Médecine de précision : Azelead crée un avatar sur lequel reproduire une tumeur cancéreuse (et tester des traitements)

Voilà des années que la biotech montpelliéraine Azelead, spin-off de la recherche, travaille sur le potentiel méconnu du poisson-zèbre pour créer un modèle prédictif contre l’apparition des cancers métastatiques. Aujourd’hui, l’entreprise développe un nouveau projet : la création d’un avatar avec un embryon de poisson-zèbre sur lequel reproduire et suivre l’évolution d’une tumeur cancéreuse, et adapter un traitement.
Cécile Chaigneau
Laura Fontenille est la cofondatrice de la biotech Azelead à Montpellier, qui projette d'utiliser le zebrafish à l'état embryonnaire pour créer un avatar dans lequel reproduire la tumeur cancéreuse d'un patient, suivre son évolution et tester des traitements.
Laura Fontenille est la cofondatrice de la biotech Azelead à Montpellier, qui projette d'utiliser le zebrafish à l'état embryonnaire pour créer un avatar dans lequel reproduire la tumeur cancéreuse d'un patient, suivre son évolution et tester des traitements. (Crédits : DR)

« Nous observons depuis quelques années une forte attrition dans le développement de nouveaux médicaments, avec un taux d'échec de près de 84% attribué au faible bénéfice efficacité/toxicité, explique Laura Fontenille, cofondatrice de la biotech Azelead. Trois aires thérapeutiques sont majoritairement touchées par cette diminution : la cancérologie, la neurologie et les maladies infectieuses, avec des taux d'échec respectifs de 29,5%, 14% et 9,5%. Par exemple, dans le cas du cancer, une tumeur primaire se développe et peut former des métastases : or aujourd'hui, on soigne plutôt bien les cancers primaires mais il y a un fort taux de mortalité sur les cancers métastasés... »

De ce constat est née la spin-off Azelead, au cœur de l'Institut Pasteur initialement. Depuis sa création en 2014 à Montpellier, la biotech (9 salariés) a développé une technologie innovante pour aider au développement de médicaments anti-cancéreux plus efficaces et moins toxiques.

« Notre méthodologie est issue de travaux sur le poisson-zèbre (le zebrafish, NDLR), explique Laura Fontenille. Nous nous sommes en effet rendu compte que la formation des cellules souches sanguines chez le poisson-zèbre était similaire à celle de l'initiation de la métastase cancéreuse chez l'Homme. Ce poisson, de quelques millimètres seulement au stade embryonnaire, est transparent, ce qui permet de suivre le développement de ses cellules et d'observer à quel moment des composés chimiques (un médicament, NDLR) vont arrêter ce développement mais aussi de mesurer les effets secondaires et une éventuelle toxicité. Nous avons identifié un composé efficace et non toxique, pour lequel nous devons maintenant terminer les études pré-cliniques puis réaliser les études cliniques chez l'Homme, ce qui demandera d'importants financements. »

En collaboration avec l'Institut du cancer de Montpellier

En attendant, le procédé d'analyse de la toxicité intéresse les laboratoires, les entreprises pharmaceutiques ou les biotechs, d'autant que « le zebrafish n'est pas reconnu comme un animal au stade de développement où nous l'utilisons (embryonnaire, NDLR), ce qui intéresse notamment les acteurs du secteur cosmétique », précise Laura Fontanille.

Azelead a donc développé des prestations de service autour de cette technologie avec trois offres : une sur l'analyse de composés anti-cancéreux en oncologie et deux en analyse prédictive et analyse d'écotoxicité environnementale (par exemple les eaux usées).

L'entreprise travaille sur un troisième projet, également en oncologie et toujours avec le zebrafish : la mise au point d'un avatar sur lequel reproduire une tumeur cancéreuse afin de visualiser son évolution et d'adapter le traitement. Un projet qui s'inscrit dans une démarche de médecine de précision.

« La difficulté, c'est qu'il y a autant de cancers que de patients, et qu'il est donc difficile de prévoir l'évolution de la tumeur et quel traitement sera le plus efficace, explique la jeune femme. L'idée de l'avatar, c'est de faire une biopsie sur le patient, de reproduire la tumeur sur une cohorte d'embryons de zebrafish, d'observer pendant plusieurs jours comment évolue cette tumeur, et de tester différents traitements pour avoir une statistique de leur efficacité. Pour ce projet d'avatar, nous réalisons des essais en collaboration avec les oncologues de l'ICM (Institut du cancer de Montpellier, NDLR) sur des patients atteints d'un cancer. Il faudra encore un à deux ans pour mettre la méthodologie au point, et ensuite, il y faudra obtenir les validations administratives officielles. L'idée étant bien sûr d'utiliser ce procédé en complément de tout ce qui existe déjà pour caractériser une tumeur... »

Pour ce dernier projet, qui a déjà fait l'objet de deux ans de recherche en interne, Azelead est soutenue par la SATT AxLR.

Cécile Chaigneau

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