Le vélo, petite Reine de la crise ? Cyrpeo veut y croire…

Si l’année 2020 sera difficile pour elle, la société lunelloise Cyrpeo, spécialisée dans l’organisation de séjours à vélo en France et dans la vente et la location de vélos, espère néanmoins surfer sur le nouvel engouement pour le vélo. Car si la crise a eu des effets positifs, c’est bien sur la place de ce mode de déplacement doux, déjà plébiscité avant que le Covid-19 ne vienne tout bouleverser, et qui a encore marqué des points.
Cécile Chaigneau
Cyrpeo organise des séjours découverte à vélo en France et en Europe.
Cyrpeo organise des séjours découverte à vélo en France et en Europe. (Crédits : CYRPEO)

« C'est presque incroyable, ça redémarre sur les chapeaux de roue, s'exclame Thomas Boutin quand on l'interroge sur sa petite entreprise dédiée au vélo. Dès la 1e semaine de mai, on a senti que les gens revenaient en magasins, et aujourd'hui, on connait un afflux trois à quatre fois supérieur à d'habitude ! Si ça continue comme ça, il est possible que fin juin, on ait compensé l'activité perdue durant le confinement. »

L'entrepreneur est à la tête de Cyrpeo, une entreprise dont le siège est à Lunel (34) et qui est entièrement dédiée au vélo. Il compte notamment trois boutiques à Lunel et Montpellier, pour la vente, la réparation et la location de vélo.

Mais ce ne sont pas ses seuls créneaux. Discover France et Cap Vélo sont deux filiales spécialisées dans l'organisation de séjours à vélo en France et en Europe, la première pour une clientèle américaine, la deuxième pour une clientèle européenne (les deux n'ayant pas les mêmes attentes et exigences).

Troisième pilier du groupe Cyrpeo : la location de vélos et l'encadrement de groupe (Cyrpeo Services).

Au total, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires annuel de 5,8 M€ (dont 2,7 M€ pour les magasins, 2,5 M€ pour l'activité agence de voyage, et 700 000 € pour la location-encadrement), et emploie 28 salariés dont 3 aux États-Unis.

Une saison quasi blanche

« Nos magasins pouvaient rester ouverts durant le confinement et c'est ce que nous avons fait, ce qui nous a permis de conserver une faible activité et a facilité la reprise car les équipes étaient prêtes, souligne-t-il. Nous avons bénéficié de la bonne image du vélo durant le confinement comme mode de transport idéal. A ça s'est ajouté la frustration d'avoir été confinés et aujourd'hui de ne pas pouvoir aller loin donc le vélo est idéal. L'autre booster, c'est le coup de pouce de l'État qui prend en charge 50 € pour faire réparer son vélo... Les gens viennent donc faire réparer mais on observe aussi une sorte de frénésie sur l'achat de vélos, avec une forte progression sur le vélo électrique mais pas au détriment du vélo musculaire. »

Pourtant, malgré cet enthousiasme, il sait déjà que l'année 2020 sera une année globalement compliquée du point de vue de ses activités et de la rentabilité de l'entreprise : « Normalement, Discover France et Cap Vélo organise entre 1 500 et 2 000 séjours par an. Depuis le 16 mars, cette activité est à l'arrêt complet. Nous espérons une petite reprise sur Cap Vélo mais on ne rattrapera jamais l'activité perdue, et il est probable que par peur, les gens voyagent différemment de d'habitude... Je pense que nous ferons une saison quasi blanche sur Discover France, environ 10 à 20 % de notre chiffre d'affaires habituel. La saison touristique 2020 sera catastrophique, on espère rebondir en 2021, même si on n'est pas sûr de revoir la clientèle internationale de sitôt... ».

En attendant que l'orage passe, les équipes de Discover France et Cap Vélo vont développer 40 nouveaux séjours en France afin de doubler l'offre, notamment avec des séjours plus courts, et travaillent déjà aussi sur la saison 2021

Cinq à dix travailleurs saisonniers en moins

L'activité de location de vélos et d'encadrement de groupes, elle aussi, a pris du plomb dans l'aile avec le coronavirus, le confinement et l'obligation de distanciation sociale. Thomas Boutin annonce que « ça repart doucement cette semaine avec une clientèle locale et on espère quelques touristes cet été ». Mais la filiale ne devrait pas faire plus de 30 % de son chiffre d'affaires habituel.

« Nous assouplissons nos conditions de réservation et nous avons réduit notre stock de vélos de location car nous en aurons moins besoin, et nous avons mis en accès libre des balades de quelques heures au départ des magasins pour favoriser la pratique. Le problème va se poser pour les travailleurs saisonniers que nous employions habituellement d'avril à octobre pour la location et l'activité séjours, soit 5 à 10 personnes que nous ne ferons pas travailler cette année. »

« La crise nous a fait gagner quelques années »

Malgré tout, et parce que le vélo, déjà plébiscité avant la crise, a encore pris quelques galons à la faveur de cette crise, le dirigeant se dit confiant.

« Avec le vélo, on sait qu'on est sur le bon créneau, assure-t-il. On se dit que quand le tourisme repartira, on devrait faire partie des activités qui redémarreront : on ne fait pas de tourisme de masse, on fait tourisme de nature, d'aventure, qui correspond aux valeurs émergeantes... Nous pensons que la crise nous a fait gagner quelques années, elle a accéléré un phénomène en cours. Mais ça passera par le politique car la facilité fait que tout le monde ne basculera pas sur le vélo. Il faut donc des incitations fortes comme des aménagements de pistes cyclables par exemple. A Paris, si Anne Hidalgo est réélue à la mairie, ce sera certainement en partie grâce au vélo ! Ici, le maire de Montpellier accélère et a fait aménager de nouvelles pistes cyclables provisoires et c'est une bonne chose. »

Cécile Chaigneau

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