Comment la biotech iMab s’affirme sur le marché des anticorps thérapeutiques

Elle fournit des sociétés industrielles pharmaceutiques en anticorps thérapeutiques pour le traitement de virus ou de cancer. La biotech montpelliéraine iMAb, spin-off de l’Inserm, vient d’entamer une procédure de levée de fonds pour financer la phase 2 de son développement. Et elle créera, en 2021, un laboratoire commun d’ingénierie génétique avec le laboratoire public dont elle est issue.
Cécile Chaigneau
A Montpellier, iMAb fournit des anticorps thérapeutiques à des sociétés pharmaceutiques ou de biotechnologie.
A Montpellier, iMAb fournit des anticorps thérapeutiques à des sociétés pharmaceutiques ou de biotechnologie. (Crédits : DR)

Créée début 2018 à Montpellier, la biotech iMAb est une spin-off d'un laboratoire en ingénierie des anticorps thérapeutiques (dirigé par les Dr Pierre Martineau et Bruno Robert) de l'Inserm, de l'Institut du cancer de Montpellier (ICM) et de l'Université de Montpellier. Elle fournit des anticorps thérapeutiques, bio-médicaments pour le traitement de virus ou du cancer, à des sociétés pharmaceutiques ou de biotechnologie.

« Le laboratoire dont est issu iMAb sert des laboratoires académiques français ayant besoin d'anticorps pour leurs recherches via la plate-forme GenAc à Montpellier, explique Bernard Pau, président de iMAb. Cette plate-forme, unique en France, n'était pas en capacité, du point du point de vue juridique, de rendre le même service vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique. C'est donc la mission d'iMAb, qui ne sert que les clients industriels. iMAb est une société de service. Nous avons un contrat de licence avec l'Inserm pour utiliser la technologie développée par le laboratoire, et nous le rémunérons aussi sur nos résultats commerciaux par des redevances. »

Sur un marché mondial occupé par une vingtaine de sociétés, la biotech montpelliéraine se distingue « par une conception des anticorps focalisée sur la développabilité industrielle, que nous allons puiser dans des banques contenant plus de 10 milliards d'anticorps candidats ».

Levée de fonds auprès d'investisseurs industriels

En deux ans, iMAb, qui emploie à ce jour cinq salariés (ingénieurs et docteurs) a signé avec dix sociétés industrielles pharmaceutiques, telles que le Groupe Servier, ADC Therapeutics, Domaine Therapeutics ou l'entreprise suisse MedXCell (qui est également implantée à Montpellier).

Selon Bernard Pau, le chiffre d'affaires d'iMAb, dont il ne souhaite pas indiquer le montant, « a été multiplié par cinq depuis sa création ».

« Depuis le début, nous nous finançons sur nos propres résultats commerciaux et aujourd'hui, nous sommes à l'équilibre, se réjouit-il. Mais notre ambition va au-delà et nous envisageons de passer à une 2e phase de développement d'iMAb pour faire, tout en continuant les travaux sur commande, plus de travaux en propre sur des projets thérapeutiques. Pour ça, nous sommes en procédure de levée de fonds, de plusieurs millions d'euros. Elle se fera probablement en deux fois, auprès d'investisseurs industriels en capacité de nous accompagner sur le moyen ou long terme. »

Outre ses premiers bons résultats, la biotech s'appuie sur la place exponentielle que prennent les anticorps dans l'arsenal thérapeutique : « Le marché mondial des anticorps thérapeutiques devrait se situer autour de 130 à 150 milliards de dollars d'ici à 2022. Aujourd'hui, parmi les 10 médicaments les plus vendus dans le monde, 6 sont des anticorps thérapeutiques, dans des domaines comme cancérologie, les maladies inflammatoires, etc. »

La lutte contre le Covid-19 pourrait aussi passer par là : « Plusieurs anticorps thérapeutiques antivirus ont été mis au point en traitement précoce pour bloquer le virus - c'est par exemple ce qui a été administré à Donald Trump - et sont aujourd'hui à l'essai », précise Bernard Pau.

Recruter des talents à l'international

« Nous avons à cœur de poursuivre le progrès technologique avec le laboratoire public des Dr Pierre Martineau et Bruno Robert, et nous avons donc plusieurs contrats de recherche commune, dont deux qui sont fortement soutenus par la Région Occitanie via des aides à la collaboration entre recherche publique et entreprises, ajoute le président de iMAb. Et dès 2021, nous souhaitons également créer un laboratoire commun entre iMAb et l'IRCM (Institut de recherche en cancérologie de Montpellier, hébergé par l'ICM - ndlr). L'objectif de ce laboratoire d'ingénierie génétique est de faire progresser la technologie d'obtention des anticorps humains médicaments. Un laboratoire commun permettra à iMAb d'apporter plus de moyens à la collaboration avec l'équipe du Dr Martineau. Nous avons déjà déposé ensemble, auprès de la Région Occitanie, un projet dans le cadre du dispositif GRAINE (Groupement pour la Recherche Appliquée INnovante avec les Entreprises, l'objectif du dispositif étant de fédérer laboratoires de recherche et entreprises autour d'une technologie et/ou d'une problématique industrielle, NDLR). »

Dans le cadre de cette initiative, le président de iMAb annonce déjà que des talents à international seront recrutés, probablement quatre durant les dix-huit premiers mois, « en sachant par exemple que iMAb a déjà recruté deux docteurs l'an dernier venant de sociétés concurrentes de Cambridge », se félicite-t-il.

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 09/12/2020 à 10:11
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Reste l'inverse à créer, si on arrive à activer des antigènes spécifiques qui sont la révolution du 3 ème millénaire, il faudra inventer la désactivation de la mémoire de l'arn ou adn considérés comme ennemis stockés dans les cellules T mémoire pour ...

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