Computacenter : viendra, viendra pas ?

Computacenter va-t-il réellement s'installer à Pérols et créer 290 emplois d'ici 2016 ? Alors que 233 salariés sont touchés par un plan de sauvegarde de l'emploi au siège du groupe, l'État, qui doit accorder 900 000 € de prime d'aménagement du territoire, pourrait renoncer. Et avec lui l'Agglo et la Région.

Le cadeau pourrait bien être empoisonné. Computacenter, qui devait prendre à bail 5 000 des 9 700 m2 du programme tertiaire Le Liner à Pérols pour y ouvrir une centrale de services avec hotline internationale, et créer 290 emplois d'ici 2016 sur l'agglomération montpelliéraine, ne sera peut-être pas « le nouvel IBM régional ».

Révélée par le président sortant de l'Agglomération, Jean-Pierre Moure, entre les deux tours des municipales, et divulguée par La Lettre M le 27 mars, l'arrivée de cette SSII britannique spécialisée dans l'informatique pour les entreprises (13 000 salariés, CA 2013 : 3,7 Mds €) a fait sensation. Après vérification, les plus gros doutes planent sur cette implantation, qui s'inscrit dans un climat de crise sociale aggravée, sur fonds de grèves nationales (les 3 et 12 juin derniers), avec 233 postes menacés au siège de la filiale française du groupe à Roissy, et plusieurs fermetures d'agences annoncées en province.

Le premier donneur d'alerte a été la Dirrecte Île-de-France, qui a retoqué mi-juillet la demande d'homologation du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Une décision rare, motivée pour « manquement à la législation », confie une source à la Direccte. « On ne peut pas supprimer des emplois à Paris et en province et recruter du personnel sur Montpellier, avant même d'avoir lancé le processus de reclassement interne prévu dans le cadre du PSE », avance un syndicaliste. Contactée à maintes reprises par la rédaction, la direction du groupe n'a fourni aucun commentaire.

Dans tous les cas, la procédure de recrutement est en cours à Montpellier, où 24 salariés occupent, depuis le 27 juin, 500 m2 de bureaux dans les murs de l'ancienne mairie, loués à la Ville.

« Théoriquement, 164 postes sont ouverts au recrutement sur l'ensemble du groupe, confie un représentant du personnel. Mais on sait déjà qu'il y a des profils qu'on n'a pas, ce qui obligera à des recrutements extérieurs. Dans le meilleur cas, seuls une quarantaine de postes seraient sauvés. »

Alors qu'une procédure partielle pour correction du PSE est en cours (elle rendra sa décision mi-septembre), la Région et l'Agglo, qui devaient subventionner cette implantation à hauteur de 250 000 € chacune, gardent le silence le plus circonspect sur ce dossier. « Tout est suspendu à la décision de l'État, le 2 octobre. Alors seulement, on décidera s'y on y va, ou pas », confie une source à l'Agglo.

Effet de dominos : l'État, qui le 19 juin a reporté sa décision au 2 octobre, pourrait bien retacler ce dossier, jugé trop scabreux. « Nous n'attriburons pas la prime d'aménagement du territoire (PAT) en l'absence de clarifications quant au PSE », affirme David Tacail, secrétaire général adjoint à la Comission interministérielle d'aide à la localisation des activités (CIALA) chargée de déterminer l'éligibilité du projet.

« Il est hors de question que l'État subventionne de la suppression d'emplois. Computacenter, depuis l'instruction du dossier le 30 avril, n'a pas été en mesure de fournir clairement la balance entre les créations et les suppressions de poste. C'est la clarté et seulement la clarté qui conditionnera la décision d'octroi du PAT, le 2 octobre prochain. Je ne veux pas insulter l'avenir, mais en l'état, le dossier Computacenter est planté ».

Une situation complexe, qui fait craindre le pire aux salariés de Computacenter.

« La direction laisse entendre que si le PSE est retoqué une 2e fois, la fermeture de la filiale France pourrait être envisagée, confie un représentant du personnel. Info ou intox ? « On ne sait pas, mais des bruits courent selon lesquels les actionnaires en auraient marre et menaceraient de lâcher la France. Alors, comment un centre à Montpellier pourrait-il vivre ? Dirigé par qui ? De l'Angleterre ? Il ne faudrait pas que Computacenter profite de fonds publics pour ensuite fermer sa filiale France... »

Légende : des manifestants au siège de Computacenter, à Roissy
Crédit photo : DR

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