Pourquoi l’innovation de Bacchustorm intéresse les domaines viticoles

Spécialisée dans la décontamination par lumière pulsée des barriques de vin, Bacchustorm propose une alternative au méchage soufré, peu écologique. Approchée par des domaines viticoles, la jeune société gardoise entre en phase commerciale et entend déployer son innovation d’abord en France puis, dès l’an prochain, à l’international.
Bacchustorm propose de décontaminer les barriques de vin par lumière pulsée.
Bacchustorm propose de décontaminer les barriques de vin par lumière pulsée. (Crédits : Bacchustorm)

Après avoir créé en 2018 Sterixène (9 salariés, 650.000 euros de chiffre d'affaires), une société spécialisée dans la décontamination des surfaces par lumière pulsée, Janyce Franc et Christophe Puisnel se lancent dans une nouvelle aventure avec Bacchustorm, créée en septembre 2022.

« En 2019, les dirigeants du domaine viticole Calon Segur, en Gironde, ont contacté Sterixène pour trouver une solution de décontamination de leurs barriques, qui serait une alternative à la technique ancestrale du méchage soufré, contextualise Janyce Franc. Leur maître de chai avait fait réaliser des relevés par la MSA et le taux de SO2 gazeux dans les chais explosait les compteurs. Comme ils ont 1.800 barriques de vins, ils cherchaient une solution plus écologique, moins gourmande en eau mais capable de réduire la quantité de micro-organismes, notamment les Brettanomyces, ces levures d'altération donnant parfois ce goût d'écurie de vin. Sterixène étant dédié aux entreprises pharmaceutiques, cosmétiques ou agroalimentaires, nous avons estimé que la création d'une société à part entière, Bacchustorm, faisait sens. »

Trois minutes chrono

Après deux ans de travail, Janyce Franc et Christophe Puisnel ont mis au point un appareil de décontamination qui fonctionne en utilisant la lumière pulsée. Une première dans le milieu viticole. L'innovation a d'ailleurs fait l'objet, en novembre dernier, d'un brevet.

L'appareil est composé d'un caisson mobile contenant la partie électronique (convertisseur d'énergie électrique), une zone de pilotage, le pistolet et une gaine de raccordement.

« Le pistolet contient une lampe avec une ampoule au xénon, gaz neutre et inoffensif, précise Janyce Franc. Grâce à une impulsion électrique de très haute tension, le flash de lumière envoie l'équivalent de 100.000 fois le spectre du soleil (intensité similaire à un arc de soudure, NDLR). C'est ce flash qui altère l'ADN des micro-organismes et détériore ainsi les pathogènes. »

Des tests préliminaires ont été effectués avec le laboratoire Excell et ont montré une réduction drastique de Brettanomyces dans le vin après un élevage dans des barriques contaminées et traités par lumière pulsée.

Grâce au système mis au point par Bacchustorm, en trois minutes et trente-six flashs (soit une énergie de 800 joules par flash), la barrique est décontaminée.

Pour éviter tout risque d'exposition à la lumière par l'utilisateur, la lampe est équipée d'un LED de sécurité qui ne permet de flasher que dans l'obscurité la plus totale, sinon elle reste bloquée. Quant au pistolet, il est muni d'une protection rétractable pour éviter les risques de brûlure. La durée de vie de la lampe est estimée à 20 millions de flashs et la machine de 4.000 volts se branche sur du 220 volts et consomme environ 200 Wh durant la réalisation des flashs.

Trois appareils déjà vendus

Présenté au Vinitech Fisel, salon vitivinicole international, l'appareil, vendu 30.000 euros, « a fait sensation », assurent les dirigeants.

« Jusqu'à présent, l'emploi de la lumière pulsée dans le domaine viticole n'était que théorique et n'avait pas de  déclinaison terrain, indique la directrice générale. Nous avons fait des démonstrations sur le salon et des domaines français et étrangers se sont dits très intéressés par notre technologie. Nous  avons d'ailleurs vendu trois appareils. »

Incubée au Bic Innov'up, comme le fut Sterixène, Bacchustorm prévoit de se structurer pour pouvoir augmenter la cadence de production car il lui faut en moyenne douze semaines pour fabriquer un appareil. Pour l'heure, deux salariés de Sterixène travaillent pour Bacchustorm mais les deux fondateurs envisagent de recruter cette année deux autres collaborateurs à plein temps avant de monter en puissance progressivement.

Des essais dans les domaines régionaux

« Nous avons beaucoup à faire, projette Janyce Franc. Nous allons proposer des essais dans les domaines environnants (en Occitanie, NDLR) pour continuer à valider notre système et l'étendre à des cuves en inox et des amphores. Nous avons d'ailleurs intégré le réseau Vinseo (réseau actif d'entreprises, de chercheurs et d'enseignants, NDLR) pour nous faire connaître du milieu. Nous avons aussi prévu de participer aux salons Vini Viti Vici et au Sitevi (dans le Var et l'Hérault, NDLR). »

Les deux dirigeants de Bacchustorm, qui ont déjà investi 150.000 euros dans le projet, misent cette année sur la vente de six appareils. Ils ciblent dans un premier temps des domaines français puis, dès 2024, ambitionnent un déploiement de leur innovation en Europe puis en Australie et aux Etats-Unis.

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