Vehicle-to-grid : en Occitanie, un projet va tester des bornes de charge intelligentes

Les partenaires (notamment EDF et la Région Occitanie) du projet Flexitanie, qui va être lancé à l’automne prochain, ambitionnent de faire de la région Occitanie un terrain pionnier pour déployer à grande échelle la technologie "Vehicle-to-Grid" en France. Le principe : des bornes de charge bi-directionnelles intelligentes, faisant des batteries des véhicules électriques des solution de stockage d’énergie.
Cécile Chaigneau
DREEV (filiale d'EDF) a développé une technologie de pilotage de bornes de charge intelligentes pour les véhicules électriques.
DREEV (filiale d'EDF) a développé une technologie de pilotage de bornes de charge intelligentes pour les véhicules électriques. (Crédits : DREEV)

Promouvoir le véhicule électrique et en même temps une meilleure intégration des énergies renouvelables et une flexibilité sur le réseau. C'est l'ambition du projet Flexitanie lancé en Occitanie, grâce à une technologie de smart-charging intelligente, le pilotage de bornes de charge bi-directionnelles "Vehicle-to-Grid" (V2G).

Le groupe EDF, la Région Occitanie et son agence de développement Ad'Occ et l'ADEME en ont fait l'annonce le 7 juillet, en partenariat avec le pôle de compétitivité DERBI, Leader Occitanie, l'association nationale pour le développement de la mobilité électrique (AVERE) et la CleanTech Vallée dans le Gard. Ce projet innovant, qualifié « d'une ampleur inédite en France », intervient dans le cadre du dispositif régional « Contrat d'Innovation ».

L'objectif du projet Flexitanie est de tester à grande échelle, et sur une unité de lieu géographique, le service de pilotage d'une centaine de bornes de charge bi-directionnelles V2G. Les premiers déploiements des bornes bi-directionnelles est prévu pour l'automne 2020, à commencer par le Gard. Le projet devrait s'étaler sur une année environ.

Stocker le kWh non consommé

Flexitanie repose sur la nouvelle technologie V2G, qui permet à DREEV, une co-entreprise créée par EDF et la start-up californienne NUVVE, d'utiliser les batteries des voitures électriques en stationnement comme solution de stockage d'énergie : grâce aux technologies V2G, l'énergie accumulée dans les batteries de véhicules électriques, passant la majorité de leur temps en stationnement, peut aussi servir à ré-alimenter un bâtiment, un quartier ou le système électrique quand ces derniers en ont besoin.

En devenant un dispositif de stockage dormant, le véhicule électrique apporte alors une solution permettant de faciliter, et donc de favoriser, l'utilisation des énergies intermittentes d'origine renouvelables, car le kWh ainsi produit et non consommé de manière immédiate peut être stocké dans les batteries des véhicules et consommé ultérieurement.

« Le projet V2G d'EDF déployé en Occitanie valorise l'intérêt de l'insertion des énergies renouvelables au sein du système énergétique et positionne le véhicule électrique au cœur de la chaîne du stockage d'énergie irrigant les écosystèmes locaux et les réseaux intelligents », se réjouit André Joffre, Président du pôle de compétitivité DERBI.

Le réseau peut alors puiser dans les batteries des véhicules l'électricité nécessaire pour répondre aux fortes demandes lors de pointes de consommation ou pour pallier un manque ponctuel de production, lorsque la météo ne permet pas d'exploiter le potentiel des moyens de production renouvelables par exemple. La technologie V2G (et ce modèle bidirectionnel) permet ainsi d'alimenter le réseau électrique en fonction de ses besoins tout en lui offrant de la flexibilité.

L'équivalent d'une centrale de production de 1 MW

C'est l'entreprise de technologies helvético-suédoise ABB qui fabrique les bornes de charge nouvelle génération pour la filiale d'EDF DREEV.

Ces bornes intelligentes, embarquant la technologie DREEV, viendront donc alimenter une flotte de 100 véhicules Nissan LEAF 100 % électriques (équipés du standard de recharge rapide CHAdeMO, permettant la charge bidirectionnelle) répartis chez une dizaine d'industriels. Soit l'équivalent d'une centrale de production de 1 MW.

Ambition du projet Flexitanie : faire de la région Occitanie un terrain pionnier pour déployer à grande échelle cette technologie V2G en France.

« Le V2G, c'est la mise en place concrète et au cœur des territoires de services de flexibilité de l'énergie, rendue disponible grâce au stockage, résume Sylvain Vidal, le nouveau délégué régional EDF Occitanie. L'innovation de Flexitanie, c'est cette échelle des 100 bornes de charge sur un seul territoire où on trouve beaucoup d'énergies renouvelables. Ce projet permettra une véritable gestion de la capacité et donnera à voir ce qui se passe, comment les utilisateurs s'accommodent de ces technologies, quel est le gain pour le réseau électrique et pour l'intégration des énergies renouvelables. L'objectif ensuite sera bien sûr d'aller au-delà des 100 bornes de charge... Cette technologie innovante s'inscrit dans l'ambition du groupe EDF d'être un acteur majeur de la mobilité électrique (d'ici 2022 en France, au Royaume-Uni, en Belgique et en Italie, tel qu'exprimé par son Plan Mobilité Électrique, NDLR) et de la transition énergétique aux côtés des acteurs locaux. »

La présidente de la Région Occitanie Carole Delga assure qu'« avec le lancement de ce projet inédit en France, c'est un tout nouveau modèle qui s'invente et s'expérimente sur le territoire régional. Ce projet V2G est aussi une réponse concrète à notre ambition d'être la première région à énergie positive d'Europe où la mobilité électrique est repensée pour mieux intégrer les énergies renouvelables ».

« Tiercé gagnant »

L'Ademe a contribué financièrement aux études préalables. Par ailleurs, Flexitanie représente « un investissement de 7 000 à 8 000 € par borne de charge, ramené à 3 500 € pour l'industriel », détaille Sylvain Vidal. Soit 700 000 à 800 000 € dont la moitié sera pris en charge par la Région Occitanie.

« L'idée, c'est qu'avec l'aide de la Région, la borne intelligente coûte à l'industriel qui s'équipe le même prix qu'une borne de charge classique, ajoute le délégué régional EDF. Et comme il va renvoyer de l'énergie dans réseau, il sera rémunéré, donc au final, la recharge lui coûtera quasiment rien. »

Les partenaires régionaux de l'opération, qui seront notamment des ambassadeurs de la démarche auprès de leurs écosystèmes respectifs, soulignent les intérêts de ce projet innovant, comme « la contribution au développement de la mobilité électrique et à l'émergence des réseaux intelligents grâce à une solution d'avenir aux atouts écologiques et économiques majeurs », selon Virginie Monnier-Mangue, présidente de la CleanTech Vallée à Aramon.

« Le V2G permet de renforcer l'attractivité des véhicules électriques et du photovoltaïque pour nos entreprises, les véhicules électriques devenant des outils de stockage temporaire de l'électricité en plus d'être une solution de mobilité verte, ajoute Jalil Benabdillah, président de Leader Occitanie. On conjugue donc une réduction des coûts de consommation d'énergie avec une démarche respectueuse de l'environnement. »

Sylvain Vidal résume en assurant que « le V2G est un tiercé gagnant : économe pour le client, bas carbone pour la planète et optimal pour le réseau ».

La prospection des industriels qui s'équiperont en véhicules et bornes démarre en vue du lancement à l'automne.

Cécile Chaigneau

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