Au terme d'un processus de recrutement engagé fin 2011, Philippe Nérin a été officiellement choisi le 1er août 2012 pour présider AxLR, l'une des cinq SATT créées dans le cadre des Investissements d'Avenir. Sélectionné parmi 300 candidats, ce scientifique âgé de 44 ans a été ingénieur spécialisé dans l'aérospatiale au sein d'Alcatel Space, à Cannes, entre 1990 et 1993, puis chercheur au Laboratoire d'électronique des technologies de l'information (CEA) à Grenoble entre 1993 et 1996, il a participé activement au développement de l'entreprise Fogale Nanotech à Nîmes (30), qu'il a co-dirigé entre 1996 et 2003. Il pilotait le service recherche et innovation d'Horiba Medical, à Montpellier, depuis 2003.

Quels objectifs avez-vous fixé à AxLR ?
Philippe Nérin : Nous avons pour mission de financer la maturation des projets issus des laboratoires et de l'enseignement supérieur. En nous rapprochant des équipes de recherche actives en Languedoc-Roussillon, soit 5 000 chercheurs, nous allons évaluer le potentiel de développement économique des projets pour l'industrie régionale et nationale. Forts d'une dotation de 45 M€ en capital, nous les financerons pour les porter du stade préliminaire à celui de prototypes ou de démonstrateurs technologiques. Il existe une centaine d'UMR en région où AxLR aura, ainsi, la priorité. Par rapport aux autres SATT, la spécificité du Languedoc-Roussillon est d'être la région la plus pluridisciplinaire, à l'image de notre actionnariat*. J'ai déjà identifié une trentaine de projets, dans divers secteurs tels que les énergies renouvelables, le médicament, la chimie, la science des matériaux, les capteurs... Nous en sélectionnerons entre 10 et 15 par an.

Comment travaillerez-vous avec les structures régionales déjà actives en terme de transfert de technologies ?
Philippe Nérin : AxLR devra collaborer avec elles. Nous allons capitaliser sur ce qui a déjà été fait au sein des pôles de compétitivité et de Transferts LR. Le Conseil régional est impliqué depuis longtemps dans le transfert de technologies. L'idée d'AxLR n'était pas de créer une structure en compétition avec lui. Chacun a son métier. Transferts LR mène une mission beaucoup plus forte auprès des entreprises, ce qui est perceptible dans le nombre de dossiers que cette association traite chaque année. Il est peu probable que la SATT, qui interviendra plus en amont, travaille sur le même champs d'action. D'autant plus que Transferts LR accompagne des entreprises régionales, alors que la SATT a une vocation nationale et internationale. Je compte travailler avec les réseaux que j'ai développés depuis 20 ans, principalement dans les pays d'Europe de l'Est, aux États-Unis, et au Japon, où je me rendais plusieurs fois par an au titre de mes fonctions de dirigeant.

La recherche régionale ne pourra pas disposer d'un Idex (Initiative d'Excellence), pour lequel la candidature régionale a été rejetée en 2011, et surtout des budgets qui s'y rapportent. Cela vous pénalise-t-il ?
Philippe Nérin : Non, au sens où la perte de l'Idex a été largement compensée par le grand nombre de Labex (Laboratoires d'Excellence) et d'Équipex (Équipements d'Excellence) décrochés ensuite par les équipes régionales. Quand on fait le bilan, cela se chiffre à plusieurs millions alloués à la recherche et à l'innovation en Languedoc-Roussillon. Mais il faut sortir de cette vision consistant à ajouter de l'argent à l'argent. Cela ne suffit pas. Il faut d'abord avoir une forte capacité à rassembler les acteurs de la recherche, et à constituer une expertise industrielle. L'enjeu, c'est de trouver les grands projets structurants qui, dans dix ans, aideront à repositionner l'économie de la région et de la France.

Propos recueillis par Anthony Rey

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