Objectif Drone déploie ses engins sur de nouveaux usages

Fabricant de drones dédiés aux secteurs du bâtiment et de la désinsectisation, Objectif Drone élargit son champ d’applications en se lançant notamment sur les domaines agricoles et photovoltaïques. Son carnet de commandes est rempli et ses drones suscitent de nouvelles vocations chez de jeunes entrepreneurs. En parallèle, la société, basée à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), poursuit ses formations liées aux nouveaux usages par drone.
Initialement fabricant de drones dédiés aux secteurs du bâtiment et de la désinsectisation, Objectif Drone élargit son champ d’applications.
Initialement fabricant de drones dédiés aux secteurs du bâtiment et de la désinsectisation, Objectif Drone élargit son champ d’applications. (Crédits : Objectif Drone)

Face aux géants chinois ou américains, les fabricants français de drones se concentrent sur des segments spécialisés. Créée en 2019 à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), la société Objectif Drone (une dizaine de salariés) s'est d'abord spécialisée dans la lutte contre la prolifération des chenilles processionnaires. Son drone Ares s'est rapidement positionné comme une alternative aux épandages d'insecticides. Avant de capter d'autres secteurs.

« En France comme en Europe, les utilisations professionnelles de drones explosent, constate Olivier Careau, président et fondateur d'Objectif Drone. Traitements agricoles, désinsectisations, démoussage, épandage... Jamais nous n'aurions imaginé, en 2019, le succès que nous rencontrons aujourd'hui. Et ce n'est pas fini car de nouveaux domaines d'activités s'ouvrent à nous. »

Des modèles peu complexes

Dans son atelier, Objectif Drone assemble de A à Z deux modèles de drones homologués : Atlas et Ares. Tous deux sont construits autour d'un châssis en carbone mais l'un est de type quadricoptère tandis que le second a huit moteurs. Ils sont équipés d'un système de positionnement par GPS, d'une caméra embarquée couplée à un retour vidéo pour visualiser à distance la cible, ainsi que d'un matériel de pulvérisation (pompe, lance et tuyau, etc.).

« La conception de nos drones est volontairement simple car nous avons raisonné en termes de facilité de pilotage, précise le dirigeant d'Objectif drone qui a vingt ans d'expérience dans l'aéromodélisme. Pour autant, nos modèles sont très fiables, assez légers et raisonnables en prix (à partir de 8.000 euros HT mais compter 20.000 à 30 000 euros avec options, NDLR). De plus, nous sommes l'un des derniers constructeurs à assurer le SAV de nos machines. »

En 2022, la société, qui a réalisé un chiffre d'affaires d'un million d'euros, a triplé sa production en livrant 130 drones.

Formations obligatoires

Piloter un drone de loisirs de plus de 800 grammes nécessite une qualification professionnelle, le CATD (Certificat d'aptitude de télépilote de drones) comprenant une formation théorique et une formation pratique (80 heures en moyenne). Objectif Drone a donc développé une plateforme de formations certifiantes pour préparer l'examen (sur dix jours). Mais au-delà de cette école de pilotage, aucun drone n'est vendu sans une formation préalable de cinq jours en présentiel.

« Piloter un drone à usage professionnel dans un milieu hostile demande une certaine technicité, de l'apprentissage ainsi que des informations sur la prévention des risques, détaille Olivier Careau. Nous développons les compétences pour tout type de missions et d'aide à la maîtrise d'outils : photogrammétrie, perfectionnement prises de vue, post production, montage... »

L'an dernier, Objectif Drone a formé près de 200 pilotes sur sa plateforme d'Argelès-sur-Mer et sur une base initiée par l'un de ses clients, à Chambord : « Certains de nos clients ouvrent de petites antennes de perfectionnement de pilotage un peu partout en France, se félicite le dirigeant. Une véritable communauté s'est créée autour de nous et l'entraide est hallucinante ».

Nettoyage des panneaux photovoltaïques

Accès à des lieux inaccessibles ou difficilement praticables, inspection en temps réel, données techniques précises, retour sur investissement rapide... Le drone utilisé pour des chantiers, notamment dans le secteur du BTP, coche toutes les cases. Et donne lieu à de nouvelles vocations. Imprimeur au Midi Libre, Sébastien Pintard, passionné de drones, s'est d'abord tourné vers les vidéos aériennes avant de se spécialiser dans le nettoyage des panneaux photovoltaïques et des toitures via son entreprise Vision R, basée à Prades-le-Lez (Hérault). Suite à un stage sur la plateforme d'Objectif Drone et l'acquisition d'un modèle Ares, il s'est associé avec Ludovic Charpentier, dirigeant de BC Drone.

« Le fait d'être à deux sécurise les interventions car la tension du tuyau peut à tout moment déstabiliser le drone », explique Sébastien Pintard.

Avec un coût moyen de 6 euros le m2, le nettoyage par drone est beaucoup plus économique (10 euros le m2 pour une méthode classique), plus rapide (un toit de 200 m2 est traité en un quart d'heure), plus écologique aussi, les produits pulvérisés étant biodégradables.

Toitures, façades, panneaux solaires...La société Vision R a déjà a son actif plusieurs missions. Un important chantier sur Rungis est d'ailleurs en cours de négociation.

« Il s'agit d'un nettoyage d'étanchéité d'une toiture de 20.000 m2, confie le jeune dirigeant. D'autres projets sont en cours et nous souhaitons pouvoir nous développer en Occitanie. »

Blanchiment des serres

De son côté, Objectif Drone se réjouit de l'engouement suscité par ses drones, à l'origine de nouvelles créations d'entreprises. Son carnet de commandes ne désemplit pas et si les clients sont pour l'heure implantés essentiellement en France, la société envisage de se déployer sur les pays limitrophes, notamment en Belgique et en Espagne.

Pour capter le marché porteur du blanchiment des serres agricoles, la société se prépare à lancer un nouveau drone, roulant cette fois, baptisé Pégase.

« Le blanchiment régule la température et l'hygrométrie des serres pour favoriser un rendement optimal. Grace à ce procédé, la serre peut perdre jusqu'à 5°. Si jusqu'à présent le blanchiment se faisait par hélicoptère, le drone offre de nouvelles possibilités, assure le dirigeant. Avec ses 200 mètres de tuyaux, Pégase pourra pulvériser la couche d'ombrage de façon beaucoup plus précise et plus uniforme. Nous allons ainsi continuer à nous adapter au marché en fabriquant des drones spécifiques par application. Notre vision est très pragmatique. »

Pour consolider sa société, Olivier Careau vient de faire entrer dans le capital un investisseur dont il tait le nom.

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