La biotech montpelliéraine Ciloa en route pour un vaccin "naturel" contre le Covid ?

Ciloa, biotech montpelliéraine, est dans la course aux vaccins, notamment contre le Covid-19. Recourant à sa technologie à base d’exosomes (vésicules extracellulaires), elle met au point un vaccin sans virus ni adjuvant, sorte de leurre qui déclenche un effet immuno-stimulateur du corps. Ciloa vient d’obtenir un financement de 1,5 millions d’euros.
Cécile Chaigneau
La biotech montpelliéraine Ciloa a développé une plateforme pour des applications vaccinale ou thérapeutique autour d'une technologie à base d'exosomes.
La biotech montpelliéraine Ciloa a développé une plateforme pour des applications vaccinale ou thérapeutique autour d'une technologie à base d'exosomes. (Crédits : Ciloa)

« Nous n'avons pas les mêmes moyens financiers de Pfizer ! », sourit Robert Zaïme Mamoun, cofondateur de la biotech montpelliéraine Ciloa, pour expliquer en partie pourquoi le vaccin contre le Covid-19 qu'il développe avec ses équipes ne bénéficie pas encore d'une notoriété importante.

C'est aussi probablement parce que pour le moment, ce vaccin n'est pas opérationnel. Mais le virologue, ancien directeur de recherche de l'INSERM qui a créé Ciloa en 2011, ne doute pas que la technologie sur laquelle s'appuie son projet de vaccin finira par s'imposer. Elle intéresse en tout cas vivement, et la biotech vient d'obtenir du ministère de la Recherche un financement de 1,5 million d'euros au titre de la lutte contre les maladies infectieuses émergentes. Ajoutés à une augmentation de capital clôturée en décembre 2021, ils viennent boucler un besoin en financement suffisant (3 millions d'euros au total) pour les futures étapes du programme Covevax portant sur le premier vaccin-exosome.

Un vaccin sans virus ni adjuvant

Un vaccin-exosome ? Robert Zaïme Mamoun tente la vulgarisation scientifique : « Ciloa a développé une plateforme pour des applications vaccinale ou thérapeutique, autour d'une technologie à base de vésicules extracellulaires, c'est à dire des exosomes. Ces exosomes servent en quelques sortes de messagers pour tous les organismes supérieurs, contenant des protéines qui indiquent l'organe visé et un contenu : le faire grossir, le régénérer, baisser de l'infection, etc. Cette technologie est connue depuis une trentaine d'années mais explose depuis dix ans en recherche académique car elle peut transmettre de l'information contre un élément pathogène ou un virus. Or nous avons été pionniers pour modifier la destination et le contenu de ces exosomes de manière à en faire un vaccin sans virus ni adjuvant mais avec mêmes propriétés : c'est le mime parfait d'un virus mais sans agents infectieux, un leurre pour tromper le corps, avec un effet immuno-stimulateur ».

Ciloa a mis au point un vaccin contre le Covid-19 en utilisant cette technologie, mais travaille aussi sur des candidats-vaccins contre le chikungunya, la dengue ou zica.

« Le programme Covevax doit maintenant démontrer qu'il protège effectivement et avec quel degré de protection, et pour ça, nous allons le tester avec l'Institut Pasteur sur des hamsters, et démontrer son innocuité, précise Robert Zaïme Mamoun. L'avenir de ce vaccin contre le Covid pourrait être un rappel simple contre le virus qui va probablement devenir endémique. »

La biotech aura toutefois besoin de se refinancer pour les phases cliniques qui suivront, ce qui pourrait se faire par le biais d'une licence avec une big pharma si le projet l'intéresse, ou via de nouveaux financements.

« Mais une fois que nous aurons démontré que ce vaccin est sécurisé, nous pourrons l'utiliser pour d'autres pathologies, ajoute le virologue. Il y aura des phases cliniques mais plus légères. »

Un programme avec Sanofi

Sur le volet des applications thérapeutiques, Ciloa a été sélectionnée en 2021 par le programme de recherche "i-Tech awards" de Sanofi dont l'objectif est de développer de nouveaux vecteurs thérapeutiques en cancérologie (par exemple pour booster la régénération d'organes).

Ciloa emploie aujourd'hui 14 salariés (ils n'étaient que six avant la crise sanitaire) et prévoit des recrutements pour monter à une vingtaine d'ici fin 2022. Son dirigeant envisage déjà un déménagement, si possible dans le périmètre de la Med Vallée à Montpellier.

Cécile Chaigneau

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