Epur se positionne comme acteur de la digitalisation des métiers du BTP

Spécialisée dans le développement d’outils innovants, la TPE audoise Epur vient de lever 373 000 € pour financer sa dernière boucle de R&D. Elle lancera, fin 2020, la production de la première fraiseuse portative à commande numérique sur le marché.
Oakbot est la première fraiseuse portative à commande numérique sur le marché
Oakbot est la première fraiseuse portative à commande numérique sur le marché (Crédits : Epur)

Le projet de fabrication d'Oakbot, machine d'usinage automatisée dédiée à la filière bois, a séduit Occitanie Angels et deux autres réseaux de business angels (BADGE et AMBA) qui viennent d'investir 373 000 € dans Epur, société audoise basée dans la vallée de la Sault.

"Cette levée de fonds va nous permettre de lancer la production de la deuxième série de robots, de soutenir sa commercialisation en France et à l'international et de développer la R&D pour offrir rapidement une gamme de produits couvrant la diversité des besoins de nos clients. Nous prévoyons ainsi un essor rapide de l'entreprise avec une croissance forte", se réjouissent les deux fondateurs, Ilias Zinsstag, président, et Pierre Giusti, directeur général et concepteur d'Oakbot.

De leur côté, les investisseurs ont salué le projet de cette "jeune pousse d'avenir qui propose des produits novateurs dans un secteur d'activité traditionnel".

Un outil révolutionnaire ?

Parti du constat qu'il manquait un outil fiable pour fabriquer des assemblages complexes de charpente, Pierre Giusti, charpentier de métier et titulaire d'un BTS électronique et informatique, travaille depuis 2013 sur un projet novateur qui permettrait de gagner en productivité, en sécurité et en confort de travail : Oakbot (référence à la robustesse du chêne), robot de fraisage portatif à trois axes numériques, monté sur un chariot de manipulation (poids total 80kg).

"Il y a très peu d'évolution dans la conception des outils électroportatifs. Oakbot a été conçu pour garantir une précision et une qualité d'usinage équivalentes aux meilleures machines numériques stationnaires. Associer en un seul produit mobilité/numérique est une petite révolution", estime Ilias Zinsstag.

Cet ancien charpentier a rejoint Pierre Giusti et ensemble ils ont créé, en 2016, la société Epur. Lauréat du concours « la start up est dans le pré », Pierre Giusti a obtenu, dans un premier temps, des financements pour étudier la faisabilité technique et commerciale de son projet. Après un dépôt de brevet et une nouvelle phase de financement (dont une ADI d'un montant de 180 000€) pour améliorer les différentes versions de la machine, la première présérie a été lancée en avril 2019.

"Nous avons à ce jour commercialisé huit Oakbots, dont six dans le cadre de bêta-test. Le service de R&D travaille actuellement sur des améliorations de la machine, surtout en terme d'accessoires, de façon à répondre pleinement à la diversité des pratiques et des process des charpentiers. Une nouvelle présérie d'une vingtaine d'exemplaires devrait être livrée en juin 2020 avant le lancement d'une production industrialisée", projette le président d'Epur.

Prix de la TPE pour l'Aude

Fabriqué dans les ateliers de la société, Oakbot est vendu à un tarif de 27 000 €, ce qui le positionne de fait sur une niche intermédiaire : dix fois plus cher qu'un outil électroportatif classique peu productif (scies circulaires, rabots...) mais dix fois moins qu'un robot stationnaire semi industriel. Dédié initialement aux TPE de charpente et industriels du secteur, cet outil novateur pourrait très vite trouver de nouveaux débouchés, notamment dans les usinages de métaux ou de pierre.

La récente levée de fond va permettre à Epur d'assurer le décollage commercial de son produit et de se déployer auprès d'un réseau national puis européen. La société (sept salariés plus un recrutement en cours) vise une vingtaine de revendeurs en 2020.

En parallèle, Epur a signé un partenariat avec la société A2C, spécialisée dans les machines de traitement et de manutention du bois, pour commercialiser toute sa gamme de produit sur la région ex LR.

Dans un autre registre, la société audoise vient de remporter le prix de la TPE (catégorie "Faire") pour l'Aude. Elle candidate pour la finale, le 29 Novembre, lors de la Place Créative, au Corum à Montpellier.

"Jusqu'à présent, aucun prix n'encourageait les TPE qui représentent pourtant 95% du tissu économique local. Notre entreprise est résolument tournée vers l'innovation mais nous avons le fait le choix, par conviction écologique, de nous implanter sur un plateau montagneux. Notre volonté est de continuer à contribuer à la revitalisation de notre territoire rural", conclut le président d'Epur.

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Commentaire 1
à écrit le 18/01/2020 à 10:50
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Ce choix d'implantation en milieu rural de semi-montagne audoise va au-delà du choix écologique Je pense qu'il s'agit de savoir faire ancestraux qui sont touchés de plein fouet par un manque de vocation comme tous ces métiers manuels que seule la m...

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