« Le modèle de l'homme providentiel a vécu »

350 décideurs sont attendus à La Tribune Women's Awards by Objectif Languedoc-Roussillon, qui aura lieu le 5 juin au Domaine Verchant, à Montpellier. La marraine de l'événement, Florence Parly, appelle à rester attentif à la visibilité des femmes dans l'entreprise.

La promotion des femmes dans les entreprises reste une problématique majeure. Comment l'avez-vous intégrée dans votre pratique professionnelle, en tant que directrice générale adjointe activité Passage Orly & Escales France à Air France?
Florence Parly : Je m'appuie sur le plus grand nombre de femmes possible au sein d'Air France, où depuis six ans je dirige une business unit en charge du réseau des lignes intérieures. Avec cinq femmes et quatre hommes, je suis même légèrement au-dessus de la moyenne. C'est une façon de mettre en avant ces profils pour booster leur carrière, car ils sont placés en situation de visibilité. Les femmes sont, dés lors, plus en capacité d'être promues, car elles n'ont pas moins de qualité que les hommes... même si parfois elles sont peut-être plus discrètes. De même, l'autorité par le leadership n'est pas quelque chose de féminin. Dans ma pratique quotidienne, sur le volet management, j'essaie de convaincre, de renouer le dialogue quand je sens un peu de flottement. Les salariés ont souvent de bonnes raisons d'émettre des signaux d'alerte. Il faut en tenir compte pour repartir de bon pied tout en gardant son équipe derrière soi. C'est ça le rôle d'un dirigeant. Même en politique, le modèle de l'homme providentiel a vécu.

Le problème n'est donc pas résolu, sur le fond ?

Florence Parly : Non, je constate qu'il y a toujours un problème général de représentation des femmes à des postes de responsabilité. Elles représentent 46 % des salariés du secteur privé, mais seulement un cinquième des postes des cadres dirigeants de ce secteur privé. C'est un décalage massif. Le problème n'est pas que l'on manque de vivier. Mais les femmes se raréfient de façon spectaculaire quand on monte dans les hiérarchies. J'ai eu la chance, à titre personnel, de passer par un concours de la fonction publique. C'est un système qui génère un fort écrémage en amont, ce qui se traduit plutôt par moins de femmes. Sauf à l'entrée de l'ENA, où des mesures ont été prises pour corriger ceci. C'est la condition sine qua non pour renverser cette évolution. Pour avoir pu comparer la situation des femmes dans les entreprises et dans la fonction publique, je peux dire que cette dernière s'avère peut-être plus accueillante, notamment sur des éléments clef tels que les congés maternité ou les systèmes de bonus. Sur ces points, les entreprises doivent encore progresser.

Vous êtes en poste au sein d'un groupe d'envergure internationale. Quel message voulez-vous faire passer aux acteurs économiques de la région à l'occasion de La Tribune Women's Awards by Objectif Languedoc-Roussillon ?
Florence Parly : Les TPE et les PME sont le nerf de la guerre dans l'économie actuelle. Depuis quarante ans, la France s'est beaucoup appuyée sur ses grands groupes pour réussir le virage de la mondialisation. Ceux-ci réalisent désormais leur activité en majorité hors de France. C'est heureux, mais ce n'est pas ce qui, aujourd'hui, créera de la croissance et donc de l'emploi dans ce pays. L'économie dépend donc, à mon sens, des tissus régionaux. Les Conseils régionaux ont beaucoup œuvré à mettre en place des outils facilitant la création ou l'implantation des PME, et leur croissance. Il nous manque encore les moyens de les faire éclore pour se lancer plus efficacement, avec moins de risque, à l'international. Je siège au comité d'engagement de bpifrance, qui est là pour répondre à ça ! Nous venons de créer un fonds pour aider les PME à franchir cette problématique de taille critique, notamment à l'export.

Propos recueillis par Anthony Rey


Tout savoir sur l'événement

Voir également :
La vidéo de La Tribune Women's Awards by Objectif Languedoc-Roussillon, en mai 2013

Crédit photo : Air France

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