Oncologie : La Valériane développe un dispositif médical connecté

Développer une solution connectée permettant de sécuriser et piloter à distance la prise des anticancéreux par voie orale. Telle est l’ambition d’un consortium de trois partenaires, présenté le 7 juillet, dont La Valériane, à Montpellier, dirigée par Roland Sicard.
Cécile Chaigneau

Les thérapies anticancéreuses sont depuis longtemps administrées par voie intraveineuse sous contrôle permanent du corps soignant et médical, mais elles sont de plus en plus délivrées en comprimés ou gélules par les pharmacies de ville (25 % des traitements aujourd'hui, probablement 50 % d'ici 2020).

Un besoin grandissant

Mais ce mode d'administration présente un certain nombre de contraintes ou difficultés : le patient gérant son traitement lui-même et étant seul face aux effets secondaires, le médecin a un retour parfois tardif quant à l'administration du médicament. Les autorités de santé doivent néanmoins pouvoir s'assurer du suivi de ces traitements auto-administrés et de leur sécurisation.

« Il y a une véritable attente du monde hospitalier, observe Roland Sicard, président de l'entreprise montpelliéraine La Valériane, éditeur de solutions numériques préventives et prédictives pour l'e-santé. Ce qui freine aujourd'hui, ce sont les problématiques d'observance, de sécurisation de processus, de suivi du traitement. D'où la nécessité de développer une technologie pour sécuriser ce circuit et favoriser l'échange de l'information. »

Traitement hors les murs

C'est ce besoin médical qui a fait naître la collaboration entre trois partenaires réunis au sein d'un consortium initié par Roland Sicard, et dévoilé le 7 juillet : La Valériane, Stiplastics, une PME située à Beauvoir-en-Royans (38) et spécialisée dans les solutions plastiques pour les industries pharmaceutiques et l'univers de la santé, et l'Institut Sainte-Catherine, établissement hospitalier avignonnais spécialisé dans la prise en charge médicale des patients atteints de cancer.

Objectif de cette collaboration : développer une solution connectée permettant de sécuriser et piloter à distance la prise des anticancéreux par voie orale, d'encourager l'adhésion du patient traité hors les murs, et de le rassurer grâce à un suivi en continu par les soignants.

« Pour nos patients, avec ces traitements novateurs, nous avons besoin d'un dispositif qui puisse être piloté à distance et qui nous permette de collecter des données réelles au domicile afin d'adapter la posologie en fonction de l'état clinique du patient et de sa tolérance au traitement, souligne Françoise de Crozals, pharmacien gérant de l'Institut Sainte- Catherine. Et de partager avec le patient son adhésion au traitement lors des moments de lassitude. »

Mise en marché : 2019

« Nous avons franchi l'étape de faisabilité, précise Roland Sicard. Nous entrons maintenant dans 2e phase, celle de la conception du dispositif médical. Nous avons la puce qui permettra la transmission des informations, et nous travaillons sur le design des piluliers. Les contenants et algorithmes experts doivent maintenant être écrits et validés, ce qui devrait prendre neuf mois à partir de septembre. Le prototype devrait être prêt début 2018. Viendront ensuite les premiers essais cliniques pendant un an, pour une mise du produit sur le marché courant 2019. »

Le coût global du projet pourrait être de 3 à 4 M€, selon Roland Sicard. Le consortium recherche des financements, sous forme de partenariats notamment avec les établissements hospitalo-universitaires, afin d'accélérer le développement de cette solution. Il a décidé de s'élargir à la communauté cancérologique et scientifique mais d'impliquer aussi les acteurs santé de la ville (médecins et pharmaciens).

« Pour développer intelligemment cette solution, c'est mieux d'associer la communauté médicale de cancérologie la plus large possible, déclare Roland Sicard. Actuellement, différentes structures de cancérologie nous ont déjà rejoints : Angers, Nantes, Toulouse, Montpellier, Nîmes. Nous espérons impliquer 15 à 25 % de ces structures en France. »

EMA-CARE aux États-Unis

Par ailleurs, La Valériane poursuit le développement de ses deux produits. Sa solution Bilan Santé Stress est désormais utilisée par 20 000 personnes dans 350 entreprises. Quant à ESA-PAD, dédiée aux personnes en perte d'autonomie et devenue EMA-CARE depuis qu'elle a franchi les barrières réglementaires des États-Unis en mars 2016, elle permet de suivre 150 personnes en France à titre expérimental, et 300 aux USA.

« Sur le marché américain, on compte quelque 30 millions de personnes âgées en perte d'autonomie, rappelle Roland Sicard. En France, elles sont entre 3 et 4 millions... Nous sommes toujours en phase d'expérimentation, sur l'ex-Languedoc-Roussillon par exemple, où nous venons de terminer un premier suivi de 14 personnes avec la Carsat, pour qui nous allons redémarrer une nouvelle expérimentation avec une centaine de personnes. Nous commençons également une expérimentation via un partenariat entre le Conseil départemental d'Aquitaine et La Poste. »

Quant à la 3e application e-santé annoncée par La Valériane, elle sortira à la fin de l'année. Elle permettra l'élaboration d'un plan personnalisé de prévention de risque de chute chez les personnes âgées dans les maisons de retraite.

« Le prototype est prêt, et entre en phase de validation clinique au CHU de Nîmes. Sa mise sur le marché est programmée pour octobre. »

La Valériane, qui emploie 15 salariés (dont deux aux États-Unis), a réalisé un chiffre d'affaires de 750 000 € en 2015 et vise 1,5 M€ en 2016

Cécile Chaigneau

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