Le Premier ministre sous pavillon français à Montpellier

Les Assises de l'Économie de la mer, les 3 et 4 décembre au Corum de Montpellier, ont accueilli trois ministres, dont le premier d'entre eux, Jean-Marc Ayrault. Ce dernier a fixé les objectifs d'une nouvelle stratégie générale sur l'économie maritime : 10 % du marché mondial.


Accès bloqués, compagnie entière (et très visible) de gendarmes mobiles. Les abords du Corum à Montpellier étaient particulièrement chargés en ce premier jour des Assises de l'Économie de la mer et du littoral, organisées par l'hebdomadaire Le Marin (du groupe Ouest-France) et le quotidien Les Échos, du fait de la présence de trois ministres : le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le ministre délégué aux Transports, à la mer et à la pêche, Frédéric Cuvillier, ainsi que le ministre des Outre-Mer, Victorin Lurel.

« Montpellier n'a pas été choisi au hasard, cette région, tournée vers la mer non plus, lance Jean-Marc Ayrault en préambule. Je sais que certains secteurs traversent une situation difficile et je mesure la contrainte de la compétition internationale. Mais je sais aussi que les perspectives de développement sont considérables. Le secteur maritime français représente aujourd'hui 310 000 emplois directs, hors tourisme, et 52 Mds € en valeur de production. C'est aussi une des chances de redressement économique de la France. »

Le Premier ministre rappelle que l'économie maritime représente un volume d'affaires mondial de 1 100 Mds €. Dont 150 Mds réalisés dans secteurs qui n'existaient pas il y a dix ans : les hydrocarbure offshore profonds, les minerais, le dessalement, les algues, les énergies marines et les services associés.

« L'objectif que nous pouvons nous fixer est de conquérir 10 % de ces nouveaux marchés pour dégager un chiffre d'affaires supplémentaire de l'ordre de 50 Mds €, c'est-à-dire un quasi-doublement du chiffre d'affaires actuel avec les conséquences positives que l'on peut imaginer en termes d'emplois, affirme le chef du gouvernement. Pour cela, nous avons un formidable défi collectif, celui de la compétitivité, car tout ne dépend pas que de l'État et de la puissance publique. »

Une « stratégie gagnante » que le Premier ministre décline sur plusieurs chapitres, le premier étant la compétition pour les ressources au sein des espaces maritimes.

« La France a accumulé du retard... La première étape est de remettre à plat le droit relatif aux espaces maritimes, peu lisible, et qui ne fournit pas à nos opérateurs le cadre simple et stable dont ils ont besoin », déclare-t-il avant d'annoncer une ordonnance pour 2014, dont l'objectif est la mise en conformité de la législation avec la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

Concernés en premier lieu : les grands fonds marins, « formidable gisement de ressources minérales [dont les] perspectives de développement économique sont majeures ». Le Comité Interministériel de la Mer (CIMer), réuni lundi 2 décembre à Paris, a validé pour les cinq prochaines années un programme national d'accès aux grands fonds marins.

« Au-delà, la France doit aussi retrouver sa place en termes d'échanges, ajoute le ministre. 80 % du commerce mondial se fait sur mer. C'est l'avenir de notre marine marchande qui est en jeu, et à travers elle celui de nos ports et de notre construction navale. »

Autre annonce de taille : la décision du gouvernement d'autoriser le recours aux équipes privées de protection des navires en complément des missions assurées par la Marine nationale, afin de lutter contre la piraterie maritime, « menace majeure pour les armateurs ».

Le Premier ministre affiche également la volonté du gouvernement d'adapter la loi de 1992 relative aux approvisionnements pétroliers : « L'enjeu aujourd'hui, c'est d'obliger ceux qui importent des produits pétroliers en France à le faire au moins en partie sous pavillon français... »

Une stratégie nationale de relance portuaire a été lancée en mai dernier :

« À travers le renouvellement de notre flotte, c'est l'avenir de nos ports et de nos activités industrielles portuaires qui se joue... La priorité sera d'améliorer la desserte intermodale de nos infrastructures portuaires. Dès 2014, il faudra jeter les bases d'une politique d'investissement dans le cadre d'un plan État-Régions. »

Par ailleurs, Jean-Marc Ayrault annonce une nouvelle étape sur la question de la gouvernance portuaire, avec le projet d'y associer plus avant les structures intercommunales. Un bilan et une concertation devraient être lancés.

Enfin, concernant le secteur de la pêche, « secteur de premier rang » (24 000 marins embarqués, sans compter la transformation des produits de la mer), le Premier ministre réaffirme l'importance de « définir les conditions d'un bon équilibre en pêche et préservation des ressources halieutiques... Je souhaite que les discussions à Bruxelles puissent avancer rapidement, notamment sur le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, qui doit accompagner financièrement la réforme de la politique commune des pêches. »

Cécile Chaigneau

Légende : Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, lors de la 1ère journée des Assises de l'économie de la mer et du littoral à Montpellier, le 3 décembre.
Crédit photo : Édouard Hannoteaux

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Économie de la mer : les 9es Assises nationales à Montpellier



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