Alzheimer : REGEnLIFE et le CHU de Montpellier testent un dispositif innovant

Tester de nouvelles voies de stimulation neuronale pour prévenir et ralentir le déclin cognitif opéré par la maladie d’Alzheimer : telle est l’ambition d’un dispositif médical innovant pour lequel le CHU de Montpellier et la start-up REGEnLIFE lancent un essai clinique. Une technologie reposant sur les sciences physiques, et donc une nouvelle voie thérapeutique porteuse d’espoir.
Cécile Chaigneau
(Crédits : © 2010 Thomson Reuters)

Les espoirs sont immenses. Le CHU de Montpellier annonce qu'il va débuter une étude pilote évaluant la sécurité et l'efficacité d'un nouveau dispositif médical développé par la start-up montpelliéraine REGEnLIFE, portant sur l'évolution des performances cognitives des patients atteints de la maladie d'Alzheimer à un stade léger à modéré.

Ce nouvel essai thérapeutique va se dérouler au Centre Mémoire de Ressources et de Recherche (CMRR), au sein du département de neurologie du CHU de Montpellier. Il sera piloté par l'équipe du Dr Audrey Gabelle, investigatrice de l'étude et responsable de l'équipe médicale neurologie comportementale et du CMRR.

Le dispositif médical innovant s'appuie sur une technologie non-invasive de photobiomodulation, développée par REGEnLIFE : le patient est doté d'un casque et reçoit plusieurs minutes par jour des émissions spécifiques, situées notamment dans l'infrarouge proche, qui visent à agir au cœur des cellules afin de permettre une protection neuronale et éviter une dégénérescence.

D'échec en échec

« Le développement de traitements sur la maladie d'Alzheimer a un taux d'échec thérapeutique supérieur à 99 %, ce qui est extrêmement élevé, déclare Guillaume Blivet, fondateur (il y a deux ans et demi) et dirigeant de REGEnLIFE. Cet essai clinique suscite beaucoup d'espoir, car nous sommes sur de nouveaux paradigmes, basés sur les sciences physiques. La photobiomodulation permet de moduler le biologique par les photons, c'est à dire la lumière. Une application transcrânienne de certaines longueurs d'ondes permet de cibler le cerveau en générant des réactions enzymatiques  au niveau cellulaire. Ces émissions, plutôt situées dans l'infrarouge proche, vont agir sur les mitochondries, les centrales énergétiques de nos cellules, et avoir un effet neuroprotecteur, régénérant et anti-inflammatoire. Il existe plusieurs technologies de photobiomodulation avec plusieurs applications possibles en neurologie. Il y a des développements en cours, notamment en Amérique du Nord, dans les secteurs ophtalmologiques, neurologiques et psychiatriques. Pour ce dispositif médical appliqué à la maladie d'Alzheimer, nous avons développé une combinaison inédite, à la fois dans nos choix technologiques et les zones ciblées. »

Avant d'en arriver à cet essai clinique sur des patients, la technologie a été testée sur des modèles précliniques de maladie d'Alzheimer et a révélé des résultats positifs avec une réduction des troubles cognitifs, une réduction des anomalies biologiques et histologiques chez les souris traitées, en comparaison aux souris non traitées.

64 patients recrutés

Cette étude pilote randomisée en double aveugle contre placebo va permettre d'évaluer la tolérance et l'efficacité thérapeutique du dispositif médical REGEnLIFE sur des patients atteints de la maladie d'Alzheimer.

À compter de ce mois de septembre, 64 patients, âgés de 55 à 85 ans et atteints de la maladie d'Alzheimer à un stade léger à modéré seront recrutés.

« Le groupe traité avec des placebos sera comparé sur l'évolution des tests cognitifs à 3 mois, explique-t-on au CHU de Montpellier. Les patients bénéficieront de séances quotidiennes - 5 jours par semaine - avec le dispositif REGEnLIFE pendant 2 mois. Les résultats seront connus d'ici un an et demi et s'ils sont positifs, de nouvelles études orientées sur les stades précoces de la maladie et chez les sujets à risque de développer la pathologie seront menées. »

Alzheimer : 1,2 millions de cas en France

La start-up REGEnLIFE, qui compte 7 salariés, est accompagnée par le BIC de Montpellier (classé 2e meilleur incubateur mondial), et bénéficie du soutien de bpifrance et de la Région Occitanie. Son objectif : apporter des traitements innovants dans le domaine de la neurologie et développer des solutions médicales où il n'en existe pas et avec peu ou pas d'effets secondaires.

« Au départ, nous avons travaillé sur un spectre thérapeutique plus large que la maladie d'Alzheimer, qui était une possibilité, souligne Guillaume Blivet. Ce sont les résultats obtenus dans nos travaux précliniques qui nous ont convaincus de se concentrer sur Alzheimer. C'est une prise de risque, car au vu des chances d'avoir un produit thérapeutique mis sur le marché, c'est un vrai défi ! Mais il s'agit d'un enjeu de santé publique majeur où il faut être novateur... Notre objectif est d'aller le plus loin possible. Même si nos résultats sont modestes, ce sera quand même suffisant pour continuer et lever des fonds. S'ils sont au-delà, nous aurons des besoins financiers certainement plus importants. »

La maladie d'Alzheimer représente 1,2 million de cas en France, 47 millions de cas dans le monde et 8 millions de nouveaux cas détectés chaque année. À ce jour, il n'existe pas de traitement curatif de cette affection, et la prise en charge actuelle combine des traitements symptomatiques et des stratégies non médicamenteuses, dont les effets restent limités.

 « Pour le CHU de Montpellier, le lancement de cet essai clinique illustre les synergies qui se construisent entre les start-ups locales et nos équipes de soins et de recherche, déclare de son côté Thomas Le Ludec, directeur général du CHU de Montpellier. Grâce à l'investissement convergeant des institutions publiques et des entrepreneurs privés, Montpellier développe une expertise reconnue sur l'innovation en santé, au bénéfice des patients de notre territoire. »

Cécile Chaigneau

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