Divorce Vià-BFM : « Faire semblant de découvrir les chiffres, c’est fallacieux ! » (Ch. Musset)

Le 2 décembre dernier, on apprenait que la chaîne BFM avait unilatéralement cassé l'accord signé avec Vià Groupe et qui devait donner naissance à une société commune pour développer un réseau de chaînes de télévision d'information locale. Un coup de massue pour le P-dg de Vià Groupe, Christophe Musset, qui prend la parole pour La Tribune.
Cécile Chaigneau
Christophe Musset, Pdg de Vià Groupe
Christophe Musset, Pdg de Vià Groupe (Crédits : DR)

La Tribune - BFM (groupe Altice Médias) vient de rompre l'accord qu'elle avait conclu avec Vià Groupe et qui prévoyait de donner naissance à une société commune et de développer un réseau de chaînes de télévision d'information locale. Quel sentiment cela vous inspire-t-il ?

Christophe Musset, P-dg de Vià Groupe - J'ai été abattu à l'annonce de ce désengagement. Aujourd'hui, je suis dans une colère froide et je suis déterminé à ce que le maximum des 119 salariés du groupe Vià aient une solution... Je veux rappeler que nous n'étions plus en négociations, nous avions signé le protocole d'accord le 19 novembre 2019 et obtenu les agréments du CSA le 31 mars 2020. Le protocole était en cours d'exécution avec la création de la structure BFM-Vià Région qui avait été actée au Journal Officiel ! Être en cours d'exécution d'un accord et faire semblant de découvrir les chiffres (BFM aurait fait valoir que la dette de son ex-futur partenaire était deux à trois fois supérieure à ce qu'on lui avait laissé entendre, NDLR), c'est fallacieux ! D'autant qu'il n'y a pas de clause suspensive liée à la condition de la dette dans le protocole. Et même si ça avait été le cas, nous étions audités depuis six mois ! Ou ce sont des mensonges, ou c'est de l'incompétence... Ils auraient voulu condamner la boîte, ils ne s'y seraient pas pris autrement (même s'il se refuse à croire réellement à cette intention, NDLR) ! Nous n'avons eu aucun signal d'alerte ! Quand on veut que ça marche et qu'il y a un problème, on discute. Là, rien. Il y a quelque chose qui ne va pas...

Pourquoi, selon vous, le groupe Altice Médias a-t-il rompu cet accord brutalement ?

Il y a plusieurs théories possibles. Par exemple, revenir en arrière sur leur stratégie locale. Ou alors opter pour une région plus attractive. Un opérateur ne peut pas être opérateur de chaînes de télévisions locales sur une zone couvrant plus de 12 millions d'habitants. Or avec notre accord, ils étaient déjà presque à 12 millions. Ils pourraient choisir une région comme Marseille et Nice.

Envisagez-vous le recours en justice ?

Ma priorité pour le moment, c'est de sauver ce qui peut l'être, à commencer par les emplois, et on mettra le dossier dans les mains des avocats. Nous devons nous recentrer sur les actifs, c'est à dire les chaines de télévisions locales en Occitanie et en Martinique, et mettre en stand-by le développement du réseau national.

Envisagez-vous la mise en redressement judiciaire de Vià Groupe ?

Le redressement judiciaire est une piste. Nous avons contacté un administrateur et nous réfléchissons à la meilleure décision à prendre. Est-ce que tout est sauvable ? Je ne sais pas. Mais une liquidation nous ferait perdre les fréquences. Nous cherchons des partenaires qui croient encore au monde du local.

Risquez-vous de perdre les fréquences ?

Non mais puisque les agréments avaient été donné à Altice au 31 mars, il faut que nous retrouvions notre position juridiquement. Le CSA va maintenant devoir réfléchir pour revenir à une situation nous permettant d'exploiter nos chaînes.

Quelle est aujourd'hui la posture des autres actionnaires ?

Bruno Ledoux et moi sommes alignés (un peu plus de 80 % du capital à eux deux, NDLR), et les autres, qui sont des investisseurs industriels par exemple, ont bien compris, ils nous soutiennent.

Dans quel état d'esprit sont vos équipes ?

Les salariés restent mobilisés, motivés, on fait une vraie équipe. C'est une preuve supplémentaire de résilience.

Cécile Chaigneau

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