Ce que Les Nouvelles Grisettes disent de la solidarité en temps de Covid

Le Covid aura aussi fait advenir de belles initiatives. A Montpellier, les couturiers et couturières sont sortis de l’ombre en se rassemblant dans le collectif Les Nouvelles Grisettes. D’une action bénévole est née une réelle activité. Et dans six mois, le collectif s’installera sur 1.000 m2, en élargissant son champ d’action.
Cécile Chaigneau
Le collectif de couturiers et couturières Les Nouvelles Grisettes va s'installer dans des locaux de 1.000 m2 à côté de Montpellier.
Le collectif de couturiers et couturières Les Nouvelles Grisettes va s'installer dans des locaux de 1.000 m2 à côté de Montpellier. (Crédits : Les Nouvelles Grisettes)

Cela restera probablement parmi les belles histoires à raconter que laisseront ces temps difficiles de la crise Covid-19... Une histoire de solidarité qui s'est transformée pour créer de l'activité et fédérer une filière jusqu'alors isolée.

Les grisettes, à Montpellier, étaient de modestes couturières au XVIIe siècle. Elles ont donné leur nom, les Nouvelles Grisettes, à une initiative durant le premier confinement. Sept mois plus tard, le collectif de couturiers et couturières a pris son envol et les Nouvelles Grisettes vont s'installer dans des locaux de 1.000 m2.

« Au départ, il s'agissait de couturiers et couturières indépendants de Montpellier et de l'Hérault qui se sont lancés bénévolement dans la confection de masques à destination des salariés des entreprises qui continuaient de travailler, rapidement aidés par des amateurs de la couture, rappelle Muriel Fournier, présidente des Nouvelles Grisettes et par ailleurs dirigeante de l'entreprise Espace Propreté à Montpellier. Au fur et à mesure, des entrepreneurs locaux leur ont apporté leur soutien, par exemple pour fournir le tissu, et pendant le confinement, une cagnotte a été lancé pour payer les tissus. Puis on a décidé de structurer l'initiative et les Nouvelles Grisettes sont nées en mai. Un collectif d'entrepreneurs (AG2R La Mondiale, Le Moulin de Sautet, Nout, Système U, etc., NDLR) s'est greffé à la démarche et le collectif est monté à une cinquantaine de personnes. »

Des productions pour les Toiles du Soleil

L'histoire est parvenue jusqu'aux oreilles du président de Pays de l'Or Agglomération, Stephan Rossignol, qui a mis un local à disposition des Nouvelles Grisettes. Le collectif, qui a investi 18.000 euros dans des machines à coudre avec l'argent de la cagnotte, lance en juin une production de manière professionnelle de masques mais aussi de linge de maison, vêtements et autres produits textiles pour des marques locales (les Toiles du soleil, le linge de maison Grand Travers, les langes pour bébé Lebôme, des chemisiers pour la marque montpelliéraine Tickets, etc.).

« On s'est rendu compte qu'il y avait un vrai besoin d'aider cette filière dans la région car, avec une majorité de personnes à 10 ou 15 ans de la retraite, elle est en train de disparaître alors qu'émerge une population qui a envie de se former. Les Nouvelles Grisettes créent des synergies intéressantes. »

Pour l'heure, les Nouvelles Grisettes sont restées sur un statut associatif mais envisagent de basculer un jour prochain en Scop. Les couturiers et couturières récupèrent de l'activité supplémentaire via le collectif mais gardent leur indépendance et facturent leurs prestations.

Confection, coworking, formation et insertion

Le collectif vient donc de franchir une nouvelle étape : en mai 2021, après quelques travaux, les Nouvelles Grisettes s'installeront dans les anciennes Halles Sud de France, à Pérols près de Montpellier, propriété de l'Agence Régionale Aménagement Construction (ARAC) Occitanie, bras armé de la Région Occitanie sur l'aménagement.

« L'initiative a été repérée par Carole Delga (présidente de la région, NDLR) cet été et elle soutient notre projet, précise Muriel Fournier. On loue à loyer négocié et la Région complète avec une subvention. »

L'espace comportera plusieurs pôles. Un pôle confection sera destiné à la sous-traitance pour des marques et créateurs régionaux, à la création de produits signés Les Nouvelles Grisettes et à la confection d'articles issus de matières récupérées. Une espace de coworking offrira un partage de machines et de logiciels. Le pôle formation et insertion favorisera la transmission du savoir-faire et l'intégration de personnes éloignées de l'emploi, « notamment le mouvement du NID pour les personnes qui souhaitent sortir de la prostitution », précise la présidente. Et le pôle upcycling permettra la customisation et le détournement d'objets de la mode.

Un café-restaurant coopératif

Un partenariat a été conclu avec des créateurs locaux et des marques régionales, comme Eminence, la Botte Gardianne ou les Atelier De Nîmes, afin qu'ils proposent leurs produits dans une boutique éphémère de 200 m2.

Enfin, le pôle vie accueillera un café-restaurant coopératif géré par l'entreprise d'insertion Mon Cuisinier. Et le pôle événementiel organisera des événements ou proposera l'espace à la location.

Les Nouvelles Grisettes préparent, en parallèle, la création dans ce nouvel espace d'un CFA avec la Chambre de métiers de l'Hérault. Le collectif espère avoir les ressources commerciales suffisantes pour pouvoir s'autofinancer d'ici trois à cinq ans.

Cécile Chaigneau

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