A Banyuls, Plastic@Sea dope ses moyens pour accélérer sur la lutte contre la pollution plastique

Plastic@Sea vient de lever 640.000 euros pour accélérer son développement commercial. Hébergée à l’observatoire océanologique de Banyuls (Pyrénées-Orientales), la biotech, qui propose des solutions pour tester la biodégradabilité et la toxicité des plastiques dans l’environnement, renforce ses capacités de production pour intensifier ses recherches en utilisant des protocoles innovants. Parmi ses ambitions : trouver des alternatives moins polluantes au plastique et se développer à l’international.
La startup catalane Plastic@Sea propose des solutions pour tester la biodégradabilité et la toxicité des plastiques dans l'environnement afin de diminuer leurs effets sur les écosystèmes.
La startup catalane Plastic@Sea propose des solutions pour tester la biodégradabilité et la toxicité des plastiques dans l'environnement afin de diminuer leurs effets sur les écosystèmes. (Crédits : Plastic@Sea)

Issue de l'incubateur d'entreprise Arago de l'Observatoire océanologique de Banyuls, la biotech Plastic@Sea vient de réaliser une levée de fonds de 640.000 euros auprès de BNP Paribas, Bpifrance et un business-angel.

« L'objectif est de maîtriser notre croissance pour rester leader sur le marché », déclare Anne-Leila Meistertzheim, la présidente et cofondatrice de Plastic@Sea, qui conserve néanmoins une forte majorité au capital.

Des moules sentinelles

Créée en 2018, la startup (18 salariés) propose des solutions in vivo et in vitro pour tester la biodégradabilité et la toxicité des plastiques dans l'environnement afin de diminuer leurs effets sur les écosystèmes. Plastic@Sea a ainsi breveté des aquariums en circulation ouverte sur la mer qui lui permettent de tester les polymères et d'évaluer la biodégradation des produits manufacturés au plus près des conditions naturelles (courant marin, lumière, température,...).

Pour mettre en évidence la toxicité des microparticules, macroparticules ou nanoparticules de plastiques, la biotech utilise différents tests sur plusieurs organismes (bactéries, algues, larves...).

« Ce sont des tests de contact de quelques heures mais comme cela ne suffisait pas à réellement démontrer leur impact sur la biodiversité, nous avons basculé sur des tests chroniques plus longs, 100 jours, précise la chercheuse en biologie marine. L'idée est de mesurer l'effet long terme que pourraient avoir certaines formes de plastiques sur la biologie marine. Pour la première fois, nous avons pu diversifier les tests sur des métaux ou des produits cosmétiques en utilisant des moules. »

Immergés dans l'eau de mer, ces mollusques, qui filtrent 25 litres d'eau par jour pour se nourrir, sont considérés comme de vrais biomarqueurs pour la pollution.

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Accompagner les industriels du plastique

Ces tests longue durée sont une avancée majeure pour la biotech qui, depuis sa création, a investi plus de 300.000 euros dans la recherche et le développement de nouvelles prestations pour accompagner au plus près les industriels du plastique dans leur production, leur transformation ou leurs usages.

Face aux interdictions de mise sur le marché de certains plastiques à usage unique ou d'emballage, des solutions alternatives avec des polymères et des additifs moins polluants voient le jour. Dans ce contexte, Plastic@Sea, qui mène également plusieurs projets avec des institutions privées ou publiques (Compagnie Nationale du Rhône, Agence de l'eau, Ademe,...), entend jouer son rôle.

« Dans les années qui viennent, il faudra pouvoir proposer des polymères innovants alternatifs dont la biodégradabilité pourra être contrôlée en jouant sur leur physico-chimie et dont on anticipera dès leur conception le devenir et les impacts potentiels en fin de vie, analyse Anne-Leila Meistertzheim. Jusqu'à présent, les clients venaient à nous mais aujourd'hui, il est temps d'accélérer notre croissance externe en nous déployant à l'international. »

La startup, qui souhaite élargir sa clientèle aux secteurs du packaging alimentaire, du bâtiment ou des transports, vise l'Asie (Japon, Chine), les Etats-Unis et l'Europe. L'équipe de Plastic@Sea devrait ainsi s'étoffer cette année avec le recrutement de deux commerciaux.

Une filière bleue

Mais pour tenir ses ambitions, la biotech, qui occupe la totalité de l'incubateur Arago, a besoin d'espace. Pour accroître ses capacités de production, elle va donc s'installer dans un nouveau site technique dont les travaux viennent de démarrer. Le projet de 600.000 euros est mené conjointement avec la mairie de Banyuls. La livraison du site est prévue pour la fin de l'année.

« Nous allons pouvoir augmenter notre zone de test et ainsi être en mesure, demain, de répondre à la demande de nos futurs clients, indique la dirigeante qui pense déjà au surlendemain. La communauté de communes de Banyuls souhaite développer une filière autour de l'économie bleue. Ce nouvel hôtel d'entreprises sera une vitrine de la diversité de tous les acteurs du territoire - aquaculteurs, paysans de la mer, recyclage de produits pour le transport - qui sont aujourd'hui très dispersés. »

Dans ce projet de tiers lieu de 2.500 m2 estimé à 4 millions d'euros, 11 entreprises devraient être accueillies, dont Plastic@Sea qui a déjà réservé 500 m2 pour déménager ses bureaux et son laboratoire.

La biotech, qui vise les deux millions de chiffres d'affaires annuels, se retrouverait ainsi au cœur d'une production en économie circulaire propice à la transition plastique. Un défi alors que 200.000 tonnes de déchets continuent d'être récupérés chaque année en Méditerranée, l'équivalent de deux camions bennes par heure...

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