Entrée en jeu de BPCE et Bimpli : les nouvelles ambitions de Swile

L’opération, annoncée en juillet dernier, vient d’être conclue : en lui cédant sa filiale Bimpli, le groupe bancaire BPCE devient actionnaire de référence (22%) de Swile, licorne montpelliéraine du secteur de la worktech. Une alliance qui donne une nouvelle assise à la jeune entreprise sur le podium des leaders français des avantages salariés.
Cécile Chaigneau
Loïc Soubeyrand, fondateur et CEO de Swile.
Loïc Soubeyrand, fondateur et CEO de Swile. (Crédits : Swile)

(Article mis à jour le 5 janvier 2022, à 10h45)

Comme annoncé en juillet dernier, Swile, licorne montpelliéraine du secteur de la worktech, et le groupe BPCE (Banque Populaire, Caisse d'Epargne, Banque Palatine et Oney, Natixis Corporate & Investment Banking) confirment leur alliance le 5 janvier, après avoir obtenu l'aval des autorités réglementaires.

L'opération s'est conclue par l'acquisition de Bimpli, filiale à 100% du groupe BPCE, par Swile, en échange d'une prise de participation de BPCE au capital de Swile à hauteur de 22%. Le groupe bancaire, qui devient ainsi le premier actionnaire de la worktech, a également reçu 150 millions d'euros sous forme d'obligations convertibles préférentielles.

« Ce rapprochement fait de Swile un leader français des avantages salariés et confirme notre ambition de devenir un acteur mondial de la worktech, souligne Loïc Soubeyrand, le fondateur et CEO de Swile. Il existe une forte complémentarité entre Swile et Bimpli, qui est historiquement très présent sur les grands comptes et les marchés publics tandis que Swile est plutôt sur les petites et moyennes entreprises. Cette alliance nous permet donc d'avoir un portefeuille clients plus équilibré. »

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Complémentarité

Mais ce n'est pas tout : la complémentarité se joue aussi sur l'offre de services. En 2021, BPCE avait réorganisé Bimpli en regroupant sous cette enseigne les activités du groupe dans le ticket-restaurant (Apetiz), les chèques cadeaux (Cado), les chèques de services à la personne (Cesu), les services aux comités d'entreprise (Comiteo) et d'autres services annexes, comme le bien-être des salariés ou les cagnottes (Le Pot Commun). Autant de services que ne proposait pas Swile qui, en revanche, propose notamment une offre de titre-mobilités depuis le rachat de la startup parisienne Okarito (plateforme de réservation de voyages professionnels avec une gestion centralisée permettant de s'affranchir des notes de frais dans une interface unique).

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L'objectif est donc bien d'étoffer l'offre et de proposer aux entreprises un guichet unique vers une gamme de services numériques à destination des salariés via une carte et une application mobile.

« Cette alliance stratégique entre un grand groupe bancaire et une licorne, inédite, vise à accélérer notre développement sur de nouveaux territoires d'innovation, commente Yves Tyrode, directeur général Digital & Payments du Groupe BPCE. En tant que premier actionnaire de Swile, le Groupe BPCE continuera d'accompagner la croissance des activités d'avantages salariés issues de Bimpli. Les activités de la worktech constituent en effet un relais de croissance important pour le groupe, pour accompagner nos clients Entreprises dans leurs enjeux de recrutement et de fidélisation des talents. »

L'offre de services pour les salariés vient en effet compléter la gamme de services que peut proposer une banque à sa clientèle professionnelle.

Changement d'échelle et profitabilité

Le premier marché de Swile reste celui du titre-restaurant. Cette nouvelle alliance permet d'ailleurs à Swile de changer d'échelle : « Le marché des titres-restaurant est un marché de volume et ensemble, nous devenons leader du marché, dans un mouchoir de poche avec Edenred, en passant la barre des 3 milliards d'euros de volumes gérés », indique Loïc Soubeyrand.

Swile annonce ainsi aujourd'hui 5 millions d'utilisateurs de sa carte Swile dans 75.000 entreprises clientes. Parmi elles : Carrefour, Le Monde, JCDECAUX, le PSG, Airbnb, Spotify, Red Bull ou TikTok dans le secteur privé, mais aussi « de nombreuses collectivités locales et des références ministérielles pour le secteur public ».

Le nouvel ensemble Swile-Bimpli affirme désormais « générer un revenu annuel récurrent de 140 millions d'euros en 2022 », et Loïc Soubeyrand déclare viser la profitabilité en 2023 sur le marché français - le dirigeant prévoit un atterrissage du chiffre d'affaires à 200 millions d'euros en 2023 - et dès 2024 au niveau du groupe, Swile opérant aujourd'hui sur la France et le Brésil.

Edenred conteste toutefois le classement indiqué par Loïc Soubeyrand et affirme à La Tribune qu' « il reste le leader incontesté ». Sur le marché français, Edenred estime « avoir une part de marché d'environ 55 à 60% sur le digital, avec plus de 2 millions de cartes actives » et annonce que son chiffre d'affaires 2022 sur le territoire qui « devrait être le double que celui annoncé par Swile ». Le groupe concurrent indique par ailleurs qu'à l'international, « Edenred opère dans 45 pays, le plus souvent en position de leader, avec 52 millions d'utilisateurs et 950.000 clients ». Enfin, le concurrent de Swile souligne au passage un bilan encore loin de la rentabilité pour la licorne montpelliéraine, rappelant que, selon les comptes qu'elle avait publiés au moment de l'entrée en négociations exclusives pour l'acquisition de Bimpli, Swile, créée en 2018, avait enregistré en 2021 une perte de 41 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 11 millions...

« L'avenir ne dépend plus de la volonté d'investisseurs »

La licorne emploie désormais 1.000 collaborateurs, dont les quelque 400 salariés de Bimpli qui resteront à Paris et Toulouse.

« Notre objectif maintenant est de faire en sorte que les deux sociétés ne soient pas concurrentes l'une de l'autre à court terme sur les différentes offres, notamment titres-restaurant, et progressivement arriver à une seule et unique marque d'ici 12 à 18 mois », annonce Loïc Soubeyrand.

Concernant les ambitions de déploiement à l'international, en dehors de la France et du Brésil, le jeune dirigeant estime que cette alliance donne une assise nouvelle à l'entreprise et la positionne pour saisir des opportunités.

« Ce qu'on vise, c'est de créer un leader mondial de la worktech, confirme-t-il. Le chemin pour y arriver passe par des fondations fortes en France et au Brésil. Quoi qu'il se passe, l'avenir de la boîte est 100% sécurisée et pérenne et ne dépend plus de la volonté d'investisseurs, ce qui ne veut pas dire qu'on n'aura pas recours à des levées de fonds pour nous développer de manière offensive. »

Quels pays vise Swile, avec quelle stratégie et sur quel calendrier ? Le jeune entrepreneur reste évasif : « Le marché de la worketch est un marché mondial, et on verra après ! ».

En attendant, Loïc Soubeyrand liste trois enjeux majeurs pour 2023 : « Réussir l'intégration de Bimpli en continuant de générer de la croissance et en visant la profitabilité, continuer notre croissance explosive au Brésil, et mettre un coup d'accélérateur sur le titre-mobilité, qui est naissant, après le rachat d'Okarito dont nous sommes maintenant prêts à déployer l'offre voyages d'affaires ».

Cécile Chaigneau

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