Béziers sous tension politique et médiatique

C'est la semaine décisive avant le 1er tour des municipales. À Béziers, la situation politique est plus tendue que jamais. À Montpellier, le débat reste centré sur l'action économique, par exemple sur l'action en soutien du bâtiment face à la crise. À Mende (48), c'est presque le même débat, plus feutré.  

Béziers sous tension politique et médiatique
Béziers devrait logiquement décrocher le Sept d'Or de la ville la plus médiatisée, et de loin, pour cette campagne électorale. Depuis six mois, tous les médias ont arpenté les allées Paul Riquet désertes en hiver et le centre-ville laissé à l'abandon commercial. Béziers, ville en sérieuse difficulté économique, comme beaucoup d'autres, est devenue le meilleur spot 2014 pour les sociétés de sondage : au moins six publiés en six mois, dont deux la semaine dernière, pour évaluer le risque que la deuxième ville de l'Hérault puisse être dirigée par Robert Ménard, candidat soutenu par le Rassemblement Bleu Marine. La dernière enquête en date fixe une nouvelle hiérarchie de premier tour. L'ancien journaliste est annoncé en tête (38 %) devant l'UMP Elie Aboud (35 %), alors que gauche est distancée, avec Jean-Michel Du Plaa (PS-EELV) à 22 % et Aimé Couquet du Front de Gauche à 7 %. Au deuxième tour, Elie Aboud est donné une nouvelle fois gagnant mais avec seulement un point d'avance. « Ce sondage, cette dynamique sont la traduction du rejet de l'équipe Aboud-Couderc », estime Robert Ménard. Elie Aboud répond : « Ce sondage qui n'est qu'une photographie à un moment donné, c'est un surcroit de motivation pour moi et pour mes équipes. Pour nous, la vraie campagne commence aujourd'hui (vendredi dernier, NDLR) car, on le sait bien, la dernière semaine est capitale dans une élection. » De son côté, Jean-Michel Du Plaa espère encore jouer la carte du troisième tiers en intégrant le Front de Gauche au deuxième tour. Il explique : « La clef de ce scrutin est dans la poche des abstentionnistes et des indécis qui, dans ces sondages, sont beaucoup plus nombreux à gauche. En fait, Robert Ménard n'a fait que récupérer les voix FN que Nicolas Sarkozy avait siphonnées. » Enfin, Aimé Couquet (FG) écarte la perspective d'un Front républicain si le FN était en situation de l'emporter au soir du 23 mars : « Les gens sont hésitants, mécontents à la fois de la municipalité et de ce gouvernement de gauche. Mais le FN ne bénéficie d'aucune réserve en voix pour le second tour. »

Mende : partie de campagne feutrée
La ville de Mende (12 163 habitants) est en campagne mais sans le feu des projecteurs. Faute de candidat du Front National, trois listes seulement sont en lice. Les candidats débattent sur des questions de développement économique, de construction d'un espace évènementiel et de traitement social. Alain Bertrand, sénateur-maire sortant, qui avait succédé au centriste Jean-Jacques Delmas en 2008, défend son bilan (65 M€ investis en six ans), son projet d'espace Georges Frêche (centre de congrès à 7,5 M€) et sa vision de la ville, appuyée sur le développement économique, en promettant Mende à plus de 17 000 habitants. « Pour cela nous avons mis tous les fers au feu », explique-t-il après avoir reconduit un accord politique avec le Modem (Régine Bourgade) à la tête d'une liste renouvelée à 60 %. Sur le chemin de sa réélection, il trouve Ginette Brunel, élue d'opposition, ancienne adjointe à l'urbanisme et aux transports de Jean-Jacques Delmas. Elle conduit « 100 % Mende », liste étiquetée divers droite avec le soutien de Jean-Paul Pourquier, le président UMP du Conseil général de Lozère, et de Pierre Morel-à-L'Huissier, député UMP de Lozère. « Depuis l'arrivée d'Alain Bertrand aux affaires, la ville a perdu des habitants. C'est directement lié à sa politique économique », explique l'opposante en s'interrogeant sur l'utilité d'un engagement financier aussi important dans l'espace évènementiel. « Cela aurait coûté beaucoup moins cher de lancer un grand programme de rénovation des différentes salles et équipements qui existent à Mende », estime Patrick Alloux, le troisième candidat (Front de Gauche), qui défend une ligne sociale et solidaire de gestion municipale. Alain Bertrand a déjà fait savoir qu'il n'envisageait pas de fusion des deux listes de gauche pour le deuxième tour. Si toutefois deuxième tour il y a.

Front national : les épines de la campagne
Au-delà des promesses électorales réelles, cette campagne n'est pas un long fleuve tranquille pour le Rassemblement Bleu Marine. À Saint-Gilles (30), le député Gilbert Collard, donné comme favori, a dû refaire une nouvelle fois le casting de son staff après s'être séparé de son directeur de campagne Alfred Mauro. Ce dernier prétend qu'il a démissionné de lui-même et menace le député d'une action en justice. En février dernier, Philippe Asencio, lui aussi directeur de campagne, avait claqué la porte de l'équipe de Gilbert Collard avec éclats de voix. Au Grau du Roi (30), le dépôt des listes a permis d'entériner une sorte de primaire sauvage entre Bernard Luciani (aujourd'hui DVD), qui disposait de l'investiture Rassemblement Bleu Marine jusqu'en septembre dernier, avant qu'elle ne soit finalement accordée à Yvette Flaugères. C'est la guerre électorale pour s'approprier le précieux pactole électoral de Gilbert Collard aux législatives de 2012. Les frontistes sont confrontés à Léopold Rosso, premier adjoint sortant (UMP-UDI-Modem) et Robert Crauste (PS). À Agde (34), des colistiers d'Alain Lebaude, investi par le Front National, souhaitent quitter la barque Bleu Marine mais ils ne pourront pas le faire avant le premier tour puisque la liste officielle a été déposée en préfecture. Pour régler le différend, il reste la solution du replâtrage éventuel entre les deux tours en cas de fusion avec une autre liste. Dans cette commune de 16 000 habitants, Gilles d'Ettore, le maire sortant (UMP), est notamment opposé à Fabrice Mur (DVG, soutenu par le Parti socialiste). À Bessan (34), c'est une colistière FN, actrice de films porno, qui crée le buzz... et le trouble électoral.


Le débat de la Fédération de l'Hérault du Bâtiment avec Jaques Domergue, Jean Pierre Moure et Philippe Saurel
Avec des nuances, Jacques Domergue (UMP-Modem), Jean-Pierre Moure (PS-EELV) et Philippe Saurel (DVG) se sont pratiquement entendus sur l'absolue nécessité de modifier les interventions des collectivités, lors de ce débat organisé à Montpellier le 10 mars. Il s'agit de mettre en place un système cohérent pour que les marchés pilotés par les collectivités (Ville et Agglomération) puissent générer localement de la richesse et des emplois. Devant près de 500 personnes, à l'invitation de la FFB de l'Hérault, présidé par Patrick Cecotti, ils ont ensemble exploré les différentes options légales pour rétablir un plus juste équilibre économique et social alors que les entreprises locales du bâtiment sont déstabilisées. Le débat s'est notamment focalisé sur les détachements de main d'œuvre communautaire qui permettent à des entreprises sous-traitantes étrangères de proposer des prestations à des prix incompatibles avec le niveau des charges et des salaires, et donc avec le respect des règlements sociaux français.

  • → Pour Jean-Pierre Moure, le candidat socialiste, tout commence par la rédaction de l'appel d'offre : « Les allotissements dans les marchés publics doivent être revus afin que les entreprises locales soient le mieux à même d'y répondre. Pour l'instant, 61 % des investissements de l'Agglomération de Montpellier sont alloués à des entreprises locales. Nous devons aussi favoriser le regroupement des entreprises. » Jean-Pierre Moure a annoncé la mise en chantier de 5 000 logements dont 40 % d'appartements sociaux. Il a réaffirmé sa volonté d'opérer une révision des bases d'imposition des taxes foncières et d'habitation. « Pour établir une nouvelle justice d'imposition. C'est du ressort de la commission communale », explique-t-il mettant en avant le foncier encore disponible dans l'agglomération pour accueillir de nouveaux programmes.
  • → Pour Philippe Saurel, il s'agit avant tout avant d'intensifier les contrôles : « Si je suis élu maire, j'accentuerai les contrôles sur les chantiers. Il faut introduire une charte de qualité dans toutes les consultations publiques que les maîtres d'œuvres devront signer. Il conviendra d'assurer le suivi de l'application de ces clauses sociales. La législation ne nous donne pas la capacité de donner l'avantage à des entreprises locales mais elle nous permet de travailler sur l'allotissement. Surtout, il faut réparer la ville. C'est un vrai projet de renouvellement urbain. » Philippe Saurel, par ailleurs, souhaite repousser dans le temps les grands investissements.
  • Jacques Domergue, candidat UMP, a fait exactement le même constat : « Je partage cette volonté de changer cette situation qui participe à la perte de nos emplois. Le tâcheronnage et le détachement de main d'œuvre sont des fléaux économiques et sociaux. Aujourd'hui, le donneur d'ordre doit avoir une responsabilité directe et signer une charte. Des clauses spécifiques doivent être introduites dans les marchés publics. Lorsque la collectivité est caution d'un projet immobilier, elle doit aussi avoir un droit de regard sur ce qui se passe sur ces chantiers. C'est possible. Ici à Montpellier, la création d'emplois passe par le bâtiment. »

Christian Goutorbe

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