Eliis se diversifie, s’implante à Dubaï mais décale sa levée de fonds

Implantée sur le marché pétrolier, dont elle fournit les acteurs d’une solution de diagnostic géologique, l’entreprise héraultaise Eliis reporte sa levée de fonds à 2021 en raison du contexte de crise sanitaire. En attendant, elle poursuit son implantation sur la planète en visant le Moyen-Orient, et élargit les applications de sa technologie à d’autres secteurs comme la géothermie.
Cécile Chaigneau
Plus de 200 clients dans le monde, dont les majors pétroliers, utilisent la solution de diagnostic géologique développée par Eliis.
Plus de 200 clients dans le monde, dont les majors pétroliers, utilisent la solution de diagnostic géologique développée par Eliis. (Crédits : Reuters)

Sébastien Lacaze, le cofondateur d'Eliis, avait prévu de lancer une levée de fonds en mars. Mais avec la crise sanitaire, ses conséquences attendues sur son business plan et les incertitudes des prochains mois sur l'économie mondiale, il a décidé de décaler cette opération.

Eliis, créée il y a treize ans et installée depuis l'an passé à Clapiers à côté de Montpellier, a développé et commercialise (sous contrats de licence) un logiciel d'aide au diagnostic destiné à accompagner les géologues du marché pétrolier.

« Eliis leur apporte une meilleure compréhension du sous-sol via une échographie du sol qu'on interprète pour comprendre la géologie, ce qui permet aux acteurs pétroliers de dé-risquer le processus d'exploration-production en amont des forages, explique Sébastien Lacaze. Nous créons des modèles géologiques à partir d'une image sismique, c'est notre plus-value et ce processus est breveté. Notre logiciel permet de réduire les temps de traitement mais surtout d'amener de l'information, notamment sur les dépôts des sédiments et de manière fine. »

Stabiliser mais ne pas rester à l'arrêt

L'entreprise emploie aujourd'hui 38 salariés, dont une vingtaine dans l'Hérault et le reste dans ses bureaux implantés aux États-Unis, au Brésil, en Malaisie et en Australie. L'entreprise réalise la quasi-totalité de son chiffre d'affaires à l'international, soit 6 M€ auprès de plus de 200 clients partout dans le monde, dont « tous les majors pétroliers ».

« Cela fait trois ans que nous faisons + 30 % sur notre chiffre d'affaires annuel car il existe une forte demande liée aux besoins croissants du secteur pétrolier en outils performants et en technologies, observe Sébastien Lacaze. Nous étions partis pour accélérer afin d'asseoir notre plus-value, notre R&D, notre présence à l'international. D'où la levée de fonds en mars. Mais nous avons dû décaler l'arrivée des investisseurs en raison du contexte actuel de crise. Notre objectif 2020 est au moins de stabiliser l'entreprise. Nous avons regardé notre capacité d'investissement interne pour ne pas rester à l'arrêt et nous procédons à des investissements organiques. Nous voulons ouvrir un bureau au Moyen-Orient, à Dubaï, idéalement en septembre, pour développer le marché moyen-oriental et toucher l'Inde et une partie de l'Asie, et nous cherchons quelqu'un pour ce bureau. Nous venons de recruter un chef des opérations pour les États-Unis et nous allons y renforcer les équipes commerciales. Et nous allons mettre en place une stratégie sur l'Indonésie. D'ici la fin de l'année, nous devrions recruter une dizaine de personnes et une dizaine d'autres en 2021. »

Géothermie et stockage souterrain de CO2

La levée de fonds est donc reportée « à 2021 probablement, avec l'objectif d'asseoir une présence face aux grands groupes et tripler le chiffre d'affaires à échéance de 3 à 5 ans ». En attendant, Eliis pense diversification afin de ne pas dépendre uniquement du marché pétrolier.

« Nous ouvrons notre solution aux énergies renouvelables comme la géothermie ou le stockage de CO2 en sous-sol, précise Sébastien Lacaze. Eliis permet aussi d'étudier les réservoirs souterrains susceptibles d'accueillir des stockages de CO2.  Par exemple, nous travaillons notamment sur le stockage de gaz pour la filiale d'Engie, Storengy... Nous venons de rejoindre le pôle de compétitivité Avenia à Pau (dédié aux industries du sous-sol : pétrole et gaz, mines et carrières, géothermie profonde, hydrogéologie, géotechnique, NDLR). Nous sommes dans une démarche proactive pour investir sur ce secteur car il y a une forte appétence pour cette industrie. »

Autre axe de développement : booster la R&D pour améliorer l'outil, qui brassent de gigantesques quantités de données.

Tirer profit de la crise

Comment Eliis a-t-elle traversé la crise sanitaire du Covid-19 ?

« Nous avons des contrats en direct avec les compagnies nationales, c'est-à-dire celles qui ont la puissance financière, ce qui nous a donc permis d'assurer une stabilité financière malgré les contraintes du confinement, répond le dirigeant. Ce sont ces compagnies étatiques qui détiennent l'énergie de demain, fossile mais aussi renouvelable comme la géothermie, et ce sont les seules qui aujourd'hui investissent de façon durable car elles veulent de plus en plus maîtriser les process pour demain maîtriser la transition écologique. »

Selon lui, « le business reprend » : « On a toujours profité des crises, comme la crise pétrolière en 2015, pour accélérer notre croissance car pour les acteurs, c'est l'intelligence, la technologie qui priment pour gagner du temps et améliorer les process. C'est un moment intéressant car les compagnies pétrolières regardent ce qui marche et ça nous permet de pénétrer des marchés difficiles à pénétrer d'ordinaire sans moyens marketing importants ».

Eliis vient ainsi de concrétiser un contrat de cinq ans avec le géant brésilien Petrobras, après plusieurs années de négociations ralenties par le vaste scandale de corruption dans lequel était empêtrée l'entreprise publique...

Cécile Chaigneau

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