« 2,6 Mds € pompés sur le secteur de la construction »

Hausse de la TVA, fin du PTZ+ et de la loi Scellier, baisse des CIDD : Patrick Liebus, président national de la Capeb, tire la sonnette d'alarme après l'annonce du plan de rigueur du gouvernement.


À l'occasion de sa venue à Montpellier mardi 15 novembre 2011, Patrick Liebus, président national de la Capeb, vice-président national de l'UPA, a porté la voix des 380 000 entreprises d'artisanat du bâtiment de France. En Languedoc-Roussillon, l'artisanat du bâtiment représente 26 700 entreprises et 55 000 actifs. Entretien.


Objectif Languedoc-Roussillon : Quelles sont les différentes mesures prévues dans le dernier plan de rigueur du gouvernement qui toucheront de plein fouet les entreprises d'artisanat du bâtiment ?
Patrick Liébus :
Augmenter la TVA de 5,5 % à 7 %, c'est une perte d'activités de 1 Md € et de 10 000 emplois. Ces chiffres sont valables pour le secteur de la construction, à savoir une perte d'activité au niveau de l'industrie, des transporteurs, des négociants et des entreprises. À priori, cette augmentation devrait être effective au 1er janvier 2012. L'impact de l'augmentation de la TVA s'ajoute à celui da la suppression du prêt à taux zéro (PTZ+) dans l'ancien. Ce prêt permettait l'accès à la propriété pour les personnes à revenus modestes ou les jeunes couples. Ces achats d'appartements déclenchaient quasi systématiquement des travaux de rénovation. Il y aura donc, là aussi, une perte d'activité pour les artisans. De plus, le crédit d'impôt développement durable (CIDD), a été abaissé en août dernier de 10 %. Il sera de nouveau rabaissé de 20 % suite au deuxième plan de rigueur voulu par le gouvernement. Enfin, la suppression de la loi Scellier, prévue fin 2012, aura également un impact sur nos entreprises qui travaillent sur la réhabilitation mais aussi sur le neuf. Ce sont autant d'effets coup de frein que nos entreprises doivent supporter. Tout cela amène un véritable climat d'inquiétude.


Objectif Languedoc-Roussillon : Ce climat d'inquiétude affecte-t-il déjà l'activité des entreprises ?
Patrick Liébus :
Oui. Nous constatons une diminution dans nos carnets de commande depuis le mois de septembre. Une grande partie des travaux envisagés par les clients en juillet est reportée. Les particuliers décident d'attendre, préférant mettre leur argent dans des choses plus prioritaires que dans la rénovation de leur logement.

Objectif Languedoc-Roussillon : Quels bénéfices votre secteur avait-il tiré de l'abaissement de la TVA à 5,5 % en 1999 ?
Patrick Liébus :
C'était une explosion. Nous avons créé 53 000 emplois dans les premiers mois qui ont suivi la mesure. En 10 ans, notre secteur a créé 120 000 emplois. Mais notre activité a commencé à chuter en septembre 2008 avec une perte régulière de 6,5 % jusque fin 2010. Si une stabilité de cette baisse a été constatée au dernier trimestre 2010, l'année 2011 a affiché une timide reprise pour finalement rechuter en septembre. Au deuxième trimestre 2011, nous étions tout juste à la hauteur des chiffres de 2000.

Objectif Languedoc-Roussillon : En tant que président national de la Capeb, avez-vous le pouvoir d'interpeller le gouvernement ?
Patrick Liébus :
Les artisans représentent 380 000 entreprises en France. Dans le plan de rigueur, ce sont 2,6 Mds € qui sont pompés rien que sur le secteur de la construction, alors que ce secteur génère de l'emploi et représente un acteur fort de l'économie nationale. On ne comprend pas. J'ai du mal à me faire entendre. Mais ces derniers temps, j'ai porté ma voix dans tous les médias nationaux. Il y a quinze jours, le cabinet de François Baroin (ministre du Budget, Ndlr) m'a contacté. Leur idée de départ était d'augmenter la TVA de beaucoup plus qu'un point et demi ! Nous avons freiné leurs ambitions. À moins d'un an des élections, je leur ai rappelé que les artisans sont nombreux en France. Quant à l'alignement de la TVA sur l'Allemagne, annoncé par le président de la République, je n'ai pas manqué de leur rappeler que la TVA française est de 19,6 % contre 19 % en Allemagne. J'ai également rencontré Frédéric Lefebvre (secrétaire d'État chargé du Commerce, de l'Artisanat, des PME, Ndlr) que j'ai interpellé sur le statut d'auto-entrepreneur. Je lui ai soumis une obligation, pour les auto-entrepreneurs et pour les entreprises de droit commun, d'indiquer sur les devis l'assurance en décennale, en biennale, en responsabilité civile. Cela éviterait les fraudes et la concurrence déloyale. Si les auto-etrepreneurs ont l'obligation d'avoir une assurance, aucun contrôle n'est fait. Une réunion se déroulera mercredi à ce sujet. Par ailleurs, nous éditons un livre blanc abordant tous les sujets problématiques de nos métiers : Baisse dess charges, TVA social, les 35h, les retraites, les matières premières... La sortie de ce livre blanc est prévue dans les quinze jours à venir.


Propos recueillis par Ysis Percq

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Légende : Patrick Liebus, président national de la Capeb
Crédit photo : Ysis Percq


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