La Région et la Métropole de Montpellier bientôt au capital de la SATT AxLR

À l’occasion de ses 5 ans, la SATT AxLR organisait une réception, le 27 novembre, à Agropolis International à Montpellier. Deux débats ont animé la soirée, autour de l’innovation. Et deux annonces ont été faites : la "territorialisation" de la SATT, et son mariage avec Languedoc-Roussillon Incubation.
Cécile Chaigneau
Une des tables rondes lors de la soirée anniversaire (5 ans) de la SATT AxLR, le 27 novembre 2017 à Montpellier.

Cinq ans d'existence, 600 projets détectés et analysés, 120 innovations sélectionnées, 20 start-ups créées, 65 contrats de transferts de technologie signés avec des entreprises, 280 déclarations de brevets et de logiciels. Tel est le bilan chiffré de la SATT (société d'accélération du transfert de technologies) AxLR, fondée en 2012 dans le cadre du programme des Investissements d'Avenir, et qui avait invité le monde institutionnel et économique à Agropolis International (Montpellier) le 27 novembre, pour célébrer ses cinq ans.

Située au carrefour du monde de la recherche et des entreprises, la SATT est spécialisée dans la maturation et la commercialisation de projets innovants issus de la recherche académique. Elle vise ainsi à améliorer la valorisation de la recherche, en accélérant notamment son transfert et son utilisation par l'industrie.

Championne nationale

Il existe à ce jour 14 SATT, dont deux en Occitanie (150 laboratoires et 10 000 chercheurs) : AxLR à Montpellier et TTT (Toulouse Tech Transfert) à Toulouse.

« 120 projets ont fait l'objet d'engagements pour 30 M€ par le Fonds National de Valorisation, avec des cofinancements des collectivités - Région Occitanie et Métropole de Montpellier - et de l'Europe (4 M€, NDLR), souligne avec satisfaction Philippe Nérin, président de la SATT AxLR, en préambule. Le transfert de technologies par création d'entreprise est une spécificité d'AxLR : nous affichons un des taux les plus élevés de créations de start-ups au plan national... Pour citer quelques exemples parmi nos engagements, nous investissons dans le développement de nouvelles molécules contre le cancer, le développement d'une filière nano-satellite pour les objets connectés, des prothèses orthopédiques communicantes, de nouveaux vecteurs énergétiques issus des métaux de la mer, etc. »

L'impact socio-économique de ces investissements s'est traduit par la création de plus de 189 emplois directs ou indirects : 91 nouveaux emplois au sein des start-up ayant bénéficié des technologies développées par la SATT et 98 des ingénieurs embauchés par la SATT qui ont trouvé un emploi à l'issu de leur parcours professionnel au sein de la SATT.

« C'est un acte de foi »

Deux annonces ont été faites lors de cette soirée anniversaire. La première concerne l'actionnariat de la SATT* : des discussions sont en cours pour déterminer les modalités d'entrée à son capital de deux collectivités majeures que sont la Région Occitanie et Montpellier Méditerranée Métropole.

« Cette démarche de poursuivre l'accompagnement de la SATT fait l'objet d'un examen en ce moment, pour sanctuariser l'engagement de la Métropole dans la SATT, car ici les start-ups sont nombreuses et je sais leurs besoins, il faut répondre présent », déclare Chantal Marion, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, en charge du développement économique.

« Nous travaillons pour voir quelles seraient les meilleures modalités de retour des Régions au capital des SATT, annonce de son côté Nadia Pellefigue, vice-Présidente de la Région Occitanie. Nous voulons démontrer la capacité de produire un modèle qui pourrait être inspirant. Car c'est un acte de foi, dans une période de défiance de l'action publique, de montrer que nous pouvons produire de l'innovation au service de nos territoires et de l'humain. »

Une démarche de territorialisation qui réjouit le préfet de l'Hérault, Pierre Pouëssel : « Quand la Région et la Métropole s'entendent, ça va dans le bon sens ! Il faut que la Région et les Métropoles convergent dans l'intérêt collectif et du développement des territoires. C'est un signe de très bon augure ».

« L'entrée au capital des collectivités va renforcer un lien et permettra de répondre mieux à l'accompagnement du potentiel de développement du territoire », ajoute Olivier Camau, directeur régional délégué de la Caisse des Dépôts.

LRI fusionne avec la SATT AxLR

Par ailleurs, Nadia Pellefigue annonce également la fusion prochaine de Languedoc-Roussillon Incubation (LRI, incubateur destiné à promouvoir la création d'entreprises innovantes à partir des travaux de recherche des établissements d'enseignement supérieur et des organismes de recherche publique), présidé par François Pierrot et dirigé par Philippe Gabrion, avec la SATT AxLR.

« Le 15 décembre prochain, je proposerai à la commission permanente de donner son accord de principe sur la fusion de LRI avec la SATT AxLR, une fusion déjà de fait, qui sera officielle au 1e janvier 2018 », ajoute Nadia Pellefigue.

Les équipes de LRI, qui sont déjà installées dans le même bâtiment que la SATT AxLR, seront intégrées à la SATT. L'incubateur célèbrera la semaine prochaine sa 200e entreprise accompagnée.

« Ça change le paradigme intellectuel des universitaires »

Deux tables rondes sur l'innovation et la recherche ont donné la parole à une douzaine d'intervenants régionaux mais aussi nationaux, comme Medhi Gmar (directeur adjoint « valorisation de la recherche » au Commissariat général à l'Investissement), Pierre Roy (directeur adjoint de l'innovation et des relations avec les entreprises au CNRS à Paris) ou Nicole Villeneuve (directrice de recherche des maladies cardio-vasculaires, Institut de Recherche Servier).

Chacun a témoigné de ses liens avec la SATT AxLR et de leurs vertus.

« La valorisation de la recherche est un métier compliqué car il faut convaincre les chercheurs et les entreprises, la SATT fait ce lien », déclare Medhi Gmar.

« La SATT est apparue à un moment où on se plaisait à dire que l'université et l'entreprise ne pouvaient rien faire en commun, raconte Philippe Augé, président de l'Université de Montpellier. Sur les 120 suivis, plus de la moitié est au profit de nos structures de recherche. C'est un succès de collaboration qui a fait preuve d'efficacité. C'était le chaînon manquant. »

« Ce qui est important, ce sont les effets en interne des universités, ajoute Patrick Gilli, président de l'Université Paul-Valéry. Voir exposer des réussites, ça change le paradigme intellectuel des universitaires : ils peuvent ainsi comprendre qu'on peut faire de la recherche fondamentale et créer de la plus-value. »

Une dynamique collective

« La SATT est arrivée alors que nous avions la volonté de s'ouvrir et de partager avec le monde économique, témoigne Fabrice Lorente, président de l'Université de Perpignan. Une antenne de la SATT a été créée à Perpignan, ce qui change tout, car cela permet des relations au quotidien. Dans le continuum de la sensibilisation à l'entrepreneuriat de nos étudiants, la SATT nous accompagne et participe à une dynamique collective. »

Enfin, deux entrepreneurs venaient narrer leur expérience avec la SATT. Nicolas Philippe, CEO de SEQONE
 (séquençage du génome à haut débit) se félicite d'avoir reçu une écoute à une époque où on parlait encore peu de médecine génomique.

« Si la SATT n'avait pas été là, l'idée du Dr Naudi serait morte dans l'œuf, lance quant à lui Olivier May, CEO de Bonetag (application de la technologie RFID à des prothèses orthopédiques)
. Elle nous a aidé dans l'accompagnement juridique, financier, et pour créer un business modèle. Elle cofinance, organise, donne un calendrier. »

* À ce jour, la SATT AxLR compte 11 actionnaires : Caisse des dépôts et Consignations, Centre National de la Recherche Scientifique, Université Montpellier, Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), Université de Perpignan Via Domitia, Montpellier SupAgro, École Nationale Supérieure de Chimie de Montpellier, Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l'Environnement et l'Agriculture (IRSTEA), Université Paul Valery Montpellier 3, Université de Nîmes.

Cécile Chaigneau

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