Comment aider les motards en cas d'accident ? C'est cette question qui est à l'origine de la création, en mars 2019, de la start-up Sheeld à Montpellier, par Antoine Huber, Benoît Leforestier et Sébastien Moureu, tous les trois motards pratiquants...
Depuis le 1er avril 2018, en application d'une directive européenne de 2015, l'eCall (emergency call), système embarqué d'appels d'urgence, est obligatoire sur les voitures neuves. En cas d'incident ou d'accident, il permet de déclencher l'alerte manuellement ou automatiquement (en cas de choc violent, via les capteurs intégrés dans les airbags) et donc l'appel des secours, faisant gagner un temps précieux.
Or ce dispositif n'existe pas encore sur les motos...
« Aujourd'hui, les deux-roues motorisés représentent 2 % des véhicules en circulation, mais 43 % des blessés graves et 22 % des morts sur la route, souligne Antoine Huber, Chief Marketing Officer de Sheeld. L'Union européenne est en train de travailler sur ce sujet pour les motos, les enjeux sont importants. »
En prévision de cette future réglementation, les trois hommes s'apprêtent à commercialiser dans le courant du 2e trimestre 2020 une solution digitale innovante qui comportera plusieurs fonctionnalités pour les deux-roues motorisés.
Appel d'urgence et géolocalisation
« Il s'agit d'un boîtier plug & play et d'une application mobile, explique Antoine Huber. Le dispositif permet de lancer un appel d'urgence en cas d'accident, même si cette fonction est complexe car il faut définir comment détecter qu'il s'agit bien d'un accident. En cas de soupçon de vol, il alerte le propriétaire et géolocalise le véhicule. En France, un deux-roues est volé toutes les 10 minutes... Comme ce boîtier est directement connecté à l'interface diagnostique, il permet aussi de gérer la maintenance de la moto. Et enfin, usage plus ludique, le système permet de partager des trajets avec des amis, avec une communauté. »
Sheeld est née au sein de l'incubateur Korner de l'entreprise Klanik, où travaillait Benoît Leforestier. Elle est aussi incubée au BIC de Montpellier, et vient de rejoindre l'ESA BIC Sud France, premier incubateur de l'Agence spatiale européenne en France sur les 22 que compte l'agence spatiale en Europe. Cinq autres start-ups font partie de la promotion : Murmuration (Toulouse), U-Space (Toulouse), Delfox (Bordeaux), SpaceMedex (Valbonne) et HydroClimat (Toulon).
« Ces trois incubateurs sont très complémentaires pour nous. L'ESA BIC, qui va nous aider sur la partie technique et technologique, nous permet d'avoir le support du CNES sur le réseau satellitaire Galileo, car l'un de nos objectifs, dans les années à venir, est d'avoir une précision telle qu'on puisse faire du suivi sur circuit et simuler une trajectoire, ce qui nécessitera une grande précision en matière de géolocalisation. »
Gestion de flottes
Pour l'heure, la start-up, qui emploie deux salariés en plus des trois cofondateurs, fait fabriquer son dispositif à Montpellier, notamment en sous-traitance chez EdgeFlex. Un ingénieur est en cours de recrutement.
« En attendant le lancement commercial de notre solution, nous avons commencé la commercialisation d'une solution pour les entreprises avec des fonctionnalités spécifiques de gestion de flottes de véhicules, essentiellement des flottes de camions, précise le CMO. Notre solution sera ensuite commercialisée auprès des particuliers essentiellement, via des distributeurs, au prix d'environ 400 €. Les compagnies d'assurance sont intéressées, nous discutons avec elles... »
La start-up envisage de recourir à une levée de fonds en 2020 afin d'accélérer son déploiement.
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