Viticulture : 1e campagne au Mas numérique de Villeneuve-lès-Maguelone

Inauguré le 12 octobre, le projet du Mas Numérique, déployé par Montpellier SupAgro et 14 entreprises sur le Domaine viticole du Chapitre, à Villeneuve-lès-Maguelone (34), est opérationnel depuis janvier 2017. Visant à tester l’interopérabilité de solutions technologiques innovantes dans un contexte de production, il termine sa 1e campagne, avec un premier retour d’expérience.
Cécile Chaigneau

Le projet de Mas numérique, porté par Montpellier SupAgro, a mis en place sur le Domaine du Chapitre*, à Villeneuve-lès-Maguelone (34), un site de démonstration de solutions innovantes et déjà sur le marché, développées par des entreprises de l'agriculture numérique, majoritairement régionales. Il s'étendra sur trois ans. Bien qu'opérationnel depuis janvier 2017, il était officiellement inauguré le 12 octobre.

Le projet est soutenu par les entreprises SMAG (solutions digitales pour l'agriculture), Vivelys (conseil en stratégie et gestion de production viti-vinicole), ITK (outils d'aide à la décision pour l'agriculture) et Pera-Pellenc (machinisme viticole) via du mécénat financier à hauteur de 350 000 € (pour un budget global de 740 000 €) et la mise à disposition de leurs solutions.

Dix autres entreprises sont également partenaires et expérimentent la complémentarité de leurs solutions sur le domaine : Groupe ICV (Oenoview), Institut de la vigne et du vin (Optidose pro), TerraNIS (Oenoview), Geocarta (cartographie électrique des sols), Axe Environnement (Keyfiel), Sika France (Picore), Force A (FA-vigor, FA-vendange, FA-wood), Agriscope (Agribase 3S), Bayer (Movida®) et Cap2020 (station météo).

Unique au monde

Véritable living-lab viticole, le projet met en œuvre ces technologies numériques afin d'observer leur interopérabilité et leur complémentarité dans un contexte de production. L'exploitation viticole est également lieu de visite pour les clients des entreprises, et se révèle un très intéressant dispositif de formation (initiale ou continue) pour les étudiants et les professionnels de l'agriculture.

« C'est un projet unique au monde dans le domaine de la viticulture, un laboratoire vivant qui associe des entreprises au monde académique, fait observer Bruno Tisseyre, professeur d'agriculture de précision à Montpelier SupAgro, professeur titulaire du Mas numérique. Il n'existe pas d'autre lieu générant une telle émulation et de l'intelligence collective. »

« Un nouveau métier émerge, celui de l'agri-intelligence, ajoute Philippe Stoop, directeur Recherche et innovation chez ITK. Le Mas numérique rassemble des acteurs spécialisés qui apportent chacun une valeur ajoutée. C'est important pour l'évolution du modèle agricole français. »

Raisonner les doses de traitement

Les technologies ont été mises en œuvre sur deux problématiques métier : l'ergonomie et l'efficacité de la protection de la vigne, et la maîtrise de la qualité et des rendements.

« Les solutions sont déployées le début de l'année, nous venons donc de terminer la première campagne, souligne Thomas Crestey, responsable du Mas numérique, ingénieur pédagogique à Montpellier SupAgro. Leur vocation est de fournir au viticulteur des outils d'aide à la décision pour optimiser la qualité et la quantité des productions. »

L'ingénieur détaille alors précisément l'usage de chaque outil tout au long du processus de production : une station-météo qui alimente les modèles de suivi du stress hydrique de la vigne et de suivi des maladies ; des logiciels permettant de raisonner les interventions et les doses de traitement nécessaire, de gérer les stocks de produits, de répartir les tâches des collaborateurs sur le domaine et de tracer les interventions ; un outil de traçabilité et de suivi de la pulvérisation.

Mas numérique, à Villeneuve-lès-Maguelone,

Sur l'axe de la gestion des rendements et de la qualité des récoltes, les entreprises partenaires proposent une cartographie des sols et de la vigueur des parcelles, une aide à la décision pour des dates de vendanges optimales par mesure sur la végétation, sur les raisins ou par des modélisations physiologiques, ou encore des outils de maîtrise des pressurages et des vinifications à l'aide de capteurs.

Confortés dans la prise de décision

Quels enseignements tirer de cette première campagne ?

« D'un point de vue ergonomique, les agents du domaine ont su adopter les solutions technologiques proposées, commente Christophe Clipet, directeur du Domaine du Chapitre. Le travail qui se répète peut créer des doublons, mais globalement, les outils nous ont confortés dans la prise de décisions, dont nous restons maîtres... Le millésime 2017 aura été très particulier, avec une maturation dans des conditions de sécheresse extrême. Nous avons eu accès à des données qui nous ont permis de déceler des choses qu'on n'aurait pas décelées à l'œil nu, d'éviter des erreurs, de changer la destination de certaines vendanges. Par exemple, une parcelle de syrah qui était destinée à faire du vin rouge a finalement été orientée pour faire du rosé. Ces outils apportent du confort dans le travail, de la communication dans l'organisation générale. »

D'autres solutions numériques, non concurrentes de celles interopérées sur le Mas numérique, pourront se greffer par la suite sur le projet. À terme, « l'un des enjeux du Mas numérique est de faire inscrire cette digitalisation de l'agriculture dans les cursus de l'enseignement agricole », souligne Didier Robert, directeur général adjoint chez SMAG.

 * Propriété de Montpellier SupAgro, 35 ha de vignes, 5 ha d'oliviers, 55 ha de grandes cultures. Une équipe de 7 personnes pour l'exploitation du domaine. 800 hl de vin vinifié par an, une autre partie de la récolte vendue en cave coopérative, un chiffre d'affaires de 450 000 €.

Cécile Chaigneau

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