Tourisme : l'arrière-pays plébiscité mais les sites naturels saturés

Les offices de tourisme de l’Occitanie confirment tous des pics de fréquentation inégalés cet été 2020. L'arrière-pays héraultais ou les hauteurs du Parc National des Cévennes ont vu arriver une clientèle nouvelle, française et à la recherche d’un bain de nature. Un afflux bienvenu mais qui pose de nouveaux défis, notamment en termes de saturation et de gestion des déchets des sites naturels.
Une clientèle nouvelle, française majoritairement, et en quête de nature a afflué sur les sites naturels de l'Occitanie  (photo : les gorges de la haute vallée de l'Hérault).
Une clientèle nouvelle, française majoritairement, et en quête de nature a afflué sur les sites naturels de l'Occitanie (photo : les gorges de la haute vallée de l'Hérault). (Crédits : Kadouche Antonnella -OTI-SGVH)

Le Parc Naturel du Haut Languedoc, le Parc National des Cévennes et les Gorges de l'Hérault sortent d'une haute saison touristique plus intense que prévue. Si la clientèle européenne étrangère a largement chuté - en moyenne une baisse de 60 % -, ce sont les Français partis à la découverte de leur pays et la clientèle locale qui semblent avoir pris le relai sur ces destinations.

L'effet post-confinement a joué son rôle, amenant sur ces territoires touristiques une clientèle nouvelle, à la recherche d'un bain de nature.

"Nous avons déjà enregistré + 10 % de fréquentation sur l'office de tourisme du Minervois, au Caroux, en Haut Languedoc, avec des séjours plus courts en juillet et plus traditionnels sur août, précise Lydie Lemoine, la directrice. 90 % de ces touristes étaient français, contre 78 % en 2019. Le nombre de touristes des nationalités étrangères habituelles comme les Belges, les Allemands et les Hollandais, a baissé, et le nombre d'Anglais a, lui, fortement baissé."

Des touristes français et locaux

Même constat à l'office de tourisme Cévennes-Méditerranée de Ganges, dans l'Hérault, comme le détaille la référente d'accueil Fanny Alibert : "Les Français représentent 93 % des visiteurs recensés au-travers de notre opération "hors les murs" dans les campings du secteur. Parmi eux, 26 % étaient des visiteurs héraultais et 7 étaient gardois. Une part importante de visiteurs de proximité donc".

"L'office de tourisme de Saint-Guilhem-le-Désert - Vallée de l'Hérault estime une baisse de 60 % sur la clientèle étrangère, explique le directeur Benoît Piquart. Avec pour conséquence directe une baisse du chiffre d'affaires sur notre boutique du Pont-du-Diable. Il semblerait que la clientèle française et locale n'ait pas les mêmes habitudes de consommations."

"On avait anticipé 50 % de baisse de fréquentation, mais c'était plutôt 50 % de hausse, s'étonne Monique Rocher, la directrice de l'office de tourisme Gorges-du-Tarn-Causses-Cévennes à Ispagnac (48). Certains nouveaux touristes sont venus suite aux campagnes de communication presse qui ont été faites autour de la destination. Mais ils avaient parfois une vision faussée du secteur et un niveau d'exigence élevé sur les prestations que nous ne pouvons pas satisfaire. Nous ne sommes pas une destination de tourisme de luxe. Malgré cela, beaucoup de jeunes et de sportifs sont aussi venus pour prendre un bol de nature."

Explosion des activités natures

Face à cet afflux de touristes, ce sont les activités de pleine nature qui ont fait le plein. La randonnée, notamment, a été largement plébiscitée par des voyageurs en quête d'une activité permettant de s'éloigner de la foule et des contraintes sanitaires. Le canoë, un grand classique des Gorges de l'Hérault, a aussi enregistré une saison exceptionnelle.

"Le départ de la saison a été très tardif avec le confinement et une mauvaise météo sur le mois de juin, se souvient Jeanne Nicollet, affiliée à la Fédération nationale des loueurs de canoës et gérante de Canoë Rapido à Saint-Guilhem-le-Désert (34). Mais nous avons eu un démarrage très puissant et rapide sur le dernier week-end de juin, puis les trois premières semaines de juillet, portées par une clientèle très locale. Globalement, cette saison sera au-dessus de celle de l'année dernière. Un constat partagé avec mes collègues du secteur."

Saturation et pollution sur certains sites

Si ces activités tirent leur épingle du jeu, les sites naturels et les aires de baignade ont aussi attiré beaucoup de monde cet été, entraînant même des effets de saturation et des problèmes de gestion des déchets.

"Nous avons enregistré une fréquentation en hausse sur le parking du Pont-du-Diable et les navettes pour Saint-Guilhem-le-Désert, que nous avons en gestion, explique Benoît Piquart. Le nombre de véhicules a augmenté de 28 % sur juillet et de 14 % en août, alors que les navettes ont transporté 34 % de visiteurs en plus sur le premier mois des vacances scolaires, et 7 % sur le deuxième. C'était même trop pour les habitants du village qui ont un peu subi la saison."

"Les Gorges de l'Hérault et la cascade de la Vis à Saint-Laurent-le-Minier (Gard, ndlr), ont été victimes de leur succès et de leur proximité avec Montpellier, poursuit-on à l'office de tourisme de Ganges. Les gorges ne sont pas aménagées pour accueillir autant de monde et cela a provoqué des engorgements et beaucoup de déchets."

Un problème environnemental évoqué sur tous les sites naturels, et particulièrement sur les sites de baignade, que ce soit sur l'Hérault, le Tarn ou les Gorges d'Héric. Un constat amer pour les professionnels et les locaux qui voient affluer une population touristique apparemment peu préoccupée par la gestion de leurs déchets et la préservation de ses environnements exceptionnels.

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