Comment l’ancienne prison de Béziers est devenue un hôtel, une première en France

Sous l’impulsion du groupe Mando, l’ancienne maison d’arrêt de Béziers (Hérault) a été reconvertie en un hôtel trois étoiles, baptisé La Prison. Surplombant le fleuve de l’Orb, l’établissement, qui ouvrira ses portes le 1er juin prochain, compte 50 chambres et un restaurant panoramique. Le concept se veut unique en France.
L'hôtel La Prison ouvrira ses portes le 1er juin 2023 en lieu et place de l'ancienne maison d'arrêt de Béziers.
L'hôtel La Prison ouvrira ses portes le 1er juin 2023 en lieu et place de l'ancienne maison d'arrêt de Béziers. (Crédits : DR)

Dormir à l'ombre, derrière les barreaux... Si le concept de prisons transformées en hôtels existe déjà aux Etats-Unis, en Finlande, aux Pays-Bas ou encore en Allemagne, aucun établissement de ce genre n'a vu le jour en France. Du moins jusqu'à présent, car à compter du 1er juin 2023, l'hôtel La Prison ouvrira ses portes en lieu et place de l'ancienne maison d'arrêt de Béziers (Hérault). Un projet insolite mené par le groupe Mando Hospitality (voir encadré), déjà propriétaire de plusieurs établissements à Montpellier, Marseille et Paris.

« Avec sa vue spectaculaire sur l'Orb et son emplacement privilégié au cœur de ville, à proximité de la cathédrale Saint-Nazaire, ce bâtiment atypique nous a complètement séduits, exprime Tatiana Halimi, cofondatrice de Mando. Nous ne connaissions pas la ville de Béziers mais nous avons été convaincus par ce challenge de métamorphoser l'ancienne prison tombée en désuétude en un vrai lieu de vie. »

Un projet global à 10 millions d'euros

Construite au XIXe siècle pour une capacité de 48 places, l'ancienne maison d'arrêt de Béziers a accueilli jusqu'à trois cent détenus dans des conditions de sécurité et d'hygiène difficiles. Le lieu a été désaffecté en 2009 suite à la livraison d'une nouvelle prison.

Pour réhabiliter le bâtiment en un hôtel trois étoiles avec 50 chambres, restaurant panoramique, trois salles de séminaire, une salle de sport et un bassin de nage, le groupe Mando a investi 8,5 millions d'euros (dont 5,35 millions en fonds propres), tandis que le fonds tourisme Occitanie injectait 1,5 millions d'euros.

« Sans l'implication de ce fonds, il nous aurait été impossible de finaliser le projet », assure Michel Halimi, cofondateur Mando.

Un défi technique architectural

Chargée d'histoire et d'une ambiance particulière, l'ancienne geôle surnommé par les biterrois "le château", a pris de l'importance en 1939, accueillant la guillotine pour les trois départements de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées Orientales. Neuf prisonniers y ont d'ailleurs été exécutés...

« L'aspect un peu sinistre du lieu ne nous a pas fait peur, confie Philippe Bonon, architecte,  fondateur de l'Agence A+ Architecture et associé au sein du groupe Mando. Nous avons au contraire travaillé pour coller au plus près de la structure originale, en préservant les volumes et les passerelles métalliques, tout en apportant un caractère apaisé. Ainsi, les fenestrons qui permettaient à peine de voir le ciel ont été agrandis, dans un esprit plus monacal que carcéral, quelques grilles ont été conservées mais nous avons en revanche volontairement gommé certains graffitis rappelant un passé assez violent. »

Sur le chantier, qui a duré un peu plus d'un an, le perçage des murs pour transformer les cellules en chambres a généré un travail titanesque, représentant à lui seul plus de 10% du budget.

Amateur de mobilier chiné, Philippe Bonon et ses deux enfants ont misé, pour la décoration, sur des pièces datant des années 1950 à 1990.

Pour caser le restaurant, les architectes ont inventé ex-nihilo un nouvel emplacement avec vue panoramique sur la vallée de l'Orb.

« C'est la seule construction neuve que nous avons inséré avec beaucoup de modestie », précise l'architecte.

Quant à la cour de promenade en demi-camembert, elle a été transformée en salles de séminaire tandis que la piscine a été insérée dans le chemin de ronde.

Un chiffre d'affaires de 1,8 millions d'euros en 2024

Alors que la plupart des prisons sont généralement transformées en hôtels de luxe, le groupe Mando a opté pour un positionnement moyen de gamme, contraint notamment par les volumes de l'édifice.

« Passer en hôtel de luxe aurait nécessité des travaux colossaux, donc des investissements trop importants, concède Tatiana Halimi. Notre ambition était de rester humble, avec un budget raisonnable et des prestations de qualité pour une clientèle large. »

Les tarifs s'échelonnent de 77 euros la cellule standard (13 à 14 m2) à 295 euros la suite familiale (66 m2).

La direction de l'hôtel a été confiée à Samantha de Castro tandis que le chef Mathieu Bessière prend la direction d'un restaurant qui joue la carte bistrot méditerranéen.

Avec ce nouveau projet, le groupe Mando mise sur un chiffre d'affaires de 1,8 millions d'euros dès 2024.

Mando Hospitality, un groupe tribal

Mando Hospitality se présente comme un groupe tribal avec à sa tête Michel Halimi et ses deux enfants, Tatiana et Maxim, l'architecte Philippe Bonon et son fils Max, ainsi que l'acteur Christophe Lambert.

Le groupe possède 9 établissements : Le Mas Feuillade, le Café de la Panacée, le Café Pitot et le Bistrot d'O à Montpellier (Hérault), l'Hôtel La Prison à Béziers (Hérault), les Réformés et Blum à Marseille (Bouches-du-Rhône), l'Hôtel le Louvre Richelieu et le Café de la musique à Paris. Deux nouvelles ouvertures sont prévues : l'hôtel-restaurant le Voco en novembre 2023 à Beaune (Côte d'Or), et le bar restaurant LPB à Marseille en février 2024.

En 2022, Mando a réalisé 6,25 millions d'euros de chiffre d'affaires. Le groupe vise les 11 millions d'euros en 2023 avec 150 salariés.

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