Catalogne : après l'indépendance, l'incertitude

Par Aurélie Chamerois  |   |  396  mots
Le parlement a proclamé, vendredi 27 octobre, l’indépendance de la Catalogne. Madrid n’a mis que quelques heures à annoncer la mise sous tutelle immédiate de la région et la destitution de son président, Carles Puigdemont. Des élections anticipées sont convoquées le 21 décembre.

Peu avant 15h30, vendredi 27 octobre, les députés catalans votaient à bulletin secret, par crainte des poursuites judiciaires, la création d'une république catalane indépendante. Moins de cinq heures plus tard, et en vertu de l'article 155 de la constitution espagnole, le Premier ministre Mariano Rajoy annonçait la suspension de l'autonomie de la région, la destitution de l'ensemble du gouvernement catalan et des chefs de sa police, ainsi que la convocation d'élections anticipées au 21 décembre.

Si le président catalan, Carles Puigdemont, joue profil bas depuis les déclarations de Rajoy, les foules séparatistes se disent prêtes à entrer en résistance.

"Nous protègerons nos bâtiments et nos institutions s'il le faut, explique Dani, croisé lors de la grande fête organisée au soir du 27 octobre à Barcelone pour l'indépendance. Nous le ferons toujours de manière pacifique, mais nous ne savons pas si la police espagnole, elle, le sera."

Dans les rangs indépendantistes, on craint que cette indépendance ne dure pas plus que quelques heures, ou quelques jours, mais on veut encore y croire. "Cette déclaration d'indépendance est une étape importante, bientôt nous aurons notre État souverain et libéré de l'Espagne", poursuit Dani.

L'incertitude économique se poursuit

Après cinq semaines de crise et la fuite de plus de 1 500 entreprises, la situation catalane continue d'inquiéter. Peu après la déclaration d'indépendance, le groupe d'assurances Allianz a indiqué qu'il quittait la Catalogne pour trouver "un cadre juridique stable qui continue de permettre à l'entreprise de respecter ses engagements".

Les centres commerciaux auraient vu leur chiffre d'affaires baisser de 20% et les hôtels affirment que les réservations ont chuté de 30%. Le secteur économique, qui s'est toujours montré très inquiet, est atterré par la décision du parlement catalan.

"C'est irresponsable, lâche Lluis Mes, entrepreneur du secteur nocturne à Barcelone. Je ne sais pas où nous allons, mais je suis très inquiet par les tensions que cela peut engendrer dans la société mais aussi par une prochaine baisse du tourisme."

Samedi 28 octobre, la destitution du gouvernement catalan était publiée au Journal Officiel. Poursuivi pour rébellion, Carles Puigdemont a appelé, dans un communiqué publié dans la foulée, à "s'opposer démocratiquement" à cette décision, tout en promettant de continuer "à œuvrer pour construire un pays libre".