ITK lance un nouveau projet en Afrique sur la séquestration de carbone dans les sols agricoles

Leader de l’agri-intelligence, l’entreprise héraultaise ITK est tête de file d’un nouveau consortium d'entreprises signé cet été – notamment avec Airbus Defence and Space – sur un projet de séquestration du carbone dans les sols agricoles en Afrique. Objectif : utiliser l’agriculture de précision pour améliorer la santé des sols, réduire l’utilisation d’engrais et accroître les rendements des cultures.
Cécile Chaigneau
Le projet Kilimo, remporté suite à un appel à projet du gouvernement kenyan, a pour ambition d'apporter des outils d'aide à la décision pour optimiser la production de maïs tout en limitant l'apport d'intrants.
Le projet Kilimo, remporté suite à un appel à projet du gouvernement kenyan, a pour ambition d'apporter des outils d'aide à la décision pour optimiser la production de maïs tout en limitant l'apport d'intrants. (Crédits : ITK)

L'entreprise ITK, basée à côté de Montpellier et spécialisée dans le développement et la commercialisation d'outils d'aide à la décision pour l'agriculture (viticulture, arboriculture, grandes cultures, élevage) annonce avoir remporté, le 9 juillet dernier, le contrat du projet KILIMO (Kenyan Innovation for Low Impact Maize prOduction) au Kenya, en collaboration avec Airbus Defence and Space (pour son imagerie satellitaire) et portant sur la sécurité alimentaire et la séquestration du carbone dans les sols agricoles en Afrique.

Les deux entreprises sont désormais liées au sein d'un consortium comptant également les experts académiques de l'UMR Eco&Sol (en lien avec l'IRD et le CIRAD, GE-Data, de Toulouse et Washington) et l'entreprise LocateIT à Nairobi.

« Le consortium est porté par ITK et financé sur fonds FASEP (Fonds d'études et d'aide au secteur privé, NDLR) pour un montant supérieur à 800 000 €, précise Aline Bsaibes, directrice générale d'ITK. C'est l'occasion, pour ITK, de se positionner sur cette question stratégique de la conservation des sols et la digitalisation de l'agriculture à l'échelle mondiale. »

Équilibre entre productivité et durabilité

A quelle problématique vient répondre le projet KILIMO ?

« Ce programme, qui a débuté en juillet, s'inscrit dans la lutte contre le trafic d'intrants et pour assurer de meilleures ressources alimentaires et financières aux agriculteurs, explique la dirigeante. Il s'agit d'élaborer un outil d'aide à la décision pour déterminer quel est le meilleur moment pour l'application des intrants afin de maximiser la production de maïs et d'optimiser la séquestration de carbone en utilisant le moins de fertilisants possible sur les parcelles. L'objectif à terme est de trouver le meilleur équilibre entre productivité et durabilité en utilisant des indicateurs de stockage du carbone par les sols, un des grands enjeux de la lutte contre le réchauffement climatique. »

L'entreprise experte en agri-intelligence ayant déjà développé des modèles agronomiques basés sur le fonctionnement biophysique des plants, « nous avons tout l'environnement nécessaire pour extraire la donnée de séquestration carbone et ainsi compléter des outils digitaux et mobiles que notre filiale africaine E-Tumba propose déjà pour accompagner les agriculteurs africains ».

Ces développements s'inscrivent dans la volonté d'ITK de mettre l'accent sur les problématiques de la sécheresse et de la gestion intelligente de l'eau.

« Le projet se déroulera sur 18 mois, et si nous faisons la preuve de concept sur cette région du Kenya, l'objectif est de l'étendre à d'autres contrées du Kenya et à d'autres pays d'Afrique car la problématique est la même partout, ajoute Aline Bsaibes. Par ailleurs, nous voyons arriver en Europe les problématiques de sécheresse observées aujourd'hui en Afrique. Nous prenons donc ainsi une longueur d'avance. »

Diversification : assurance et logistique

Suite à sa levée de fonds de 15,5 M€ à l'automne dernier, ITK, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 10 M€ en 2019, s'est mis en ordre de marche pour amorcer une nouvelle phase de croissance.

« Nous avions besoin tout d'abord de mieux structurer l'entreprise et nous avons commencé par recruter 45 personne - 35 en solde net - sur les fonctions finances, RH, business et communication, détaille Aline Bsaibes. En période de Covid, nous sommes malgré tout allés au bout de ce plan de recrutements. Nous avons maintenu tous les salaires et travaillé à 100 % en télétravail avec une belle performance des équipes. On n'a rien arrêté, mais on a observé une diminution des budgets dans certaines entreprises clientes, ce qui impactera notre croissance essentiellement. »

Concernant le développement d'une offre autour de l'assurance de précision (permettre de distinguer la part de perte d'exploitation liée à l'aléa climatique du reste de manière à couvrir le risque environnemental), amorcé suite à la levée de fonds, la dirigeante annonce des partenariats avec « plusieurs assurances et réassurances françaises et européennes » (sans les citer) avec lesquelles ITK élabore des produits sur la base de métriques tangibles permettant d'évaluer l'impact du risque climatique.

Des outils qui pourraient intéresser également des acteurs de la logistique agricole, ajoute Aline Bsaibes : « Nous avons commencé dans la tomate produite en serre, sur laquelle il existe un problème d'anticipation sur les récoltes. Nous avons travaillé avec la marque Rougeline et le produit est aujourd'hui terminé. Cet outil permet d'anticiper sur les quantités de rendement et donc sur les besoins pour la collecte ».

Cécile Chaigneau

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