Newtec Scientific planche sur de l’instrumentation fonctionnant à - 250°, notamment pour le marché de l’hydrogène

Newtec Scientific est une PME gardoise très pointue sur l’instrumentation scientifique destinée à la microscopie pour analyser le comportement thermomécanique des matériaux en milieux contraints et hostiles. Ses clients sont les acteurs des secteurs automobile, spatial, aéronautique ou énergie. La PME travaille à la mise au point d’outils qui permettront l’observation des métaux à des températures négative allant jusqu’à - 250°, notamment pour servir le marché de l’hydrogène.
Cécile Chaigneau
Newtec Scientific conçoit et commercialise des instrumentations de microscopie.
Newtec Scientific conçoit et commercialise des instrumentations de microscopie. (Crédits : Newtec Scientific)

L'entreprise gardoise NewTec Scientific conçoit et vend de l'instrumentation scientifique de haut niveau pour la microscopie, et qui va servir à contraindre thermo-mécaniquement des matériaux pour vérifier, sous microscope, leur tenue mécanique dans leur environnement, notamment en milieux contraints et hostiles (nucléaire, chimique, biologique,...).

« Nos instruments se destinent à tous les secteurs où on utilise des matériaux et où on a besoin de savoir comment ils vont se comporter en situation extrême : l'aviation, l'automobile, le spatial, etc., explique Antoine Candeias, président fondateur de Newtech Scientific. Nous sommes en avance sur la concurrence sur les essais thermomécaniques que nous faisons en temps réels... Nous avons plusieurs gammes de produits : une gamme permettant de travailler sur des échantillons de - 150° jusqu'à + 150°, une gamme allant jusqu'à 1.000°, et nous venons de sortir un four pour travailler jusqu'à 1.300°. Notre objectif est de monter à 1.450° bientôt. C'est par exemple nécessaire pour les moteurs d'avion. »

La PME est sortie du rang quand elle a vendu, en 2018, quatre instruments de mesure au laboratoire Sir Henry Royce Institute, centre de recherche de l'industriel Rolls Royce à Manchester : « Ça nous a donné beaucoup de visibilité et depuis, nous avons des demandes du monde entier ! Nous sommes cinq au monde à faire ce type de produit, nous sommes le petit Poucet mais avons une belle avance technologique », indique Antoine Candeias.

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Les clients de Newtec Scientific sont des laboratoires universitaires et des centres de recherche de grands groupes, « par exemple EDF pour leurs centrales nucléaires ou hydrauliques, Michelin », indique le dirigeant.

Pour l'avion de demain

A l'opposé de ces instruments fonctionnant à très hautes températures, Newtec Scientific travaille aussi pour produire des instruments fonctionnant à températures négatives.

« C'est un projet qui commence à voir le jour, affirme Antoine Candeias. L'énergie de demain, ce sera incontestablement l'hydrogène et nous contribuons à travailler sur les problématiques que cela pose. Il faut notamment des machines pour tester les matériaux pouvant résister à l'hydrogène, par exemple les conteneurs en inox qui vont se dégrader car les particules d'hydrogène se mettent dans tous les interstices. L'ambition, c'est de faire l'avion de demain qui fonctionnera à l'hydrogène, donc il faut des éléments pour transporter le gaz. Or pour transporter de l'hydrogène, il faut le mettre à l'état liquide puis sous pression, et quand le gaz se libère, ça descend à une température de - 253°C. Il faut donc des instruments pour tester les matériaux à cette température. On est déjà descendu à - 150° et on se donne trois ans pour arriver à - 250°. Je m'associe à l'Ecole des mines d'Albi et au laboratoire Clément Ader de Toulouse. Airbus est très intéressé... »

Hic sur les recrutements et les douanes

A Caveirac, la PME emploie aujourd'hui 12 salariés, pour un chiffre d'affaires de 1,5 million d'euros. Compte tenu d'une importante progression, le dirigeant cherche quatre ou cinq salariés supplémentaires mais dit rencontrer des difficultés « pour trouver de bons collaborateurs, ingénieurs et techniciens ».

Quant à son projet de recruter un commercial, il l'a pour l'heure remisé : les commandes arrivent seules et Newtec Scientifc doit s'assurer de pouvoir y répondre en fonction de sa capacité à produire.

Dans cette période post-Covid et très exposées aux aléas en raison du conflit en Ukraine, Antoine Candeias pointe un autre problème auquel il est confronté : « En France, les douanes ne sont pas organisées pour monter des dossiers d'exportation ! Nous exportons les trois-quarts de notre chiffre d'affaires et ça nous donne deux fois plus de travail. Nous fabriquons 97% de nos instruments en France mais le problème, c'est que les douanes me demandent, par exemple, de tracer même les matières premières que j'achète à un usineur. Elles me renvoient d'un service à l'autre et je passe mon temps à remplir des papiers »...

Cécile Chaigneau

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