Dix mutuelles de Languedoc Mutualité font sécession

Sous l'impulsion de Max Hermet, dix des 28 mutuelles de Languedoc Mutualité vont quitter la mutuelle réassurante Eovi au profit des Mutuelles du Soleil. Un dossier géré prudemment par le nouveau président de Languedoc Mutualité, François Rio.

Pour bien comprendre les enjeux de cette sécession de dix des 28 mutuelles de Languedoc Mutualité, il faut se plonger dans le fonctionnement complexe de la mutualité sans se noyer juridiquement.

Les 28 petites mutuelles qui composent Languedoc Mutualité-Union des Mutuelles Santé (UMS), c'est à dire la branche « assurance » du groupe, ont fondé, avec d'autres mutuelles régionales, un nouveau groupement, Eovi Mutuelle.

« En 2011, l'UMS a voté, à la majorité qualifiée, son intégration totale au sein d'Eovi Mutuelle à compter du 1er janvier 2012 », explique François Rio, président de Languedoc Mutualité depuis le 13 octobre dernier.

Comprendre donc que les conventions de substitution avec l'UMS ont été transférées chez Eovi Mutuelle qui assure désormais le risque en qualité de mutuelle réassurante.

« On y perd un peu en identité, certes, mais selon moi, on gagne en sécurité », ajoute François Rio.

Ce qui n'est pas l'avis de Max Hermet, ancien vice-président de Languedoc Mutualité et président de la petite mutuelle La Vendarguoise, à la tête du mouvement sécessionniste :

« Les conditions de réassurance ne nous allaient pas... Eovi Mutuelle gère notre portefeuille d'adhérents et peut les démarcher. Pour nous, c'est signer notre disparition à terme ! Nous préférons partir avec une mutuelle garante qui nous assure de meilleurs tarifs et permettra la réaffectation d'adhérents via ses agences en fonction de leur situation géographique ».

En effet, les Mutuelles du Soleil ont annoncé, le 5 novembre dernier, l'ouverture d'une agence à Lunel, première agence dans l'Hérault qui devrait être suivie d'autres ouvertures à Montpellier, Ganges et Marsillargues.

« Nous avons une volonté de développement régional et nous souhaitons créer une continuité géographique, déclare Michel Mallet, directeur général des Mutuelles du Soleil.

Ce dernier rappelle que le groupe compte à ce jour 24 agences, 200 salariés et 283 000 assurés (en PACA, Languedoc-Roussillon et Corse) pour sa branche « assurance », mais aussi 180 salariés, une clinique, six magasins d'optiques, trois services de soins infirmiers à domicile et deux centres locaux d'information et de coordination gérontologique pour sa branche « établissements de soins ».

Les 10 mutuelles concernées ne quittent pas pour autant le groupe Languedoc Mutualité, mais dans la pratique, l'affaire semble compliquée.

« Ces 10 mutuelles sécessionnistes continuent à assurer la base démocratique des autres unions de Languedoc Mutualité pour sa « branche établissements de soin » en étant présentes au sein des conseils d'administration des différentes unions, explique François Rio. Mais les Mutuelles du Soleil vont-elles s'impliquer dans un groupe d'établissements de soins lié à Eovi Mutuelle, qui est leur plus gros concurrent ? J'en doute... Alors qu'il y a des liens évidents, presque mécaniques, entre le groupe Languedoc Mutualité et Eovi Mutuelle, qui va par exemple consacrer 1 € par adhérent au développement de nouvelles offres de soins, et au-delà, nous accompagner dans la modernisation de la clinique Beausoleil. »

Autre point de vue du côté de Max Hermet : « Il s'agit de maintenir notre indépendance vis à vis d'Eovi dans la gestion des établissements de soin. Ce multi-partenariat est plus une force qu'une faiblesse, notamment sur le plan financier pour les prochains investissements de Languedoc Mutualité. On ne met pas tous nos œufs dans le même panier... »

La démarche concerne 12 000 adhérents environ (sur un total de 40 000 dans les 28 mutuelles du groupe), pour lesquels l'opération devrait être transparente.

« Cette reprise en substitution ne va rien changer pour les adhérents car Les Mutuelles du Soleil ont obligations de reprendre les conventions à l'identique de ce que proposait Eovi », assure Max Hermet.

Néanmoins, et même si la reprise en substitution a été votée le 26 octobre dernier par Les Mutuelles du Soleil pour une reprise au 1er janvier 2013, c'est l'Autorité de Contrôle Prudentiel qui validera ou non le transfert, avec une décision qui, normalement, peut prendre entre deux et trois mois.

Une démarche qui démontre que le climat n'est pas tout à fait apaisé au sein de Languedoc Mutualité, chahutée en 2011 par une lutte de pouvoir à la tête du groupe.

« Certes, mais nous avons fait preuve d'une capacité à respecter les différentes sensibilités, répond François Rio. Nous nous voyons régulièrement avec Max Hermet et sommes d'accord sur une gestion apaisée des situations délicates. L'intérêt général a été remis devant... Eovi Mutuelle et les Mutuelles du Soleil sont concurrentes, et le Groupe Languedoc Mutualité pourra difficilement être associé à la fois à l'un et l'autre. Ce sera au nouveau Conseil d'Administration de gérer cette difficulté et de trouver un dispositif adapté, si possible consensuel : plusieurs pistes seront étudiées au 1er trimestre 2013. »

Cette fois-ci, même son de cloche chez Max Hermet : « On fait passer l'intérêt de Languedoc Mutualité avant celui des personnes ».

Cécile Chaigneau

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Légende : Max Hermet
Crédit Photo : Groupe Languedoc Mutualité

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