Prévention santé au travail : comment sensibiliser et agir ?

Le Sommet santé 2018 organisé par La Tribune–Objectif LR le 17 mai 2018, au Crès à côté de Montpellier, proposera un focus sur le bien-être au travail. Il interrogera notamment la question de la sensibilisation des chefs d’entreprises à la prévention santé, et des nouvelles organisations de travail à déployer.
Cécile Chaigneau

La 4e édition du Sommet santé, organisé par La Tribune - Objectif LR le 17 mai 2018 (s'inscrire ici) à la salle de l'Agora, au Crès (34) à proximité de Montpellier, proposera un focus sur la thématique du bien-être au travail, « Phénomène de mode ou véritable nécessité économique ? Demain "tous happy" ? ». Il sera animé par Gérald Kierzek, médecin urgentiste et chroniqueur santé sur Europe 1 et France 5.

Après la 1e table ronde « Du constat médical à la baisse de la compétitivité », le Sommet Santé proposera deux autres tables rondes : « Du DRH au CHO*», avec Muriel Avinens (co-directrice de DELL EMC Montpellier), Christel Nguyen (DRH chez Harmonie Mutuelle), Stéphanie Heller (DRH à la Société Générale), Jean-Luc Chabanol (Chef d'entreprise à La Maison Chabanol) et Ruth Nevesny (médecin généraliste chez Gnosis Santé); « Du développement personnel aux nouvelles organisations de travail », avec Catherine Labrousse (coach chez Consult & Nous), Grégory Arvis (coach chez Arvis Coaching), Roland Sicard (fondateur de La Valériane), Anne-Charlotte Vuccino (fondatrice de Yogist), et Aurélie Martin (Work Place Consultant chez Steelcase).

Le système déraille

Selon les acteurs terrain de la prévention au travail, il est parfois difficile de faire prendre conscience au chef d'entreprise de l'importance de considérer la question de la prévention jusqu'à déclencher des actions, notamment dans les petites structures.

L'Aract (Agence régionale d'amélioration des conditions de travail), qui intervient dans l'entreprise exclusivement dans le cadre d'une demande sociale paritaire, constate que cette demande arrive souvent quand le mal est déjà installé.

« Les indicateurs de santé au travail sont alors dans le rouge, alerte Emmanuel Albert, chargé de mission. Malheureusement, il faut que le système déraille pour que l'on commence à faire de la prévention... Or un employeur qui méprise les conditions de travail dans son entreprise prend le risque de tôt ou tard mettre la clef sous la porte ! »

À l'association Souffrance au travail 34, qui assure une permanence d'accueil deux après-midi par mois, à Montpellier, le président Gérard Francès observe : « Quand on parle prévention dans une entreprise, ça sert beaucoup à financer des plans, des intervenants pour peu de résultats. La vraie prévention est dans la restauration du dialogue social... Notre rêve, c'est que les chefs d'entreprise viennent à nos cafés-débats, qu'on ait des échanges constructifs ».

Garder ou attirer des talents

Mais les choses évoluent, si l'on en croit l'entreprise montpelliéraine La Valériane, qui propose notamment l'application web Bilan Santé Stress, utilisée par 20 000 salariés dans 150 entreprises.

« Il permet aux salariés de réaliser un diagnostic individuel et à l'entreprise de constituer un observatoire par la collecte de ces données anonymement, afin de cibler ses actions de prévention RPS, explique Clément Sicard, responsable du développement international. Avant, on sentait qu'il y avait une obligation, mais de plus en plus, on voit des entreprises qui ont compris que pour garder ou attirer des talents, il fallait miser sur ces préoccupations. »

Pour les entreprises volontaires, l'Aract peut financer ou faire financer certaines démarches.

« Aujourd'hui, les demandes s'inscrivent surtout dans deux champs : celui des RPS (risques psychosociaux, NDLR) et des questions de qualité de vie, dont celle de la conciliation des temps, et celui des TMS (troubles musculo-squelettiques, NDLR), rapporte Emmanuel Albert, chargé de mission à l'ARACT Occitanie. Le FACT (Fonds pour l'amélioration des conditions de travail, NDLR) permet de financer du conseil. Et une demande spontanée peut être financée par l'Aract si elle s'inscrit dans les problématiques prioritaires identifiées. »

Coup de pouce déclencheur

Entre 2014 et 2017, la Carsat LR a soutenu des démarches via des contrats de prévention signés avec 924 entreprises (186 de moins de 200 salariés, 738 de moins de 50).

« Elles ont investi 33 M€ sur la prévention, dont 9,6 M€ financés par la Carsat, au bénéfice de 17 361 salariés. C'est un coup de pouce qui permet de déclencher l'action, explique Alexis Guilhot, ingénieur-conseil régional de la Carsat LR. On essaie de concentrer les moyens sur les plans d'action. Les six programmes régionaux sont axés sur la chaîne logistique, les établissements médico-sociaux, la restauration collective, la chaudronnerie, les installateurs de panneaux photovoltaïques, et le commerce de matériaux. »

L'Aipals, service de médecine du travail héraultais, a organisé le 15 février dernier un living-lab sur la qualité de vie au travail, qui a réuni 80 personnes (acteurs de la prévention et entreprises), afin d'imaginer les moyens de prévention de demain.

Il présentera, le 15 mai à Montpellier, un Livre blanc intitulé « Faire de la prévention en entreprise une priorité ». Comprenant huit propositions de réforme, il sera transmis à Charlotte Lecocq, la députée en charge de la mission interministérielle sur la santé au travail afin qu'elle puisse l'intégrer dans sa réflexion. La députée doit rendre ses conclusions au gouvernement le 31 mai prochain.

Lire notre dossier complet dans le n° 176 de La Tribune-Objectif Languedoc-Roussillonactuellement disponible.

* Chief Happiness Officer

Cécile Chaigneau

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