StickyADStv à Montpellier : la fin du rêve américain

Rachetée par l’Américain FreeWheel (groupe Comcast) en 2016, la start-up française StickyADStv (publicité vidéo programmatique) fermera, début 2019, son entité R&D à Montpellier. Les salariés dénoncent l’accaparement d’une technologie et d’un portefeuille au mépris des personnels. Une success story à la française qui tourne court.
Cécile Chaigneau
StickyADStv est un spécialiste de la publicité vidéo programmatique en ligne
StickyADStv est un spécialiste de la publicité vidéo programmatique en ligne (Crédits : FreeWheel)

Les 33 salariés de l'entité R&D montpelliéraine de FreeWheel (groupe Comcast), sont en colère : le 4 octobre, Diane Yu, la CTO de FreeWheel s'est déplacée à Montpellier pour leur apprendre qu'ils allaient être licenciés économiques. Le bureau montpelliérain fermera en 2019.

Les salariés dénoncent la situation : une pépite française rachetée par une multinationale qui aspire un savoir-faire avant de rejeter le personnel.

Initialement, ils sont salariés de StickyADStv, une start-up parisienne, créée en 2009 par Hervé Brunet (aujourd'hui chez FreeWheel à New-York) et spécialiste de la publicité vidéo programmatique en ligne, dont l'entité R&D est basée à Montpellier (34). En 2011 et 2013, elle réussit deux levées de fonds, et en 2014, elle s'étend en Europe, puis ouvre des bureaux à Londres, Milan, Hambourg, Madrid et New York.

« On nous disait que les chiffres étaient bons »

La même année, Comcast (groupe de médias américain, géant de l'audiovisuel et de la téléphonie, détenteur entre autres de NBC Universal et DreamWorks Animation) s'empare de FreeWheel (solution de gestion publicitaire sur l'ensemble des écrans et canaux de vente), qui devient sa branche "digital advertising".

C'est en 2016 que StickyADStv est rachetée par FreeWheel, avec pour objectif de conquérir des parts de marché européen.

« Le rachat leur permet de récupérer un portefeuille clients convoité sur le secteur des médias en Europe comme TF1, M6, ProSieben, The Economist ou Le Monde, racontent les porte-parole des salariés, qui préfèrent rester anonymes. L'acquisition permet au groupe Comcast de se positionner sur le segment du programmatique premium. »

Mais deux ans plus tard, le rêve américain tourne court.

« En 2018, on nous disait que les chiffres étaient bons, qu'il n'y aurait plus d'embauches mais des remplacements si besoin, se souviennent les salariés. En réalité, le bureau montpelliérain s'est vidé progressivement et on nous a envoyé des collaborateurs chinois, présentés comme "du renfort", ce qui nous a bien sûr alertés. En parallèle, ils préparaient ce plan ! On nous met devant le fait accompli... »

Bonne santé financière

Les anciens salariés de StickyADStv sont d'autant plus en colère que le géant Comcast et sa filiale FreeWheel affichent une insolente bonne santé financière.

Et que Diane Yu, la CTO de FreeWheel déclarait, le 1er octobre dernier, dans une interview aux Echos avoir racheté StickyADStv « parce que nous avions une faiblesse dans notre offre, sur la monétisation des vidéos sur la durée, nous ne faisions pas de programmatique. [...] Pendant les deux premières années, nous avons laissé une large indépendance à la société, nous avons essayé de comprendre sa culture. Désormais, nous travaillons de manière beaucoup plus étroite, sur des offres communes notamment ».

Trois jours après, le 4 octobre, elle était à Montpellier pour annoncer la mauvaise nouvelle...

Sentiment d'injustice

Contacté par la rédaction, FreeWheel se contente d'une réponse de son service communication par mail : « Un plan de sauvegarde de l'emploi est actuellement à l'étude pour le site de Montpellier, et mené dans le respect de la réglementation. Nous travaillons en étroite concertation avec nos représentants du personnel afin de trouver les solutions permettant de sauver le maximum d'emplois et à encourager le reclassement des salariés impactés. Toutes nos équipes sont mobilisées pour cela. Le groupe poursuit la rationalisation de ses activités ingénierie avec comme objectif constant d'apporter une réponse dédiée et adaptée aux besoins de ses clients ».

« Les équipes chinoises de FreeWheel prendront en charge notre outil dès 2019, les autres bureaux ne sont pas concernés, déclarent aujourd'hui les salariés à Montpellier. Le dossier du plan de licenciement sera déposé en décembre. Quelques propositions de reclassement ont été faites mais on se demande si la direction a vraiment envie de nous reclasser... StickyADStv était une pépite, une success story à la française... C'est du vol de compétences et de savoir-faire ! La situation est injuste. »

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 08/01/2019 à 13:57
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c'est amplement mérité, la branche montpellieraine de Stickyads était le parfait exemple d'incompétence couplée une absence de remise en question bien franchouillarde

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