Logement et mobilité, les deux points noirs du travailleur saisonnier dans les Pyrénées-Orientales

Loyers trop chers sur la côte, offre de transport mal adaptée aux horaires de travail… Alors que la saison estivale entre dans son pic d’activité, professionnels du tourisme et pouvoirs publics des Pyrénées-Orientales cherchent des solutions pour faciliter la vie des saisonniers et optimiser par la même occasion les recrutements.
Sur le littoral catalan, un bus circule tout l'été pour ramener les saisonniers vers Perpignan après leur service du soir, passant par Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien, Canet-en-Roussillon (photo) et Banyuls-sur-Mer/Collioure.
Sur le littoral catalan, un bus circule tout l'été pour ramener les saisonniers vers Perpignan après leur service du soir, passant par Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien, Canet-en-Roussillon (photo) et Banyuls-sur-Mer/Collioure. (Crédits : Ville de Canet-en-Roussillon)

Être saisonnier du secteur touristique dans les Pyrénées-Orientales, c'est être confronté à deux obstacles majeurs, avant même d'avoir commencé à travailler : trouver un logement et avoir un moyen de locomotion pour rejoindre son lieu de travail. Une problématique qui n'est pas propre au pays catalan mais qui dure dans le temps...

« Les zones touristiques où travaillent de fait les saisonniers sont trop chères pour se loger, impossible de s'aligner sur les tarifs de location destinés aux vacanciers, et côté mobilité, les bus et les trains dans le département ne circulent pas aux bons horaires, ce qui fait que nous n'avons pas la possibilité de loger nos collaborateurs dans des communes plus abordables comme Elne ou Perpignan », résume Brice Sannac, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) 66.

Si une partie des saisonniers sont des locaux avec des possibilités de logements à proximité, près de 30% d'entre eux ne sont pas du département catalan et se retrouvent donc sans solution.

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Postes dédiés en préfecture

Côté préfecture, ce sujet épineux a été pris en main par deux chargés de mission dédiés.

« Cela commence par rappeler la loi et l'obligation pour les treize communes touristiques du département de signer avec l'État une convention pour le logement des travailleurs saisonniers, au risque sinon de perdre certains avantages fiscaux, explique Nathalie Vitrat, secrétaire générale adjointe de la préfecture des Pyrénées-Orientales. L'objectif va être d'aider les communes, y compris financièrement, à établir un diagnostic de la situation en identifiant les lits vacants, l'état du parc privé et public, l'existence de friches communales, etc. Il s'agit ensuite d'établir une stratégie. C'est impératif car cela freine les recrutements. »

Elle rappelle que plus de 50% des 24.000 offres d'emploi publiées dans le département en 2024 sont liées à une activité saisonnière, touristique ou agricole...

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Une ancienne résidence tourisme rénovée

Pour Éric Delor, directeur territorial d'Action Logement Occitanie, l'extension de la garantie loyer impayé Visale aux saisonniers, désormais éligibles, devrait aussi permettre de donner un coup de pouce. Autre solution selon lui, la construction et la rénovation de logements à mettre à la disposition des travailleurs saisonniers. C'est ce qu'a fait Action Logement Pyrénées-Orientales au Barcarès : « Nous avons racheté et rénové en 2023 l'ancienne résidence Pierre et Vacances pour faire de l'intergénérationnel, avec des seniors et des saisonniers », indique Guy Durand, le président départemental.

Mais encore faut-il trouver du foncier disponible et là « avec le Zéro artificialisation nette, c'est très compliqué », regrette Brice Sannac.

D'autres employeurs font le choix de loger eux-mêmes leurs collaborateurs, à l'instar de Julien Trollet, du groupe Assas Hotels, nouveau propriétaire de l'hôtel 4 étoiles Villa Camille à Banyuls-sur-Mer.

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Le « bus des saisonniers »

Pour répondre à la problématique du transport, le « bus des saisonniers », initié en 2023 par la Mission locale Jeunes 66, a repris la route cette année. Il circulera jusqu'au 31 août sur le littoral catalan pour ramener les saisonniers vers Perpignan après leur service du soir, « via deux rotations, les bus passeront par Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien, Canet-en-Roussillon et Banyuls-sur-Mer/Collioure ». Véronique Deroubaix Ramirez, la directrice de la Mission locale Jeunes 66, précise que « le dispositif est ouvert aux jeunes de la Mission locale, aux bénéficiaires du RSA et aux demandeurs d'emploi ».

Une initiative reprise cette année par la préfecture de l'Hérault, qui annonce un bus gratuit pour les saisonniers les ramenant du littoral vers les communes de Lattes et Montpellier en fin de soirée.

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Commentaires 2
à écrit le 18/07/2024 à 15:41
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En ce qui concerne le logement de nombreuses régions touristiques ont ouvert les internats des lycées à des prix se situant entre 8 et 10 euros par nuit avec dans certains cas une contribution des employeurs .

à écrit le 18/07/2024 à 13:04
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Outre les problèmes de transport et de logement, les dernières réformes de l'assurance chômage poussent à se détourner des emplois saisonniers, l'emploi flexible prôné en toutes circonstances par les planqués libéraux coûtant très cher à l'assurance-...

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