Poligma veut devenir un GPS politique

La start-up Poligma, hébergée au BIC de Montpellier, propose des solutions numériques innovantes dans le champ politique. Dans le cadre des élections législatives, elle vient d’expérimenter son stratège politique numérique. Et s’apprête à le développer pour assister un élu en mandat.
Cécile Chaigneau
Stéphane Boisson et Philippe Gérard, fondateurs de Poligma à Montpellier.

Stéphane Boisson - qui a eu plusieurs vies - exerça un temps au sein du cabinet d'Hélène Mandroux, maire de Montpellier. Ou fut directeur de campagne dans le cadre du scrutin départemental de 2015. C'est parce qu'il a touché du doigt les différentes problématiques inhérentes à ces fonctions qu'il a imaginé Poligma, « une solution de stratège politique numérique ».

« Le contexte a changé, on assiste à des bouleversements profonds, une crise des partis institutionnels, un changement générationnel, auxquels s'ajoute une rupture technologique, autant d'éléments qui font qu'on change de paradigme, explique Stéphane Boisson, fondateur en septembre 2015, avec son associé Philippe Gérard, de la start-up Poligma à Montpellier. Lors d'une campagne électorale, de nombreuses informations remontent du terrain, notamment sur les enjeux et les problématiques, et on a accès aujourd'hui à un très grand nombre de données statistiques sur les territoires, comme les données démographiques et fiscales, le taux de chômage, le taux d'occupation des logements, etc. Ce sont des données qui donnent une connaissance très fine d'un territoire et qui sont peu exploitées par les politiques, alors qu'elles jouent un rôle dans la modélisation statistique multi-niveaux des comportements électoraux. Il est donc important d'être capable d'écouter ce qui se dit sur le territoire et d'analyser ces données, pour prendre les meilleures décisions. »

Collaborations de recherche

Poligma a donc imaginé, dès la fin 2015, une solution de traitement statistique, d'analyse sémantique et de communication politique à même d'accompagner un candidat durant sa campagne électorale.

L'outil a été conçu en collaboration avec trois laboratoires de recherche montpelliérains : le LIRMM (Laboratoire d'Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier) et le laboratoire Advanse sur la fouille de données et l'extraction de connaissances dans les bases de données, l'IRSTEA et son unité de recherche TETIS (recherches méthodologiques sur la maîtrise de l'information spatiale) « qui travaille sur les données des réseaux sociaux permettant de repérer les données thématiques d'un territoire », précise Stéphane Boisson, et Miashs (Mathématiques et Informatique Appliquées aux Sciences Humaines et Sociales).

« Nous travaillons également avec BIME Analytics (entreprise montpelliéraine spécialisée en business intelligence, NDLR) pour la data-visualisation », ajoute Stéphane Boisson.

Labourer le terrain politique

L'outil de Poligma, baptisé RƎCiT, propose ainsi la gestion des équipes en campagne (communication en temps réel sécurisée, tâches, agenda, documents partagés), la gestion et le suivi sécurisés des dépenses de campagne, le suivi des dossiers, l'organisation des actions sur le terrain et les mesures d'impact, des analyses de notoriété, une synthèse des flux d'actualité, ainsi que l'analyses des données territoriales.

« Poligma veut devenir le GPS pour labourer le terrain politique ! », lance Stéphane Boisson.

Le dirigeant déclare avoir signé ses premiers contrats avec plusieurs candidats aux législatives, « des députés entrant et des députés sortants », mais se refuse à donner des noms, par souci de discrétion vis à vis de ses clients.

« Nous venons donc de faire nos preuves de marché, assure-t-il. Nous avons présenté en mars notre candidature au réseau Entreprendre. Notre objectif est d'obtenir de l'accompagnement et un soutien financier faisant effet de levier, et d'attirer des investisseurs. Nous prévoyons de faire une levée de fonds afin de recruter entre 8 et 10 salariés d'ici un an, des data-scientists, des informaticiens développeurs, des commerciaux. »

Transparence politique

Dans un deuxième temps, Poligma développera son outil pour un usage en gestion des collaborateurs pour un élu en mandat.

« J'avais compris, dès 2015, que le travail réalisé pendant une campagne électorale avait tendance à disparaître, qu'on n'était pas capable de sédimenter, fait observer Stéphane Boisson. On avait aussi noté le besoin de tracer le travail des collaborateurs de l'élu, notamment du fait du principe de la transparence en politique. Notre ambition est de fournir un outil qui permet de gérer les tâches et les projets, de communiquer de façon transparente et sécurisée, mais aussi de maintenir le lien avec les citoyens... Une partie des fonctionnalités seront prêtes en septembre. »

Un outil qui interpellera peut-être les nouveaux députés élus le 18 juin, dont une grande partie, issue de la société civile, débutera dans la sphère politique...

Cécile Chaigneau

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