« Je vous sollicite pour connaître les intérêts financiers et activités de votre groupe en Russie, et s'ils existent ce que pourrait être leur devenir. Sur la période qui s'annonce, nous serons très vigilants aux interpellations de la Commission européenne et du Gouvernement français concernant la position vis à vis de la Russie des entreprises qui sont nos prestataires. Nous nous réservons, dans le strict respect des contrats qui nous lient, le droit d'initier un reflux total ou partiel de la commande publique lorsque certains groupes privilégieront leurs intérêts financiers à court terme à la paix en Europe. »
C'est par ces mots que Michaël Delafosse, maire (PS) de Montpellier et président de la métropole, interpelle une quinzaine de banques dans un courrier expédié le 28 mars dernier. Ce courrier a notamment été envoyé à la Société Générale, à BNP Paribas, au Crédit Mutuel, à Dexia Crédit Local ou encore à la Banque Européenne d'Investissement (BEI).
« Dire dans quel camp on est »
Alors que les entreprises françaises s'interrogent sur le retrait de leurs activités en Russie, l'édile montpelliérain affiche ainsi fermement sa volonté de ne faire aucune concession à ce qu'il considère comme une responsabilité majeure vis à vis de tout ce qui pourrait soutenir ou cautionner le conflit qui se joue en Ukraine aujourd'hui. A commencer par les banques qui décideraient de préserver leurs intérêts en Russie. En tant qu'élu de la République, confronté à des choix dans ses divers engagements, Michaël Delafosse se positionne : si les partenaires financiers de la Ville et de la Métropole décidaient de maintenir leur présence et leurs engagements actuels ou futurs en Russie, les deux collectivités se disent alors prêtes à réduire leurs liens avec eux.
« C'est un engagement symbolique pour dire de quel côté nous sommes, à savoir du côté des Ukrainiens, déclare Michaël Delafosse, contacté par La Tribune. La Ville et la Métropole de Montpellier ont mis en place tout un tas d'actions, comme l'organisation d'un convoi avec le CHU de Montpellier et la Région Occitanie, ou encore le vote de 100.000 euros d'aides. Cette guerre demande de dire dans quel camp on est. Aujourd'hui, des entreprises restent opérateurs en Russie et ça me choque ! Nous travaillons avec des banques qui financent nos prêts. Si j'apprends qu'elles continuent leur action en Russie, nous irons renégocier nos prêts dans d'autres banques. Et j'appelle d'autres collectivités à faire de même. »
La Société Générale et Rosbank
Parmi les banques auxquelles Michaël Delafosse a écrit, figure notamment la Société Générale, de loin la banque française la plus exposée à la Russie et qui, jusqu'à présent, a maintenu ses positions en tant qu'actionnaire majoritaire de Rosbank, poids lourd du secteur bancaire russe.
« La Société Générale peut continuer ses activités en Russie mais à Montpellier, on en tirera les conclusions et ça aura des conséquences, promet l'élu. Tout le monde a vu les images de Marioupol, les femmes et les enfants qui fuient l'Ukraine bombardée... A un moment, il faut faire preuve de responsabilité et se demander jusqu'où on veut gagner de l'argent et sur quels principes. »
L'élu a donné une quinzaine de jours aux banques pour lui répondre. Pour quelles marges de manœuvre juridiquement ? Michaël Delafosse l'assure : « Nous ferons jouer les clauses pour rembourser nos prêts et en négocier avec d'autres banques ».
Quitte à ce que ça coûte aux collectivités ?
« Les Montpelliérains seront heureux de se dire que c'est une forme d'aide que nous apporterons à l'Ukraine », assène l'élu.
Sujets les + commentés