Gestion du consentement : Axeptio lève 3,5 millions d’euros pour accélérer à l’international

La question du consentement des internautes (aux cookies, aux conditions générales de ventes et autres conditions d’utilisation) est permanente aujourd’hui dès lors que l’on met un pied sur le web. Pour éviter ce qu’elle appelle une « consent fatigue » chez les internautes, la startup montpelliéraine Axeptio a développé une plateforme de gestion du consentement qu’elle veut « moins intrusive et plus respectueuse des utilisateurs ». Elle vient de réaliser une première levée de fonds de 3,5 millions d’euros pour internationaliser sa solution.
Cécile Chaigneau
Romain Bessuges-Meusy, CEO et co-fondateur d'Axeptio.
Romain Bessuges-Meusy, CEO et co-fondateur d'Axeptio. (Crédits : Axeptio)

Acceptation de cookies, validation de conditions générales de ventes, abonnement à une newsletter... La sollicitation des internautes est continuelle lors d'une navigation sur internet. Des demandes de consentement qui, selon la startup montpelliéraine Axeptio, créent « une consent fatigue » et « impacte à la baisse les taux de conversion des sites marchands ainsi que la performance des call to actions ». Il faut dire que les enjeux sont de taille puisque derrière ces consentements se dissimule l'industrie de la publicité qui récupère les données des internautes à des fins de monétisation.

Le marché de la gestion du consentement a fait son apparition en 2018 avec l'application du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), le texte européen encadrant le traitement des données personnelles par les acteurs du numérique. Depuis, une cinquantaine d'acteurs a fait son apparition sur le marché des plateformes de gestion du consentement, dont Axeptio.

50.000 sites web

Depuis 2017, Axeptio développe une plateforme de gestion du consentement de tous types : « Les cookies bien sûr, mais aussi les consentements contractuels des conditions générales de ventes et des conditions d'utilisation, et les traitements marketing des jeux-concours ou des newsletters, détaille Romain Bessuges-Meusy, CEO et co-fondateur d'Axeptio. Le modèle économique repose sur un abonnement en paiement de l'hébergement et du stockage des preuves de consentement.

Sur un marché très concurrentiel, Axeptio a conçu une plateforme que la startup veut « moins intrusive et plus respectueuse des utilisateurs ».

« Nous avons choisi de ne pas utiliser les standards des gestion de consentement et nous évitons donc le dark pattern, conçu pour vous faire faire quelque chose que vous n'avez pas envie de faire, par exemple les gros boutons "accepter" et la minuscule mention "continuer sans accepter", énonce-t-il. Ce genre de choix s'adresse à des clients qui sont plus dans des enjeux de respect de l'image de marque ou de conversion comme les plateformes de e-commerce : il vaut mieux réussir à convaincre l'utilisateur via un consentement sain et le mettre dans de bonnes dispositions plutôt que l'agresser. Par ailleurs, nous poussons à la temporisation : les bandeaux de cookies ne sont pas obligés d'arriver dès la connexion à une page, comme un vendeur sauterait sur un client dès son entrée dans une boutique... »

La solution d'Axeptio, sur le marché depuis 2019, a déjà été adoptée « par 5.000 clients et est installée sur plus de 50.000 sites web », indique Romain Bessuges-Meusy, citant Ile-de-France Mobilités, PMU, Jardiland, Aigle, Dorcel, Carrefour, Opinel, Welcome to the Jungle, ou encore quelque 500 agences web, marketing ou de communication qui agissent comme des revendeurs de la solution Axeptio. Selon lui, « les sites-vitrines et de e-commerce sont ceux sur lesquels on est les meilleurs ».

Amorcer la pompe en Europe

Le 3 mai, la startup montpelliéraine annonçait avoir levé 3,5 millions d'euros auprès des fonds d'investissements ISAI, Evolem et Ovni Capital. Il s'agit de sa première levée de fonds.

Alors que son outil compte déjà 10% de clients internationaux répartis dans 40 pays, la startup veut accélérer son développement hors de France.

« Cette levée de fonds va nous permettre de partir à la conquête des milliards de sites web restant à équiper, assure Romain Bessuges-Meusy. La question du consentement, réglementée en Europe par le RGPD, est une question qui bouge aujourd'hui partout ailleurs, le RGPD inspirant d'autres pays. Notamment les Etats-Unis où une quinzaine d'états a mis en place une réglementation sur le sujet et où un texte fédéral pourrait être voté sous la présidence Biden. Mais aussi au Brésil, au Canada, en Suisse,... La prise de conscience sur le respect de la vie privée et des données personnelles est importante partout, et c'est aussi une façon pour les états de réintroduire un rapport de force vis à vis des géant de la tech sur la question de la souveraineté des pays... Notre objectif est d'abord de se focaliser sur un, deux ou trois pays européens pour générer de la visibilité et amorcer la pompe en choisissant des clients un peu stratégiques avec des marques fortes, ainsi que des agences web et marketing. On s'intéresse surtout aux Pays-Bas, à l'Allemagne, à l'Espagne ou au Portugal. »

« De la data mais verrouillée et validée »

Autre objectif de la levée de fonds : permettre à Axeptio de recruter une quinzaine de salariés pour passer de 42 aujourd'hui à une soixantaine d'ici 2024, et ainsi améliorer son outil.

« Nous allons recruter des profils en support, customer success, produit, tech, indique le CEO. Nous travaillons notamment sur un projet en version bêta qui s'adresse à l'internaute plutôt qu'à l'entreprise : l'objectif, c'est de faciliter sa navigation sur internet en le débarrassant des bandeaux cookies ! Comment ? En lui permettant de faire un choix sur notre notre plateforme, qui sera appliqué sur tous les sites qu'il visitera : on ne demandera pas d'accepter ou refuser des cookies mais d'indiquer des choix en termes de sécurité, compliance, etc. et donc d'accepter les cookies pour des partenaires compatibles avec ses choix. Et c'est notre outil qui fera le tri à sa place pour que les sites d'internet aient accès à de la data mais de manière verrouillée et validée par un tiers de confiance. Cette fonctionnalité pourrait être prête pour la fin 2023. »

Cécile Chaigneau

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