Smoove sur le point de détrôner JCDecaux à Paris ?

Le Montpelliérain Smoove, spécialiste du vélo en libre service, saura, lors de la commission d'appel d'offres du 12 avril, s'il remporte le très convoité marché parisien des Vélib’. Face aux inquiétudes nées chez JCDecaux, qui pourrait perdre le contrat, la commission a annoncé, le 3 avril, que le futur délégataire aura l'obligation de nouer un dialogue constructif avec les salariés du géant publicitaire.
Cécile Chaigneau

Le marché parisien du vélo en partage arrivant à échéance, le syndicat mixte Autolib' et Vélib' Métropole a lancé un appel d'offres pour renouveler le dispositif du Vélib' (20 000 vélos) pour les quinze prochaines années.

Le dispositif de vélo en libre service à Paris représente à ce jour 315 salariés, 300 000 abonnés longue durée, 40 millions de trajets par an et plus de 300 millions depuis le début du service.

La surprise est venue du choix que s'apprêterait à faire le syndicat : écartant l'offre de renouvellement du groupement JCDecaux-RATP-SNCF, qui exploite le marché depuis sa création en 2007, il préférerait le groupement d'entreprises Smoovengo, emmené par la PME montpelliéraine Smoove, associée au Catalan Moventia, à Indigo (ex-Vinci Park) et à Mobivia (ex-Norauto).

Mais la décision doit encore être entérinée par la commission d'appel d'offres. Dans un communiqué du 1er avril, le Syndicat Autolib' Vélib' Métropole indique avoir « classé en tête l'offre du groupement Smoovengo ». C'est seulement le 12 avril prochain qu'interviendra la délibération.

Smoove silencieux

C'est Le Parisien qui, le 23 mars, avait annoncé l'imminente victoire de la PME montpelliéraine Smoov sur le mastodonte JCDecaux, prestataire sortant du très convoité marché des Vélib' parisiens.

 « La commission d'appel d'offres du syndicat mixte Autolib' et Vélib' Métropole a examiné, mardi 21 mars, les offres des candidats pour le nouveau Vélib' métropolitain, avait pourtant écrit l'entreprise montpelliéraine dans un communiqué le 21 mars. Le classement des offres ne pourra être confirmé qu'après production et validation des pièces administratives sollicitées auprès du candidat pressenti. Enfin, le Conseil Syndical sera amené à délibérer sur le choix proposé mi-avril. En conséquence, par respect de la procédure et des collectivités membres du syndicat, il est prématuré, et donc hasardeux, d'annoncer un candidat retenu tant que la procédure en cours n'est pas achevée. »

Néanmoins, les articles et les réactions se multiplient tant la surprise est grande de voir un petit Poucet détrôner le très présent afficheur JCDecaux... Sollicité par Objectif Languedoc-Roussillon, Laurent Mercat, le fondateur de Smoove et président du groupement Smoovengo, ne confirme ni n'infirme l'information. Le dirigeant est prudent, ne souhaitant pas mettre en péril la procédure en cours.

26 villes équipées dans le monde

Créée en 2008, Smoove compte aujourd'hui 38 salariés et a réalisé un chiffre d'affaires de 9 M€ en 2016. La PME a installé son siège social à Saint-Gely-du-Fesc près de Montpellier (34) et son bureau d'étude et d'ingénierie à Oullins près de Lyon (69).

Son offre : « Fournir à des villes, des sociétés d'exploitation de service de mobilité ou des entreprises, une solution globale de services vélos avec un accent sur les systèmes de vélos en libre-service intégrés dans une offre multimodale ».

Smoove, qui a réalisé ses premiers projets en France, s'est vite développée à l'international. Aujourd'hui, elle équipe plus de 26 villes dans 14 pays : Montpellier, Clermont-Ferrand, Strasbourg, Annemasse, Belfort, Chalon-sur-Saône, Lorient, Lorient, Saint-Etienne, Avignon, Nice, Grenoble ou Valence, mais aussi Vancouver, Helsinki, Marrakech, Moscou, Chicago, Bangkok ou Corfou. Soit 715 stations vélos, 8 800 vélos en libre-service et 13 000 vélos de location longue durée.

Soupçons de « dumping social »

Si le marché n'est pas encore officiellement attribué, JCDecaux dit, dans un communiqué publié le 1er avril, s'étonner « de la décision de la commission d'appel d'offres du Syndicat Autolib' Vélib' Métropole de retenir l'offre du groupement Smoove dans le cadre de la compétition Vélib'2 ».

« Le groupement JCDecaux/RATP/SNCF est d'autant plus surpris de la décision reçue vendredi 31 mars qu'il a obtenu la meilleure note sur tous les critères de notation non financiers, c'est-à-dire le critère "exploitation, entretien, maintenance du dispositif, communication institutionnelle, suivi du service" et le critère "conception, fabrication et déploiement du système". Son concurrent ne l'emporte donc que sur le critère du prix. »

Le groupe dit s'inquiéter en premier lieu de l'aspect humain de ce marché, soulignant qu'à ce jour, 315 salariés travaillent pour le dispositif Vélib', et regrettant que ne soit pas prévue une « reprise de plein droit des équipes par le nouvel exploitant ».

« Le groupement s'inquiète que cet écart se fonde sur un dumping social, avec une proposition excluant la reprise de l'ensemble des personnels et reposant sur de nouvelles équipes inexpérimentées, moins nombreuses et à des conditions sociales et salariales dégradées », conclut-il dans son communiqué.

La réponse du Syndicat mixte Autolib' Vélib' Métropole est venue par l'intermédiaire d'un communiqué le 3 avril.

« Le prestataire actuel et le prestataire futur seront mis en situation d'assurer en responsabilité la continuité du service Vélib', veut rassurer le syndicat. Le respect des salariés en est une condition essentielle. C'est pourquoi dès le 12 avril prochain, le syndicat demandera au futur prestataire d'engager un dialogue constructif avec les salariés et sera très vigilant à sa conduite. »

L'atout technologique

Pourtant, l'offre de Smoovengo a peut-être d'autres atouts que celui du prix. Les équipements de Smoove incluent en effet « des vélos équipés d'une Smoove Box, de mobiliers de stationnement passifs et sans câblage, de kiosks d'abonnement et d'information (pour la plupart solaires) conçus pour s'implanter simplement avec le minimum de génie civil, être robustes, résistants au vandalisme et réduire les besoins de maintenance ».

La Smoove Box, technologie communicante embarquée protégée par un brevet international, dote notamment le vélo d'un émetteur actionnant la « fourche cadenas » afin de sécuriser le vélo en station et hors station. S'y ajoutent des solutions logicielles permettant la gestion des vélos, des abonnés, des locations, des paiements et leur intégration dans des systèmes d'information tiers, notamment liés aux transports publics.

MAJ du 4 avril 2017 : Dans un communiqué adressé aux rédactions le 4 avril 2017, le groupement Smoovengo déclare : « Les projets de vélos en libre-service sont créateurs d'emplois non délocalisables. La dimension sociale du projet est une priorité non seulement pour le Syndicat mais aussi pour Smoovengo. 
Si le marché lui est notifié, Smoovengo débutera les dialogues de recrutement de ses équipes dans le cadre d'une démarche bien évidemment largement et prioritairement tournée vers les salariés de l'actuel exploitant, en proposant à tous ceux que ce dernier ne voudrait pas garder pour ses activités publicitaires, de rejoindre Smoovengo. 
Les entreprises Indigo et Moventia sont, dans leurs activités propres de stationnement et de transport public, habituées à intégrer des personnels provenant d'autres entreprises ».

Cécile Chaigneau

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Commentaires 2
à écrit le 04/04/2017 à 9:28
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On va donc en théorie pouvoir juger concrètement le 12 Avril prochain de l'utilité et de l’efficacité d'un syndicat ! Espérons que la raison et le bon sens l'emportent...

à écrit le 03/04/2017 à 19:29
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C'est très bien mais quel sera le coût pour les utilisateurs 😆

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