Avec ses solutions innovantes pour tyroliennes, la société catalane Pascet cible les grands parcs et les stations de ski

Détentrice du parcours aérien du Tyrovol à Porté-Puymorens (Pyrénées-Orientales), la société Pascet a breveté un système de chariot autonome pour remonter les tyroliennes. Cette innovation intéresse déjà des parcs mais aussi des stations de ski, en pleine mutation et en quête d’innovations. Pascet passe à la vitesse supérieure et se positionne désormais en développeur de solutions.
L'entreprise catalane Pacset, qui exploite le parc de tyroliennes le Tyrovol à Porté-Puymorens (Pyrénées-Orientales), a développé et fait breveter un système automatisé pour remonter les tyroliennes.
L'entreprise catalane Pacset, qui exploite le parc de tyroliennes le Tyrovol à Porté-Puymorens (Pyrénées-Orientales), a développé et fait breveter un système automatisé pour remonter les tyroliennes. (Crédits : DR)

Considérant la tyrolienne comme l'activité la plus dangereuse  sur un parcours acrobatique (risque de percussion entre les usagers), la société Pascet a développé, au sein de son parc le Tyrovol, situé à Porté-Puymorens (Pyrénées-Orientales), un centre de recherche et développement afin d'optimiser la sécurité mais aussi d'apporter sur le marché des solutions innovantes.

Dernier brevet en date de l'entreprise : un système automatisé pour remonter les tyroliennes. Une innovation qui a nécessité sept ans de R&D et un investissement de 340.000 euros, financé en partie par la Région Occitanie et Bpifrance.

Garantir une "visée au but"

Guide de moyenne montagne et pisteur secouriste, Floran Schaack a créé en 2006 le parc Tyrovol, plus grand parcours aérien de tyroliennes des Pyrénées. Très rapidement, ce détenteur d'un BTS en microtechnique a inventé un système de tyrolienne à deux câbles permettant de mieux gérer le freinage à l'arrivée.

« Dans cette logique sécuritaire, j'ai commencé dès 2015 à faire des recherches sur un système pouvant réguler automatiquement la descente d'une personne, freiner en fin de course et la poser à son point d'arrivée, mais les solutions électriques ne me permettaient pas d'obtenir ce résultat,  raconte Floran Schaack. En 2019, les technologies ayant évolué, j'ai travaillé avec un bureau d'études barcelonais sur la validation du concept. Un premier prototype a été testé sur le parcours du Tyrovol, puis on a fait une preuve de concept et déposé un brevet. »

Présenté au salon Alpipro en 2021, le concept intéresse plusieurs exploitants car outre son côté sécuritaire, il répond à la gestion des ressources humaines et matérielles sur de grandes tyroliennes.

« Une fois que la personne est arrivée à bon port, le chariot repart à son point de départ à une vitesse de 80km/h (soit une moyenne de rotation toutes les trois minutes - NDLR). Ce système permet de garantir une "visée au but" (transport d'un point A à un point B, quelle que soit la pente de la tyrolienne - NDLR) et il n'y a plus besoin d'un opérateur pour remonter, en véhicule ou en télésiège, les chariots et le matériel comme le baudrier...  Dès la première année, nous garantissons à nos clients une économie de 20.000 euros. »

Mutation des stations de ski

Autre avantage du système : il permet de passer par un pylône intermédiaire quand le profil du terrain n'est pas adapté à une courbe classique. C'est ce point qui intéresse particulièrement un parc de quatre tyroliennes parallèles à Melbourne, en Australie.

Dans les Alpes, la station Valloire a alloué à Pacset un budget de 240.000 euros pour la commande d'une tyrolienne double de 1.300 mètres de long sur laquelle seront installés des chariots automatiques. Livraison prévue au printemps 2023. Ce projet, qui fait suite à un appel d'offres portant sur 1,3 millions d'euros d'investissement, est mené conjointement avec le parc Indiana'Ventures à Morzine (Haute-Savoie), inventeur du slalom fly, système de tyrolienne à virage, comme les roller coaster des fêtes foraines.

« A l'heure de la mutation des stations de ski en stations de montagne, 90% des projets comportent l'installation d'une tyrolienne, le marché est donc très porteur », se réjouit Floran Schaack.

Au printemps prochain, Pacset devrait présenter une solution adaptée aux tyroliennes de taille moyenne (100 à 300 mètres) installées sur la plupart des parcours acrobatiques.

Un consortium pour innover

Alors que le parc Tyrovol (cinq salariés), ouvert d'avril à octobre, génère un chiffre d'affaires d'environ 130.000 euros, la société Pacset, qui compte sur ses compétences technologiques pour booster ses revenus, a constitué un consortium de sept entreprises travaillant autour du développement et de la mise en en œuvre de solutions novatrices.

« De plus en plus d'entreprises nous demandent des solutions personnalisées, confie le dirigeant. Nous travaillons par exemple pour une société italienne qui cherche un système pour tracter son module de contrôle de câble. Grâce à ce consortium, nous sommes identifiés comme développeur de produits. »

En parallèle, la société catalane a signé un contrat de distribution en France, en Espagne et Andorre avec le Briançonnais Clou SVA, inventeur d'une solution écoresponsable de fixation aux arbres, moins dommageable que le système conventionnel d'étranglement.

« De nombreux constructeurs de parcs changent de paradigme et souhaitent muter vers de nouveaux systèmes d'ancrage, constate Floran Schaack. Nous sommes ainsi intervenus sur plusieurs parcs français - Cantal, région parisienne, Bretagne - et nous avons accompagné le concepteur Arbre et Aventure sur quelques Center Parcs, en France et en Allemagne. »

De nouveaux projets, notamment avec le constructeur Amazone Adventure, sont dans les tuyaux. En forte progression, cette nouvelle activité devrait rapporter cette année 180.000 euros à la société catalane.

Passage à un modèle industriel

S'appuyant sur une offre de services diversifié, Pacset ambitionne d'atteindre le million d'euros de chiffre d'affaires en 2026. D'une structure artisanale, la société évolue vers un modèle industriel, une transition qu'elle n'avait pas vraiment anticipée mais dont elle compte bien tirer profit.

« Le fait de travailler en réseau avec la CCI, des incubateurs ou Bpifrance va nous permettre de trouver de nouveaux financements, projette Floran Schaack. Dès que nous serons passés en phase industrielle, nous avons en projet de ramener la production, aujourd'hui en Rhône-Alpes, à Porté-Puymorens. »

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