Midi Libre s'apprête à changer de mains

Le 28 août, la Dépêche du Midi, Centre France et Sud-Ouest ont annoncé l'ouverture de négociations exclusives pour une prise de participation au capital du groupe Midi Libre. L'architecte François Fontès ne serait que partenaire associé.

Un vaste mouvement de rapprochement dans la presse régionale quotidienne est sur le point de s'opérer et d'en modifier le paysage : selon un communiqué de presse commun, envoyé jeudi 28 août par les trois groupes de presse Sud-Ouest, La Dépêche du Midi et Centre France, des négociations exclusives viennent de s'ouvrir pour une prise de participation au capital du groupe Midi Libre.

Le pôle des Journaux du Midi est éditeur de quatre quotidiens (Midi Libre, L'Indépendant, Centre Presse et Direct Montpellier). Il avait été racheté par le groupe Sud-Ouest (331 M€ de chiffre d'affaires consolidé en 2013) en 2007 pour 92 M€.

« À l'issue de cette opération, le groupe La Dépêche du Midi, présidé par Jean-Michel Baylet (président du Parti Radical de Gauche et président du Conseil général du Tarn-et-Garonne - NDLR) deviendrait l'opérateur du groupe Midi Libre en qualité de premier actionnaire, tandis que le groupe Centre France et des investisseurs locaux seraient partenaires associés à cette opération, annonce le communiqué de presse. De son côté, le groupe Sud-Ouest resterait actionnaire significatif du groupe Midi Libre à hauteur de 33,4 %. »

L'information n'est pas confirmée par les groupes de presse, mais le montant de la transaction pourrait s'élever à 30 M€, Jean-Michel Baylet ayant déclaré, de source syndicale, qu'il ne mettrait pas plus de 15 M€.

L'architecte montpelliérain François Fontès, annoncé il y a quelques mois comme investisseur potentiel mais que nous n'avons pas pu joindre, ferait encore partie de ce pool d'actionnaires extérieurs. Tout comme, vraisemblablement, Louis Nicollin.

« Nous avons signé un protocole d'accord avec La Dépêche du Midi et Centre France, qui sont donc nos seuls interlocuteurs, indique le président du directoire du groupe Sud-Ouest, Olivier Gérolami, à Objectif Languedoc-Roussillon. Ce sont eux qui vont compléter le tour de table avec des investisseurs régionaux et locaux qui seront des partenaires associés. »

Si la transaction aboutit, cette prise de contrôle du groupe Dépêche du Midi donnera naissance à un poids lourd de la PQR de l'Atlantique à la Méditerranée, couvrant deux régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon pour un total de 14 départements (en incluant le Lot-et-Garonne, en Aquitaine). Un périmètre d'influence qui couvrirait très exactement la nouvelle région qui se dessine derrière la réforme territoriale...

Et pose la question d'une hyper-concentration de la presse, corrélée à la crainte d'une atteinte au pluralisme de l'information et à l'indépendance des rédactions, et d'une diminution des effectifs.

En effet, le rapprochement se confrontera à des zones de diffusion communes comme Narbonne, Carcassonne, Millau, Rodez.

« À ce stade, nous avons signé une lettre d'intention pour entrer en négociations, et nous ne sommes du tout dans une phase de déploiement opérationnel, qui arrivera plus tard, répond Olivier Gérolami. La période qui s'ouvre va permettre aux investisseurs d'affiner leur projet opérationnel. »

Du côté du syndicat SNJ, on redoute également que le nouvel ensemble soit l'occasion de remettre en cause les accords en cours et les conventions collectives du fait de « grilles de salaires trop astreignantes ». Et que le rapprochement s'accompagne d'une mutualisation des moyens à marche forcée, et notamment « impose une rédaction générale pour tous les titres ».

Les enjeux sont de taille pour ces groupes de presse qui subissent de plein fouet la crise et les aléas d'une mutation digitale aux multiples inconnues. Pour le groupe Sud-Ouest, un accès à des financements facilité par la présence d'un groupe soutenu par les banques (La Dépêche du Midi). Pour le groupe toulousain, une redynamisation de sa stratégie de diversification.

« Jean-Michel Baylet va ainsi se donner huit à dix ans d'oxygène en retrouvant de l'activité au niveau de certains produits dérivés ou filiales comme l'événementiel, le numérique ou la promotion qui ne fonctionnaient pas bien car l'accès à la Méditerranée était coupé, affirme une source syndicale. Quant aux imprimeries, elles peuvent être complémentaires, celle de Midi Libre permettant d'accrocher des clients qui ne voulaient pas venir à Toulouse. » La même logique est exprimée concernant la régie publicitaire du groupe toulousain.

La transaction devrait se conclure d'ici la fin 2014, ont annoncé les acteurs de l'opération.


MAJ du 1er septembre - Plusieurs partenaires contactés pour Midi Libre

« C'est moi qui suis en discussion avec Jean-Michel Baylet et ses équipes, mais on va se réunir avec l'ensemble des gens de la région qui se sont manifestés comme étant intéressés, déclare François Fontès. Il faut que leur engagement corresponde à nos objectifs de maintien de ce journal qui est un organe de presse essentiel qu'il serait dommage de voir disparaître. Un certain nombre se sont déjà manifestés mais il est prématuré que je dévoile leur nom... Mon engagement dans cette opération est tout à fait désintéressé. Mais il est évident que sur les questions de ligne éditoriale, nous avons des désirs et même des exigences. Nous serons les garants d'un certains nombre de choses. »

Cécile Chaigneau

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Légende : Le siège de Midi Libre, à Saint-Jean-de-Védas (34).
Crédit photo : Edouard Hannoteaux

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