Instadrone se lance sur le transport médical par drone en France et en Afrique

Le transport médical d'échantillons par drones est en devenir. Il va faire l’objet d’une expérimentation à Montpellier, opérée par l’entreprise héraultaise Instadrone et le groupe montpelliérain de laboratoires d’analyses Inovie. Objectif : pérenniser un modèle économique de rotations commerciales, en France mais aussi en Afrique. En déplacement avec la délégation française de Business France la semaine dernière à Kinshasa - où il a croisé le Président Macron -, Cédric Botella, le fondateur d’Instadrone, s’apprête à ouvrir une filiale dans la capitale congolaise.
Cécile Chaigneau
Instadrone et le groupe montpelliérain de laboratoires d'analyses Inovie veulent développer un modèle de rotations commerciales pour le transport d'échantillons de sang par des drones.
Instadrone et le groupe montpelliérain de laboratoires d'analyses Inovie veulent développer un modèle de rotations commerciales pour le transport d'échantillons de sang par des drones. (Crédits : DR)

Le drone, mieux que les deux-roues passe-partout dans une circulation congestionnée ? Pour cette technologie, qui se déploie dans de nombreux secteurs pour de multiples applications, le transport médical est un segment en devenir, afin de transmettre des échantillons destinés à l'analyse (tissus humains, urine, prises de sang) à des laboratoires. Des tests ont déjà été opérés ici et là depuis quelques années. L'entreprise héraultaise Instadrone, spécialisée dans la captation de données par drones, veut transformer l'essai en un modèle économique pérenne de rotations commerciales.

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Elle se prépare à déployer une expérimentation en collaboration avec le groupe montpelliérain de laboratoires d'analyses Inovie.

« Il y a quelques semaines, nous avons signé un accord avec Inovie pour la mise en place, en France, de livraison par drones de flacons sanguins à des fins d'analyse, explique à La Tribune Cédric Botella. Comme le groupe va ouvrir un plateau technique à Kinshasa, nous allons les accompagner pour déployer aussi ce service en Afrique. »

Former des jeunes à Kinshasa

En Afrique, Cédric Botella y était du 28 février au 5 mars, avec la délégation française de Business France. A Kinshasa (République Démocratique du Congo, RDC) précisément, où il a d'ailleurs croisé le Président Emmanuel Macron le 4 mars...

« Business France nous a permis de rencontrer le ministre des Mines, le Secrétaire général de l'Agriculture et le Secrétaire général aux nouvelles technologies de la RDC, ainsi que des entreprises de Kinshasa comme Orange RDC ou la société d'électricité nationale, raconte le dirigeant. Nous sommes en totale adéquation avec la vision d'Emmanuel Macron sur les futurs partenariats économiques entre l'Afrique et la France (pas question de « venir plaquer des solutions toutes faites », a assuré le président français, NDLR) et sur le principe du transfert de technologie. A Kinshasa, nous allons former des jeunes au pilotage de drones et au traitement de la donnée. J'investis, avec des associés de Kinshasa, pour ouvrir une filiale et un centre de formation sur place. Les secteurs où les drones seraient nécessaires sont les mêmes que chez nous : agriculture, urbanisme, topographie et télécommunications, mais aussi les mines. Nous avons constaté que la RDC a notamment un besoin de mise à jour de sa cartographie dans l'agriculture, de ses plans d'urbanisme ou de ses plans de télécommunication. Les statuts de notre filiale sont créés, nous avons déjà deux associés, et nous serons installés d'ici deux mois au Silikin Village, un hub de startups, afin de créer des synergies avec les acteurs locaux. Nous recruterons cinq personnes sur place. »

Instadrone en Afrique (mars 2023)

Xavier Niel, qui détient 30% de l'actionnariat d'Instadrone, a fait le déplacement en Afrique avec la délégation française de Business France, où il a pu échanger avec Cédric Botella, fondateur d'Instadrone, et avec le représentant du groupe Inovie. (© DR)

Un couloir aérien dédié

« En Afrique, le recours au drone pour des transports médicaux est encore plus nécessaire, souligne Cédric Botella. Kinshasa compte plus de 17 millions d'habitants et la ville est un perpétuel embouteillage ! C'est presque inenvisageable de transporter du sang de manière efficace, donc le drone s'impose. Ailleurs, les structures routières ne sont pas adaptées ou trop détériorées. Quant à la réglementation, tout est à faire ! Nous pourrions démarrer fin 2023. »

En France, le dirigeant estime que ce qui s'est fait jusqu'à présent en matière de livraison par drone n'est « que de la communication »... En Belgique, en août 2022, un vol expérimental avait permis à un drone de relier deux hôpitaux afin de transmettre des tissus humains à un laboratoire d'analyse. Il s'agissait d'une première en Europe, tandis que l'application de la nouvelle réglementation européenne permettant la généralisation du transport de tissus humains par drones devrait intervenir en 2023.

« L'expérimentation que nous allons démarrer fin 2023 ou début 2024 avec Inovie à Montpellier prévoit la création d'un couloir aérien dédié, en accord avec la préfecture, la Métropole, la Région et la CCI, indique Cédric Botella. Aujourd'hui, la réglementation permet de voler en zones urbaines dans des zones prédéfinies à l'avance et sur des autoroutes dédiées. Ce que nous voulons mettre en place, c'est un couloir aérien perpétuel, destiné à des rotations régulières toute la journée sans avoir d'autorisation à demander pour chaque vol. Tout n'est pas encore défini, notamment en termes de hauteur de vol et de vitesse, et une étude est en cours avec les services de l'Etat. L'objectif est de décongestionner le trafic et d'augmenter la rapidité des analyses médicales. »

Avec quels risques à considérer ? Selon Cédric Botella, « le risque de percuter des oiseaux est infime, on ne peut pas percuter d'aéronef habité car on sera en-dessous du plafond, et il faut que les drones soient géolocalisés et puissent communiquer entre eux pour éviter les collisions ».

« Encore une fois, l'objectif n'est pas qu'une expérimentation mais bien qu'il y ait un modèle économique à la clé de rotations commerciales », insiste-t-il.

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Soutenir sa politique à l'export

Instadrone a terminé l'année 2022 sur un chiffre d'affaires de 6 millions d'euros, soit « une croissance de 45% », se félicite Cédric Botella. L'entreprise emploie près de 25 salariés et annonce une dizaine de recrutements en 2023, notamment pour soutenir sa politique de développement à l'export.

La PME compte une trentaine d'agences en France (la dernière ayant été ouverte sur la Métropole de Bordeaux) et 8 à l'étranger (Pologne, Italie, Bénélux, Maroc à Agadir et Rabat, Angola, Sénégal, Oman et Espagne).

A l'étroit dans ses locaux de Servian, Instadrone s'installera sur le Technoparc de Mazeran de Béziers où elle vient de se voir attribuer une parcelle.

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Cécile Chaigneau

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Commentaires 2
à écrit le 10/03/2023 à 17:35
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"transport médical par drone en France et en Afrique" Éviter l’Ukraine ,il va être dégommé.

à écrit le 10/03/2023 à 12:31
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Une société français qui ne sait même pas à quoi ressemble la croix rouge. La croix qui est sur la boxe sous le drône est une croix suisse. Visiblement dans cette société il n'y a pas que des gens compétents.

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