AgTech : comment le living-lab OccitaNum peut accélérer la transformation agro-écologique

Le projet de living-lab OccitaNum, qui a vocation à accélérer la transformation agro-écologique de l’agriculture et de l’alimentation en Occitanie par une démarche originale d’innovation ouverte, est officiellement lancé depuis le 6 octobre. Il développera 7 open-labs sur toute l'Occitanie, des territoires-pilotes d'expérimentation et de démonstration représentatifs des enjeux des filières agricoles majeures de la région, et des laboratoires à ciel ouvert où les exploitants agricoles expérimentent les outils de demain.
Cécile Chaigneau
Selon le président de la Chambre régionale d'agriculture Occitanie, les agriculteurs qui utilisent des outils numériques sont très minoritaires mais ils sont demandeurs.
Selon le président de la Chambre régionale d'agriculture Occitanie, "les agriculteurs qui utilisent des outils numériques sont très minoritaires mais ils sont demandeurs". (Crédits : iStock)

Coordonner à l'échelle régionale de l'Occitanie une démarche originale d'innovation ouverte afin d'accélérer la transformation agro-écologique du secteur de l'agriculture et de l'alimentation. C'est l'ambition du projet de living-lab OccitaNum.

Annoncé depuis 2018, ce living-lab est lauréat du dispositif "Territoires d'innovation" (mis en place dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir par le Secrétariat général pour l'investissement et géré par la Banque des Territoires). Il a officiellement été lancé le 6 octobre depuis Montpellier.

Coordonné par l'INRAE en région Occitanie et piloté par 8 organismes fondateurs*, OccitaNum réunit au total 46 partenaires (collectivités, institutions de formation, de R&D, entreprises AgTech, coopératives, agriculteurs et consommateurs). Ses objectifs : accroître l'adoption de l'agro-écologie dans les exploitations agricoles et sur les territoires dans un contexte de changement climatique, mieux connecter les citoyens-consommateurs et les agriculteurs, favoriser l'émergence de nouveaux opérateurs économiques de l'AgTech.

Dans une région qui compte le premier vignoble européen sous appellation, et qui est la 2e région agricole française, première en surfaces certifiées bio et première en apiculture, les enjeux sont donc immenses. Le secteur agricole et alimentaire est d'ailleurs le premier employeur de la région.

Partir des besoins des acteurs

Le living-lab OccitaNum propose d'expérimenter en grandeur nature l'apport des technologies numériques au renforcement de l'agroécologie. Cela passera par des innovations qui seront co-conçues, déployées et testées sur plusieurs territoires, avec des résultats qui pourront, à terme, être développés et répliqués à grande échelle en Occitanie et sur le territoire national.

Septe open-labs territoriaux, répartis sur 13 sites en Occitanie, aborderont chacun les questions relatives à une filière agricole (approvisionnement local, apiculture, arboriculture, élevage, grandes cultures, maraîchage et viticulture) en partant des besoins des agriculteurs.

« La démarche d'innovation ouverte, ce sont des projets innovants construits à partir des besoins des acteurs, insiste Véronique Bellon-Maurel, coordinatrice d'Occitanum pour l'INRAE, directrice de l'Institut Convergences Agriculture Numérique #DigitAg. Comment travailler avec des capteurs, comment améliorer la supply chain pour favoriser l'alimentation de proximité, comment utiliser les données collectées par une station météo pour optimiser des interventions en arboriculture, comment le numérique peut-il garantir la traçabilité des pratiques d'élevage et les communiquer aux consommateurs ?... Durant huit ans, nous allons valider l'intérêt d'un tel dispositif d'innovation ouverte pour ensuite l'autonomiser. »

Agriculteurs technophiles peu nombreux

Parmi les priorités qui seront traitées par le living-lab, figure bien sûr la réduction des intrants phytosanitaires. Ou encore les outils numériques permettant de prévenir l'attaque d'une plante par une maladie, comme le mildiou sur la vigne.

« Ce type d'outils est déjà utilisé aujourd'hui, mais par des agriculteurs technophiles, observe Aline Bsaibes directrice générale d'ITK à Montpellier. Nous allons essayer de voir comment les moins technophiles les perçoivent, leur donner confiance et comment adapter ces outils en fonction de leur utilisation. »

Denis Carretier, président de la Chambre régionale d'agriculture d'Occitanie, confirme que « les agriculteurs qui utilisent des outils numériques sont très minoritaires mais ils sont demandeurs, il y a beaucoup de volontaires. L'innovation est une nécessité pour l'agriculture de demain ».

Deux dispositifs en région sont déjà actifs et prendront une dimension supplémentaire avec OccitaNum. Le Mas numérique, à Villeneuve-lès-Maguelone, est un site viticole de démonstration de solutions innovantes déjà sur le marché. Et Mobilab, « un dispositif d'expérimentation qui se déplace, grâce à un camion tout équipé, sur le terrain au plus près des usages pour mieux interagir avec l'ensemble de la chaîne », explique Cédric Cabanes, président du pôle de compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation.

Pour faire émerger les projets innovants, des appels à manifestation d'intérêt (AMI) seront lancés début 2021 en direction des entreprises AgTech qui souhaitent s'engager dans ces démarches d'innovation ouverte.

« Aller vers une autonomie verte »

« Le dispositif "Territoires d'innovation" a 10 ans, rappelle à l'occasion du lancement Guillaume Boudy, secrétaire général pour l'investissement. Il a souvent porté des projets venant de la science. Avec OccitaNum, on est partis de l'innovation dans les territoires, accompagnés par les laboratoires comme l'INRAE. Il s'agit de tester ces innovations dans le monde réel pour ensuite développer des écosystèmes soutenables. Le dispositif "Territoires d'innovation" est doté de 350 M€ avec un volet important de fonds propres car cela permet de porter des projets qui auront autonomie financière. »

« OccitaNum est une démarche ambitieuse et innovante, se félicite le préfet de région Occitanie, Etienne Guyot. Ce projet cible les bonnes questions : transitions agricoles et alimentaires, re-territorialisation des productions, alimentation de proximité, produits de qualité. Il arrive au moment du plan de relance et il matche avec lui puisque l'objectif, c'est de renforcer la souveraineté alimentaire, accélérer la transition agro-écologique avec une dimension locale essentielle, et adapter l'agriculture au changement climatique... C'est une opportunité pour aller vers une autonomie verte en créant de nouveaux services et des emplois. »

Sur un budget global de 9,5 M€ sur 8 ans, OccitaNum bénéficiera d'une subvention de 4,9 M€ du Programme d'investissements d'avenir, dont 2,2 M€ pour le fonctionnement des open-labs et 2 M€ pour le fonctionnement du CORE (centre de ressources commune qui accompagne la mise en place des projets, capitalise les retours d'expériences, valorise les données produites et diffuse ces expériences). Le reste du financement sera assuré par la Région Occitanie, qui apporte 1 M€ pour la recherche, de l'autofinancement des partenaires privés et des financements européens à venir.

« Nous sommes sur une filière qui connait des transformations radicales et il ne faut pas subir », affirme Thierry Ravot, directeur régional Occitanie de la Banque des Territoires.

* INRAE, Acta-les instituts techniques agricoles, Montpellier SupAgro, Région Occitanie, DRAAF Occitanie, Chambre régionale d'agriculture Occitanie et son réseau de chambres départementales, Coop de France, pôle de compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation.

Cécile Chaigneau

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