Désinfection par Led-UV : T.zic peut-elle œuvrer contre le Covid ?

La start-up montpelliéraine T.zic, qui développe un dispositif de désinfection instantanée de l’eau par Led-UV, a annoncé il y a quelques semaines une levée de fonds de 1,5 M€. Elle vient de réorienter ses moyens de R&D vers de nouvelles applications qui pourraient permettre de lutter contre la propagation du Covid-19.
Cécile Chaigneau
T.zic développe des systèmes de désinfection de l'eau au point d'usage par Led-UV.
T.zic développe des systèmes de désinfection de l'eau au point d'usage par Led-UV. (Crédits : DR)

La start-up T.zic développe un dispositif domestique de traitement instantané de l'eau par Led UV, baptisé UVOJI : un boîtier que l'on installe sous l'arrivée d'eau et qui élimine bactéries, virus, parasites et spores sans produit chimique et qui ne se déclenche qu'au moment où on en a besoin.

« Le principe actif, c'est le rayonnement ultra-violet, une technologie connue mais avec des lampes à mercures, mal applicables au marché du point d'usage que nous visons, nous, et qui est possible par Led, explique Thomas Séchaud, cofondateur et président de T-Zic. Le marché de traitement d'eau le plus important, ce sont les centres de santé pour le lavage des mains des praticiens par exemple, ou pour sécuriser l'eau potable pour des patients sensibles. Ça peut aussi être pour les besoins de sites isolés. »

T.zic a été créée en 2016 à Cap Alpha (Clapiers - 34) par Thomas Séchaud, Thomas Zunino et Manuel Bouhelier, et est incubée au BIC de Montpellier. Elle emploie 16 salariés sur trois sites : Clapiers, Grasse (bureau d'études) et Toulouse (commercial et marketing) - et a réalisé un chiffre d'affaires de 400 000 € en 2019, qu'elle compte monter à 2,5 M€ en 2020.

Fin 2019 (elle n'a communiqué que récemment), elle a levé 1,1 M€ auprès de business-angels (Provence Business Angel et Invest Essor), d'investisseurs et de Bpifrance, ainsi que sur la plate-forme de financement participatif Wiseed (400 000 €).

L'objectif : booster l'axe commercial, rechercher des distributeurs, avancer sur l'axe industriel (ligne de production, stock, partenariats avec des sous-traitants, et soutenir la R&D (nouvelles gammes de désinfection d'eau, nouvelles applications, propriété intellectuelle).

La start-up travaille en partenariat avec l'entreprise APF 34 pour la production de ses boîtiers. De 50 à 100 unités produites par mois aujourd'hui, T.zic prévoit une montée en charge progressive lui permettant d'atteindre les 500 à 700 unités d'ici la fin 2020.

Utile dans la lutte contre le Covid-19 ?

La solution de T.zic peut-elle servir dans la crise sanitaire actuelle d'une manière ou d'une autre ?

Thomas Séchaud rappelle que « le Covid19 étant un micro-organisme pathogène possédant un ARN (acide nucléique, ndlr), le rayonnement LED UV-C est efficace et inactive le virus. Il peut donc être utilisé pour la désinfection de surface et textile, sous réserve de validation médicale, notamment pour la réutilisation de masques FFP2. En revanche, il n'est pas possible de l'utiliser sur l'homme pour se désinfecter le corps et les mains ».

« Nous allons voir si certains process peuvent être accélérés, ajoute-t-il. Les applications des LED-UV vont bien au-delà du traitement d'eau. Elles peuvent servir en désinfection de surfaces, et on peut imaginer créer une enceinte pour désinfecter les masques FFP2 et les réutiliser par exemple. D'ailleurs, nous répondons à l'appel à projet de l'agence innovation défense pour lutter contre la propagation de l'épidémie. Ça pourrait aussi permettre de désinfecter des lits avec un robot, ou désinfecter de l'air des chambres... Ce serait un pivot mais nous avons les moyens en R&D et nous venons de flécher certaines de ces forces sur ces sujets, qui étaient au programme mais pas avant 2021 ou 2022. »

Sites isolés

Pour l'heure, T.zic propose trois gammes (de 350 à 1300 € pièce, selon le débit de traitement) : « OJI safe, premier produit de la gamme, OJI cure pour ceux qui veulent aussi traiter les matières en suspension et éliminer goût et odeur, et OJI Reuse pour le traitement des eaux grises au point d'usage, destiné aux camping-cars, bateau de plaisance, etc. Nous devions d'ailleurs lancer, le 16 mars dernier, le boîtier développé pour Narbonne Accessoires », précise Thomas Séchaud.

Le marché-cible de la start-up vise les particuliers en France, au Maghreb, en Europe du sud. La commercialisation en Asie du sud-est était programmée pour 2020, mais elle est freinée par la crise sanitaire du Covid-19.

« En France, nous visons les gens non raccordés en sites isolés et qui ont un forage ou un puisage en rivière pour produire leur eau potable sur site, ou encore les gens raccordés mais qui, par manque de confiance ou par besoin de sécurisation, veulent intégrer un point d'eau dédié pour la consommation humaine », précise Thomas Séchaud. Nous avons aussi développé un produit autonome avec panneaux solaires pour des sites où il n'y a pas de raccordement ou avec un réseau électrique peu fiable de manière à garantir son fonctionnement. »

En 2019, T.zic a intégré la 1e promotion d'innovation sociale de la Croix-Rouge, pour qui elle a installé ses systèmes dans plusieurs centres de santé ne disposant pas d'eau potable en France et à l'étranger.

Cécile Chaigneau

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