couverts. Cette dissymétrie permet une très grande portée et une grande simplicité d'inscription de l'objet dans le réseau. Il ne s'inscrit d'ailleurs pas, il s'exprime et le réseau le capte.

Combien avez-vous de clients ?

C. F. : Cela se chiffre en centaines, beaucoup sont en phase de maturation sur l'IoT. Nous avons des clients installés, qui sont en train d'arriver avec des quantités d'objets. Notre modèle de business est unifié dans le monde entier, les transmissions partent partout. Je teste d'ailleurs le réseau moi-même quand je me déplace, à la sortie d'un avion, j'ai souvent du roaming SigFox plus rapidement que sur mon portable.