Comment la solution digitale My Addie propose de gérer les pulsions addictives

La toute jeune startup héraultaise My Addie sort des sentiers battus sur un terrain sensible : les addictions et leur prise en charge. Des problèmes que la fondatrice, Ashley Taieb dit bien connaître, se présentant elle-même comme une ancienne addict, notamment à la drogue. La jeune femme, qui vient de sortir un livre sur son parcours, propose une solution digitale pour gérer ces pulsions addictives.
Cécile Chaigneau
La plateforme My Addie propose des programmes spécifiques à différentes addictions afin d'aider à désactiver progressivement les mécanismes de la pulsion addictive.
La plateforme My Addie propose des programmes spécifiques à différentes addictions afin d'aider à désactiver progressivement les mécanismes de la pulsion addictive. (Crédits : DR)

Comment une plateforme digitale pourrait-elle accompagner des personnes dans la gestion de leurs pulsions addictives ? C'est pourtant ce que propose My Addie via une méthode accessible en ligne et des programmes spécifiques à différentes addictions afin d'aider à désactiver progressivement les mécanismes de la pulsion addictive.

L'idée vient d'Ashley Taieb, une jeune Montpelliéraine au parcours chaotique, elle-même passée par la difficulté à vivre avec des addictions, notamment à la drogue alors qu'elle vivait dans la rue à Paris, après un échec professionnel.

Après avoir été suivie dans différentes structures pour s'en sortir, elle imagine l'existence d'un programme d'accompagnement pour se défaire de ses addictions sans avoir à raconter moult fois son histoire et ses problèmes, que chacun pourrait suivre quand il veut.

Incubée chez les Déterminés à Montpellier,  Ashley Taieb s'éduque aux rudiments de l'entrepreneuriat durant quelques mois. Et en avril 2021, elle crée sa startup (siège social à Pérols) pour mettre en application son idée.

Créer un nouveau chemin cognitif

« Après une année de R&D, la plateforme est sortie en janvier 2023, précise Emilie Villaret, qui a rejoint Ashley Taieb sur la création de la startup. Les premiers financements étaient ceux d'un business-angel (non nommé, NDLR) puis de l'émission de M6 "Qui veut être mon associé ?", fin janvier 2023, où Ashley a réussi à convaincre les cinq personnalités du jury, Marc Simoncini (fondateur de Meetic, NDLR), Jean-Pierre Nadir (fondateur de EasyVoyage, NLDR), Isabelle Weill (fondatrice de l'association RMC/BFM et du Fonds de dotation AJILA, NDLR), Delphine André (dirigeante du Groupe Charles André, transport et logistique, NDLR) et Eric Larchevêque (fondateur de Prixing, la Maison du Bitcoin ou Ledger, NDLR). »

A ce jour, les deux jeunes femmes travaillent seules, avec une équipes de prestataires externes. La plateforme propose un premier programme dédié à la gestion des pulsions alimentaires. L'approche de My Addie est de travailler sur la pulsion, cette obsession mentale qui précède le déclenchement du passage à l'acte.

« Notre ambition est de venir en prévention et en complémentarité de thérapies, donc on ne traite pas les causes mais ce qui précède la pulsion, explique Emilie Villaret. C'est un travail sur soi, destiné à apaiser les pressions mentales, à identifier les biais cognitifs pour passer le moment de la pulsion et y répondre autrement... Chacun réagissant à différentes solutions, le programme propose de l'art-thérapie, de l'équilibre, de la méditation, etc. Nous avons travaillé avec des thérapeutes pour proposer des vidéos, des questions-réponses, des exercices. Une psychologue clinicienne spécialisée en thérapie cognitive et comportementale a supervisé le processus thérapeutique, et la solution propose un parcours pédagogique, prenant en compte la notion de motivation et d'engagement à rester dans le travail, et que chacun peut suivre à son rythme. L'objectif, c'est que chacun trouve une pratique, un rituel à implémenter dans son quotidien en créant un nouveau chemin cognitif pour se désaccoutumer de ses habitudes et en implanter d'autres. On ne veut pas d'une application qui comptabilise et qui juge ! Chacun estime à quel moment il est addict et s'il veut se lancer dans un chemin d'éducation. »

« Retrouver sa liberté »

Un outil digital peut-il offrir une réponse à la difficulté d'être seul face à ses addictions ? Emilie Villaret assure que « les bêta-testeurs, des jeunes, sont très fans de la solution, mais si certains ont besoin d'un coach, on les invite à en voir un, même si pour le moment, on n'en propose pas ». Les deux jeunes femmes restent toutefois modestes : « Tout ne marche pas sur tout le monde... ».

« C'est une méthode qui permet de retrouver son autonomie et sa liberté, promet Ashley Taieb, qui vient de publier un livre, "Ma liberté si je veux", aux éditions Buchet Chastel. J'avais envie de raconter comment, de mon parcours, j'ai pu tirer certaines expériences et comment est née My Addie autour de la pulsion addictive. »

La plateforme fonctionne sur le modèle de l'abonnement à un programme (30 euros par mois), « mais ce que nous ne voulons surtout pas, c'est tomber dans les téléconsultations avec un thérapeute », souligne Emilie Villaret, qui ajoute être entre train de constituer un réseau de thérapeutes qui seraient des ambassadeurs-prescripteurs de la solution.

« Nous aurons besoin de lever des fonds, entre 300.000 et 500.000 euros, mais pour ça, il nous faut un certain trends, entre 800 et 1.000 abonnés d'ici la fin de l'année », projette-t-elle.

Cécile Chaigneau

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