« Nous allons désormais pouvoir faire rayonner toute l’Occitanie sur le tourisme d’affaires » (S. Vernier)

ENTRETIEN – La société d’économie mixte locale Montpellier Events vient de remporter la concession de service public pour l’exploitation du centre de congrès Pierre Baudis et des Espaces Vanel à Toulouse. Un premier marché hors les murs montpelliérains pour elle. Sandra Vernier, directrice générale de Montpellier Events, s’explique sur les enjeux de ce marché, mais aussi sur l’impact de l’envolée des coûts de l’énergie pour l’activité de Montpellier Events.
Cécile Chaigneau
Sandra Vernier, directrice générale de Montpellier Events.
Sandra Vernier, directrice générale de Montpellier Events. (Crédits : DR)

Coup de théâtre dans le mundillo événementiel toulousain le 20 octobre dernier : à l'occasion son conseil métropolitain, Toulouse Métropole a attribué la concession de service public pour l'exploitation du centre de congrès Pierre Baudis et des Espaces Vanel, à Toulouse, à la société d'économie mixte locale Montpellier Évents (Montpellier Méditerranée Métropole et Région Occitanie), qui gère à Montpellier le Zénith Sud, le Corum, le Palais des congrès et l'Opéra Berlioz. Un marché de douze ans qui démarrera en juillet 2023.

LA TRIBUNE - Montpellier Events va donc gérer deux gros lieux événementiels à Toulouse à compter de juillet 2023. S'agit-il du premier marché hors les murs de Montpellier pour Montpellier Events et que représentent ces deux sites toulousains en termes d'activité ?

Sandra VERNIER, directrice générale de Montpellier Events - Oui en effet, c'est le premier contrat en dehors de Montpellier et nous allons créer une société dédiée, Toulouse Congrès, pour le gérer. Le centre de congrès et les Espaces Vanel emploie une vingtaine de personnes, que nous reprenons bien entendu car nous avons besoin d'eux, et un chiffre d'affaires global de 6 millions d'euros, en année normale je précise, contre environ 12 millions d'euros au Corum et Zénith de Montpellier.

Toulouse Congrès prévoit d'investir plus de trois millions d'euros sur la durée de la délégation de service public. Sur quoi précisément ?

Il s'agit de remettre à niveau le centre des congrès Pierre Baudis dans le sens où, comme dans de nombreux lieux d'événementiel, tous les équipements ont besoin d'être renouvelés et il faut aussi travailler sur les questions de sobriété énergétique. Sur les Espaces Vanel, ce sera plus à la marge. Nous allons donc investir dans le passage en leds des équipements et du matériel technique, la modernisation des équipements son et lumière, l'achat de mobilier et le remplacement des sièges de l'amphithéâtre Saint Exupéry, l'aménagement de certains espaces, l'amélioration du bilan énergétique...

Vous avez proposé à la Métropole de Toulouse d'apporter votre « savoir-faire sur le marché du MICE (Meetings, Incentives, Conventions, Events), un renouveau technique et un accompagnement stratégique pour répondre aux enjeux du tourisme d'affaires de la Métropole ». Comment gérerez-vous la concurrence qui peut exister entre les deux métropoles occitanes et entre les lieux événementiels eux-mêmes ?

Nous avons gagné un appel d'offre avec un programme d'investissement, une redevance annuelle (430.000 euros, NDLR), une stratégie commerciale mais aussi avec l'engagement de faire rayonner le territoire de la métropole toulousaine. Ce n'est pas rare qu'un acteur comme nous soit dans cette situation, à travailler avec plusieurs métropoles, et c'était d'ailleurs le cas de GL Events (qui garde la gestion du nouveau parc des expositions de Toulouse, le MEETT - ndlr) qui gérait ces deux lieux toulousains...  Nous allons désormais pouvoir faire rayonner le tourisme d'affaires de toute l'Occitanie, avec une métropole à l'est et une à l'ouest, ayant chacune des singularités mais aussi une complémentarité. Montpellier n'est pas si souvent en concurrence directe avec Toulouse. La règle est simple : Toulouse Congrès gèrera ses candidatures, ses appels d'offres et ses appels entrants, et si Toulouse et Montpellier sont sur un même appel d'offres, chacun rendra sa copie. Mais le sujet, dans notre secteur, c'est aussi d'avoir des disponibilités de dates : désormais, nous l'une et l'autre seront complémentaires... Toulouse est très techno, spatial, aéronautique et industrie, des thématiques moins présentes à Montpellier qui développe d'autres axes comme l'agro-agriculture. Les deux métropoles sont positionnées sur la santé avec des axes forts. Mais il y a forcément des ponts à faire entre les deux.

L'envolée des coûts de l'énergie frappe violemment l'économie. Avec quel impact dans votre secteur et sur votre activité ?

Aujourd'hui, on est encore dans l'expectative. On sait qu'il y aura un impact conséquent, plus ou moins lourd en fonction du futur contrat que nous signerons, le nôtre arrivant à son terme en décembre. Montpellier Events s'est mis dans le groupement d'achat dans lequel est aussi la Métropole, ce qui devrait nous permettre d'avoir les meilleurs tarifs... Mais en l'état actuel des choses, la facture d'électricité serait multiplié par 2,5 et celle du gaz par 4 ! Nous travaillons donc sur un plan de sobriété avec, pour commencer, des petits gestes pour nous et les locataires du Corum. On passe tout en leds, on travaille sur l'éclairage de nuit pour ne pas allumer les enseignes plus que nécessaire. On étudie les questions d'amélioration de l'isolation des immeubles, par exemple la verrière du Corum, où mettre des automatismes de lumière. On revoit tous nos points de consignes, c'est à dire la méthodologie d'usages avec par exemple pas de chauffages pendant le montage et le démontage des salons ou un niveau de température à 19°. Pour le Zénith, c'est plus facile et maîtrisable car on allume avant le concert et on éteint après. Mais les économies ne compenseront pas la perte ! C'est la raison pour laquelle nous réfléchissons à un éventuel effort ponctuel ou plus durable à demander à nos clients, tout en restant cohérent. Mais on ne se précipite pas, et pour l'instant, il n'y a rien de spécial dans les contrats, mais cela pourrait se traduire par un forfait énergie complémentaire lié à une consommation. Nous voulons être le plus  justes possible pour ne pas assommer les clients et préserver les équilibres de tout le monde. Cette crise de l'énergie, c'est un Covid bis pour nous, version électricité ! Nous n'avons pas de visibilité, si ce n'est que l'impact va être important. Il faudra équilibrer les modèles.

Comment s'annonce l'année 2023 ?

2022 avait bien cartonné et on sent que 2023 sera plus calme. Avec tous ces effets d'annonces, on est plus dans le last-minute...

Cécile Chaigneau

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