Sensorion veut lever 12 M€ pour lancer ses premiers médicaments

La société spécialiste des troubles de l'audition est entrée en Bourse lundi 30 mars pour lever 12 M€. Issue d'un spin-off avec l'Inserm de Montpellier, Sensorion veut développer des médicaments pour traiter les dysfonctionnement de l'oreille interne.
Sensorion cible les troubles auditifs

Perte d'équilibre, vertige, acouphènes... Ces symptômes mettent en évidence des troubles de l'audition. À répétition, ils deviennent handicapants. C'est pour y remédier que Sensorion, a été créée en 2009 à l'issue d'un spin-off de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Ce lundi 30 mars, la jeune pousse entre en Bourse. Les 12 millions d'euros que la société de biotechnologie de Montpellier espère lever sur Nyse Alternext d'ici au 15 avril serviront à financer les études sur l'homme de trois candidats médicaments.

Le but : élaborer un traitement sous forme de médicament (gélule, comprimé ou poudre), accessible aux quelques 140 millions de patients atteints de troubles auditifs. Car jusqu'ici, un tel médicament n'existe pas, assure Laurent Nguyen, directeur général de Sensorion.

Vide thérapeutique

Les seuls traitements performants en développement à l'heure actuelle pour soigner les crises de vertige aiguës ou d'acouphènes consistent en l'injection d'un produit dans l'oreille, au niveau du tympan, explique Laurent Nguyen.

"Mais cette technique baptisée 'transtympanique' est invasive et seul un ORL peut l'effectuer. Chez Sensorion, nous travaillons à un candidat médicament qui se prenne par voie orale".

Comprendre : le patient pourra s'administrer le traitement de façon autonome, de chez lui. Surtout, pour Sensorion, c'est le moyen "d'attaquer une part très large" d'un marché mondial peu concurrentiel et estimé à 10 milliards de dollars.

Trois phases de développement avant la commercialisation

Mais la société de Montpellier est encore loin de grignoter les parts de marché de ses deux principaux concurrents, Auris Medical et Otonomy, à une phase de la commercialisation pour leur traitement transtympanique.

Par comparaison, Sensorion devrait tout juste clore la première phase d'essais pour son médicament contre crises de vertiges et d'acouphène. Ses deux autres produits - pour prévenir les détériorations du système auditif et préserver l'audition des enfants soignés par chimiothérapie - n'ont pas encore passé cette étape. L'efficacité des candidats médicaments de Sensorion est encore loin d'être prouvée.

Molécules dé-risquées

Pourtant, ses dirigeants ont confiance. Car au lieu de créer de toute pièce une molécule aux effets désirés, ils sélectionnent des candidats médicaments "dé-risqués". Il s'agit de molécules développées par un laboratoire pour une indication, mais ayant échoué à remplir leur mission. Pour autant, elles ont passé les étapes de développement pré-clinique, où le comportement de la molécule est testé sur trois espèces d'animaux avant de l'administrer à l'homme.

Si ces molécules ne permettent pas d'agir sur ce pour quoi elles ont été conçues à l'origine, elles ont d'autres propriétés, qui peuvent intéresser d'autres laboratoires. Trois produits ont ainsi attiré l'attention de la société montpelliéraine. Sensorion a donc négocié un accord de licence de développement et de commercialisation exclusif avec leur propriétaire, le laboratoire espagnol Palau Pharma. L'avantage ? La recherche pré-clinique n'est plus à faire. "Nous gagnons deux à trois ans de développement", estime le directeur général de Sensorion.

Sensorion ancré à Montpellier

Les investisseurs historiques de la société sont eux aussi convaincus du succès de Sensorion, qui ne réalise encore aucun chiffre d'affaires. L'Inserm et BPI France ont investi 4 millions d'euros début janvier, portant à 10 millions d'euros les fonds levés par l'entreprise depuis sa création. Après introduction en Bourse, près d'un tiers de son capital devrait être détenu en flottant. L'inserm devrait voir sa part réduite de 36% à environ 20%.

Mais les liens avec l'institut et la région de Montpellier ne sont pas coupés. Les six salariés de Sensorion développent leurs produits à partir des recherches menées par les différents centres du Languedoc-Roussillon spécialisés dans les troubles de l'audition. "Nous resterons dans la région", précise Laurent Nguyen.

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