TatiTag piste les bactéries avec ses biocapteurs colorimétriques

La jeune start-up montpelliéraine TatiTag propose un outil de diagnostic innovant, rapide et peu onéreux, permettant de détecter des bactéries via un procédé colorimétrique. Incubée depuis deux ans au sein de l’Institut d’électronique et des systèmes (IES) de Montpellier, la société sera créée dans quelques jours.
Cécile Chaigneau
(Crédits : Pixabay / CC)

Des biocapteurs permettant de détecter des bactéries pathogènes dans un échantillon liquide en temps réel et à faible coût ? Voilà deux ans que Tatiana Rabe-Ralam, jeune ingénieur en biotechnologie, travaille sur le sujet. Son projet est incubé depuis 2018 au sein de l'Institut d'électronique et des systèmes (IES) de Montpellier et du BIC de Montpellier, et accompagné la SATT AxLR.

« Nous sommes trois cofondateurs, et la création de la société sera finalisée d'ici à la mi-octobre, précise Tatiana Rabe-Ralam. Nous avons déposé un brevet fin 2017 et il porte aujourd'hui sur 12 pays. L'innovation porte sur la partie biologique accrochée sur un support flexible, mais aussi sur le design du produit. »

L'outil développé par TatiTag est un outil de diagnostic basé sur un biocapteur colorimétrique multiplexé, rapide et à usage unique. Il se présente sous forme de pansement-test.

« Le réactif biologique que nous utilisons ne ciblent que la bactérie pathogène qu'on veut repérer, explique Tatiana Rabe-Ralam. Notre outil permet une révélation de la présence de la bactérie en temps réel car on accroche à ce réactif biologique une molécule chromogénique qui ne réagit qu'à la bactérie changeant de couleur. Le dispositif est imprimé sur des bobines de support flexible, des rouleaux de 2,5 km permettant de fournir 300 000 dispositifs. C'est l'industrialisation qui permet faible coût de cet outil, soit la moitié moins coûteux qu'une méthode conventionnelle de culture et de dénombrement en laboratoire de biologie ou la PCR qui prend du temps. »

Agroalimentaire et scandales sanitaires

Ce dispositif répond en premier lieu aux besoins du secteur de l'agroalimentaire : « Les scandales sanitaires de ces dernières années, les rappels produits, etc. ont renforcé la vigilance et la prévention par des contrôles qualité et suivi de production, surtout pour les produits ultra-frais comme le lait ou la viande ».

Un autre secteur s'est rapidement montré intéressé : celui de la dermato-cosmétique. Sur un congrès où elle était présente, la start-up TatiTag a eu la surprise de recevoir la visite très intéressée des représentants d'un laboratoire cosmétique de la région.

« Nous avons signé un premier contrat avec ce laboratoire via la SATT AxLR, et nous allons le renouveler courant octobre et ensuite mener des essais cliniques avec eux à partir de février 2021 », affirme la jeune femme, qui préfère ne pas officialiser le nom du laboratoire avant la signature du contrat.

Maladies bactériennes : servir les pays en voie de développement

A plus long terme, le dispositif devrait intéresser aussi le domaine de la santé, et plus précisément les laboratoires de bactériologie pour la recherche. Mais si les certifications requises pour le secteur agroalimentaire sont en cours et seront rapidement validées, les procédures en santé sont bien plus longues et plus onéreuses, et interviendront dans un autre temps, « après la phase d'industrialisation », annonce Tatiana Rabe-Ralam.

Bien sûr, la jeune start-up aura besoin de financements. A court terme, elle compte sur des subventions diverses, se prépare au concours i-Lab de Bpifrance, et envisage une levée de fonds à horizon de mars ou avril 2021.

En attendant, Tatiana Rabe-Ralam se dit ravie que TatiTag ait été distinguée par le Rotary Club Montpellier Méditerranée dans le cadre du concours "Initiative Start Up 2020" qui récompenses de jeunes entrepreneurs et attribue au lauréat une aide financière de 2 000 €.

« C'est intéressant aussi parce que les membres du club sont très expérimentés dans plusieurs domaines et vont nous accompagner en R&D dans les démarches de certification qui sont complexes. Le président, Antoine Calderini est membre des business-angels et pourra nous conseiller dans nos besoins en financement. Et enfin, le Rotary est international. Or mon objectif, c'est que mon dispositif médical serve d'abord dans les pays en voie de développement, où il y a toujours des maladies bactériennes. »

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.