« La situation économique du CHU s'est redressée et nous avons réalisé des économies importantes ces deux dernières années qui permettent d'avoir un budget équilibré tout en réalisant d'importants investissements », explique Guillaume du Chaffaut, directeur général délégué du CHU de Montpellier.

Ce plan d'investissement dit « courant » est de 300 M€ sur cinq ans. Il permet notamment de financer « la première brique » du projet de l'établissement présenté à la presse le 29 novembre: le regroupement des 22 laboratoires de biologie du CHU sur une plate-forme unique dont le coût est estimé à 83 M€. En contrepartie d'une aide de l'État à hauteur de 9,5 M€, ce projet induit la suppression de 70 emplois, précise Thomas Le Ludec, directeur général du CHU de Montpellier.

« Premier acte d'un schéma directeur qui se déploiera sur plusieurs années, cette plate-forme sera opérationnelle en septembre 2020, indique Thomas Le Ludec. Situé derrière l'hôpital Arnaud de Villeneuve et à proximité de la nouvelle faculté de médecine, le bâtiment comprendra également des locaux dédiés à la recherche ainsi que des espaces permettant d'accueillir des start-ups innovantes. »

Médecine régénérative et génétique

Les activités de recherche et l'innovation font l'objet d'une « réelle orientation stratégique », précise Thomas Le Ludec qui rapporte que le CHU figure à la 6ème place du classement national multicritères des activités de recherche avec 3 000 publications annuelles et 1 536 protocoles de recherche en cours dans lesquels sont engagés 8 400 patients.

La médecine régénérative et la génétique font partie des champs disciplinaires mis en avant avec un projet d'agrandissement de l'Institut de médecine régénérative et de biothérapie de Saint Éloi (IRBM), « victime de son succès ». Également au programme : un rapprochement avec le CHU de Toulouse en vue de se positionner pour accueillir l'une des douze plateformes à venir du plan France Génomique.

Montpellier, Capital Santé

Ces deux disciplines font surtout partie du projet « Montpellier, Capital Santé » porté par Montpellier Méditerranée Métropole et soutenu par l'État dans le cadre du plan État-Métropole.

« La génétique et la médecine régénérative sont le fil rouge de Montpellier, Capital Santé, indique Philippe Saurel, président du conseil de surveillance du CHU de Montpellier et président de la Métropole. Ce sont des disciplines sur lesquelles nous pouvons être des acteurs reconnus nationalement et internationalement. Dans le cadre du plan État-Métropole, nous sommes la seule métropole à avoir opter pour la santé. »

Une première enveloppe de 7,1 M€ est attendue au titre de ce plan État-Métropole qui devrait être signé avec l'État « au début de l'année 2017 », précise Philippe Saurel.

Raréfaction du financement public

Les ambitions du CHU de Montpellier se heurtent au tarissement des financements publics d'État. Pour y remédier, l'établissement se positionne sur des appels d'offres européens avec 15 projets de recherche européens en cours, « dont le dernier signé il y a un mois pour un montant de 5 M€ », précise Thomas Le Ludec.

Autre levier : la mise en synergie et le travail collaboratif avec les partenaires privés. Cette démarche est particulièrement prononcée en ce qui concerne les actions de recherche dans le domaine de la lutte contre le cancer.

« Le CHU de Montpellier et l'Institut du Cancer de Montpellier (ICM) ont entamé une démarche de rapprochement visant à constituer un pôle de référence important dans la lutte contre le cancer dans le Sud de la France », explique le directeur général.

Une troisième piste pourrait permettre de renforcer les capacités financières du CHU :

« À la différence des universités, le CHU jouit d'une pleine propriété de son emprise foncière, explique Philippe Saurel. Un état des lieux parcellaires de toutes les propriétés du CHU a été engagé pour anticiper la valorisation de ces parcelles. Certains sites pourraient être libérés au travers d'opérations immobilières fructueuses comme cela a été le cas avec le site de l'ancienne maternité. »

1,8 M€ pour la maternité

« La dernière brique » du projet présenté à la presse est la construction d'un nouvel hôpital mère-enfant, une ambition validée par Monique Cavalier, directrice générale de l'Agence régionale de Santé.

« La maternité du CHU de Montpellier est victime de son succès et les services sont aujourd'hui sous tension, explique Philippe Saurel. Cela nous incité à revoir son fonctionnement pour réduire l'engorgement. »

Première étape : la modernisation de la maternité actuelle avec notamment l'extension du bloc obstétrical par la construction d'un bâtiment modulaire qui devrait s'achever en mars 2017. Cet investissement de 1,8 M€ devrait également s'accompagner de recrutements de personnels soignant (11 nouveaux salariés).

Une nouvelle maternité ?

« Mais ce projet ne suffira pas à faire face à la poursuite du développement de l'activité, indique Thomas Le Ludec. Ainsi, le CHU de Montpellier a décidé de lancer, en cette fin d'année 2016, les études nécessaires à la construction d'un nouvel hôpital mère-enfant. »

Ce projet évalué à « plus de 120 M€ », selon Guillaume du Chaffaut, ne peut être financé par le budget d'investissement « courant » de l'établissement et nécessite l'intervention de partenaires.

Un effort de lobbying auprès des « services régionaux et de l'État » est évoqué pour concrétiser « ce grand projet du service obstétrique ». Mais surtout, l'enjeu de formuler un tel projet dés à présent est d' « avoir un projet mûri et prêt pour être en mesure de répondre rapidement à toutes les opportunités de financement quand elles se présenteront », précise Guillaume du Chaffaut.