Comment Netia s’est recentrée sur son cœur de métier (la radio) pour revenir à l’équilibre

INTERVIEW – Cinq ans après son rachat à Orange par le Nantais Radio Act, l’entreprise montpelliéraine Netia a resserré son activité autour de son métier historique, les logiciels audionumériques pour la radio, et continue de se frayer un chemin dans cet écosystème innovant pour permettre à ses clients d’accéder à des outils toujours plus disruptifs. Très confiant sur l’avenir de la voix, Bruno Tezenas du Montcel, le CEO de Netia, investit dans un nouveau studio.
Cécile Chaigneau
L’entreprise montpelliéraine Netia a resserré son activité autour de son métier historique, les logiciels audionumériques pour la radio.
L’entreprise montpelliéraine Netia a resserré son activité autour de son métier historique, les logiciels audionumériques pour la radio. (Crédits : Netia)

L'entreprise montpelliéraine Netia, éditeur de logiciels audionumériques pour les métiers de la radio (journalistes et techniciens), a changé de main il y a cinq ans, quand la société nantaise Radio Act l'a rachetée début 2017 à Orange. La filiale GlobeCast du groupe de télécommunication français l'avait acquise en 2008 auprès de ses fondateurs Christophe Carniel (fondateur, depuis, de Vogo) et Pierre Keiflin. En 2012, l'entreprise employait encore 70 salariés...

LA TRIBUNE - Comment se porte Netia, cinq ans après avoir été repris par Radio Act à Orange ?

Bruno TEZENAS DU MONTCEL, CEO de Netia - Netia était en train de mourir chez Orange, qui se dispersait dans toutes les directions pour en faire un outil "son", pas uniquement radio. Et moi, de l'autre côté de la table en tant que directeur technique chez France Media monde, je voyais cette dispersion et en radio, on n'avait plus le service ! Radio Act a décidé de reprendre l'entreprise et je les ai rejoints fin 2017. Nous avons resserré l'activité sur la radio et sur les clients déjà acquis. Netia est fort dans les rédactions car nos outils ont la capacité à faire travailler production et diffusion ensemble... Aujourd'hui, l'entreprise compte 30 salariés pour un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros, dont un peu moins de la moitié à l'export en Belgique, Maroc, Algérie, Arabie Saoudite, Oman, Malaisie, Singapour, Etats-Unis, etc. Un peu partout dans le monde sauf en Amérique latine, en Chine et en Russie. Nous avons des filiales (bureaux commerciaux, NDLR) en Australie à Sydney et aux Etats-Unis, ainsi qu'un salarié à Paris.

Qui sont les clients de Netia ?

Radio France, France TV pour les radio outre-mer, RTL, France Media Monde... Toutes les radios dotées de grandes rédactions. Aujourd'hui, l'enjeu est de garder nos clients et de servir leur évolution - plutôt que d'aller chercher des clients qui utilisent d'autres outils - et de faire du sur-mesure à partir d'une base logicielle commune.

Quelle est votre stratégie ?

Je m'appuie bien sûr sur Radio Act. Notre objectif est de faire de Netia un éditeur d'outils métiers s'intégrant avec d'autres outils, ceux dont je rêvais quand je faisais moi-même de la radio... Mon pari, c'est que le métier de journaliste radio va évoluer et à terme, ils seront tous des podcasters. Nous voulons accompagner cette évolution et un jour proposer nos outils à des podcasters

Justement, de quelle évolution métier pouvez-vous rendre comte dans le secteur de la radio ?

La première révolution a été la numérisation. La deuxième est celle de la "délinéarisation", c'est à dire qu'on consomme l'information par morceau. Aujourd'hui, c'est celle-ci que nous accompagnons... Nous nous sommes rendu compte du nouveau pouvoir de la voix. La preuve, Apple ou Google se sont mis au podcast ! Cet appétit pour l'audio fait que le métier de radio va changer profondément : l'objectif est toujours de faire un maximum d'audience sauf que les règles ont changé pour faire connaître, accrocher son audience et la maximiser car aujourd'hui, on peut écouter la radio quand on veut, en direct ou en podcast. Ces nouvelles pratiques de consommation impactent la manière dont les gens vont fabriquer le son. Notre engagement est d'être à l'écoute des besoins des journalistes, qui sont de plus en plus obligés de réfléchir "podcast",  et de leur apporter des outils adaptés. D'où la création d'un nouveau studio à Montpellier, qui nous permettra d'accueillir les usagers de nos logiciels pour nous exprimer leurs besoins.

Quelle sera la vocation de ce nouveau studio ?

C'est une idée qui a émergé post-Covid sur la base d'un constat : le télétravail, c'est bien pour certains sujets mais quand on travaille en équipe, il y a une vraie valeur ajoutée à se voir. Pour faire revenir les gens au bureau, ce bureau doit faire la preuve de son utilité. Je veux donc créer un studio pour mettre les salariés dans l'ambiance studio de radio, avec des outils pour tester nos idées, faire des enregistrements, travailler sur l'évolution des métiers et imaginer des cas d'usages innovants avec des partenaires de Coodio (cluster national de la voix et de l'audio, créé à Montpellier, NDLR) notamment. Je prévois aussi d'ouvrir ce studio aux étudiants de l'ESJ Pro. Il devrait être opérationnel avant l'été.

Lire aussi 7 mn« On sort de l'ère de l'image et on amorce un rééquilibrage vers la voix » (B. Illinger, Coodio)

Comment Netia se positionne-t-elle sur l'innovation, qui est permanente en matière de numérique ?

Mon pari, c'est que la révolution de l'audio numérique va changer notre expérience d'internet, qui va devenir audio. On commandera tout à la voix. Et le podcast, c'est le début de ce changement... On voit aussi que la qualité des jeux vidéo, l'environnement numérique et les personnages s'améliorent tellement que le cinéma tel qu'il est aujourd'hui ne survivra pas. Le fait que l'audio prenne une place prépondérante va nous faire basculer dans autre chose. Aujourd'hui, on voit aussi que beaucoup de monde entrent dans les médias de manière disruptive. Regardez les réseaux sociaux... L'ambition de Netia, c'est de construire un pont entre nos clients et tous ces disrupteurs qui détiennent une part de l'avenir avec leurs outils afin qu'ils ne se laissent pas distancer. Notre rôle, c'est de donner un chemin à nos clients pour accéder à ces disruptions.

Cécile Chaigneau

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